Le 05/01/2022

Régularité : les confusions sur la motivation et la discipline #0304



L'un des problèmes c'est que la plupart des gens qui mettent en avant la discipline au profit de la motivation pour être régulier, ne pigent rien à ce que sont vraiment la motivation et la discipline.

Bonjour et bienvenue,

c'est Bertrand de la Fondation MAGister,

l'École des Héros du Monde Réel.

Pour le cinquième épisode de la série sur les habitudes.

À la fin du dernier épisode je vous parlais de l'importance sous-estimée de la motivation pour être régulier.

Les confusions sur la motivation et la discipline

En fait l'un des problèmes c'est que la plupart des gens qui mettent en avant la discipline au profit de la motivation ne pigent rien à ce que sont vraiment la motivation et la discipline.

Ils confondent la discipline avec un pouvoir qui nous pousse à faire certaines options, au lieu de le voir comme un pouvoir qui réduit les options disponibles,

ce qui comme je vous l'ai expliqué dans l'épisode précédent est une erreur.

Pour ce qui est de la motivation, ils la confondent avec quatre choses.

Ils la confondent :

1 / avec le confort de se mettre sur une tâche,

2 / avec l'envie de se mettre sur une tâche, 

3 / avec une inspiration de se mettre sur une tâche, une inspiration qui arrive quand on attend sans rien faire, 

et 4 / avec le fait d'être chaud pour faire une tâche.

...

Et donc quand ils disent que la motivation n'est pas nécessaire pour se mettre à la tâche ou pour avancer,

ils veulent en réalité dire que le confort, l'envie de s'y mettre, l'inspiration et le fait d'être chaud ne sont pas nécessaires pour se mettre à la tâche.

Et je suis d'accord avec ça, le confort, l'envie, l'inspiration et le fait d'être chaud pour cette tâche,

ne sont pas nécessaires pour démarrer une dynamique sur cette tâche.

Et c'est logique.

Je veux dire il faut bien démarrer quelque part.

Dire qu'être chaud n'est pas nécessaire pour démarrer une dynamique,

c'est comme de dire qu'être chaud n'est pas nécessaire pour s'échauffer.

Quand tu dis ça tu ne dis rien du tout.

...

Le confort, l'envie, l'inspiration et le fait d'être chaud pour une tâche ce n'est pas la même chose que la motivation.

Il ne faut pas les confondre.

L'envie et l'inspiration de faire quelque chose, c'est beaucoup plus fluctuant que la motivation.

À la limite on peut dire que ce sont des formes aigues et ponctuelles de motivation.

Mais la forme basique de la motivation, c'est une motivation beaucoup plus modérée.

Beaucoup plus neutre émotionnellement.

Qui est caractérisée par une concentration stable et légère, une clarté d'esprit et une humeur sereine.

Imaginez votre état de concentration quand vous étiez en train de monter un meuble Ikea.

Vous n'étiez probablement pas hyper-excité et pas hyper-captivé,

mais en même temps la réalisation de ce mini-projet a probablement induit une concentration stable et légère qui est a peu près restée du début à la fin.

Ça c'est typiquement la forme de la motivation moyenne.

Rien d'extravagant.

C'est à peine si on la remarque, mais pourtant le courant motivationnel est bien là dans le fond.

...

Par exemple si vous poursuivez un objectif à long terme, il y a des jours où clairement vous n'aurez pas d'inspiration particulière

Vous ne serez pas chaud et excité.

Vous n'aurez pas ce courant motivationnel puissant et ronflant qui vous anime dans une direction.

Mais même si aujourd'hui vous n'êtes pas chaud comme ça,

vous ne vous direz pas que ça veut dire que vous avez perdu la motivation pour cet objectif à long terme.

Vous ne vous sentirez pas complètement éteint et désemparé.

Non justement, c'est votre motivation de fond qui est toujours là qui va vous pousser à vous échauffer et recréer de l'inspiration.

Parce que oui l'inspiration c'est essentiellement créée, ça n'arrive pas soudainement du ciel, sans antécédents.

Donc critiquer la motivation en pensant que la motivation = une inspiration puissante qui arrive soundainement du ciel et qui nous pousse à agir alors qu'on ne faisait rien, c'est critiquer un homme de paille.

Ça n'existe pas ce genre d'inspiration.

Même quand l'inspiration semble venir soudainement, en réalité c'est parce qu'on a fait germer des choses dans le passé.

On en revient à l'illusion du hasard et à la complexité des relations de causes à effets qui nous échappe.


L’activité entraîne l’inspiration

L'inspiration ça marche essentiellement à l'envers.

Dès que tu vas commencer à être bien actif sur quelque chose, tu vas commencer à avoir de l'inspiration associée à ça.

Mouvements puis inspiration.

Et non inspiration puis mouvements.

En effet, si vous faites attention dans votre vie, vous verrez que votre inspiration est intimement corrélée avec les mouvements que vous faites.

Et quand je parle de mouvements c'est de manière abstraite.

Par exemple des mouvements de pensées à la suite de la lecture d'un livre ou de l'écoute d'une vidéo.

Des mouvements de pensées à la suite d'un examen de votre liste de tâches à faire.

Des mouvements d'idées dans un projet.

Des mouvements de mots et de phrases dans un travail que vous devez écrire.

Personnellement à chaque fois que je fais le bilan à la fin d'une journée dans laquelle je n'ai pas avancé, je n'ai pas eu d'inspiration productive, etc,

eh bien je réalise je n'ai fait pratiquement aucun mouvement sur des choses productives,

je n'ai pas bougé grand chose, ne serait-ce que de relire des anciennes idées ou gribouiller de nouvelles idées, 

et donc je réalise que c'est parfaitement logique que je n'ai pas eu d'inspiration productive et que je n'ai pas avancé.

Le contraire impliquerait de la magie.

Les choses ne vont pas se défiger par magie.

Après durant ces journées ça ne veut pas dire que je n'ai fait aucun mouvevement, au contraire, j'ai sûrement fait beaucoup de mouvements, mais liés à des distractions.

Et c'est aussi pour ça qu'en général à partir du moment où on commence à avoir pas mal de mouvements sur des choses productives, ça ne s'arrête plus, on est lancé, l'inspiration issue des premiers mouvements entraîne de nouveau mouvements,

et de fil en aiguille on se retrouve à avoir produit quelque chose de gros.

Mais pour en revenir à mon propos sur la différence entre motivation et inspiration,

les premiers mouvements ne démarrent par ex nihilo. Ils ne démarrent pas à partir de rien.

Ils démarrent à partir d'une motivation minimale. Une motivation modérée.

Comme celle qui nous anime quand on monte un meuble Ikea.

Même si en l'occurrence construire quelque chose dans sa vie, ça se fait souvent sans manuel, sans plan.

C'est justement le mouvements des pièces qui va progressivement nous donner des idées pour créer notre propre plan, qui va progressivement nous éclairer un chemin.


Charges et décharges

Et donc cette histoire d'être chaud c'est vraiment à prendre dans un sens quasi-litéral.

Tu peux être relativement motivé et rester relativement motivé par quelque chose si tu es inactif.

Ta motivation ne va pas complètement disparaître par magie.

Par contre tu ne peux pas être chaud et rester chaud pour quelque chose si tu es inactif.

C'est normal de ne pas être chaud vis-à-vis de quelque chose si tu ne t'es pas échauffé avec.

À ma connaissance il n'y a aucun moyen d'être instantanément chaud pour quelque chose ou de le rester indéfiniment.

On se refroidit toujours un peu avec l'inactivité.

De la même manière qu'être chaud pendant une séance de sport ne veut pas dire que tu seras toujours chaud le lendemain après avoir bien dormi.

Même si tu seras toujours relativement motivé pour repartir, tu ne seras vraisemblablement plus aussi chaud.

Et donc si tu dépends du fait d'être chaud pour être régulier, tu ne seras pas régulier.

...

Il y a toujours des périodes de charge, avant les périodes de décharge.

Autrement dit avant les périodes de descente de la montagne,

où là on est inspiré, on est chaud, on bouillonne, et ça enchaîne naturellement tout seul à pleine vitesse,

il y a toujours des périodes de montée de la montagne,

qui sont assez calmes et peu mouvementées,

pour ne pas dire lentes et fastidieuses.

Le problème avec notre cerveau par défaut, c'est qu'il est comme allergique à cette lenteur.

Et donc plutôt que de continuer à monter lentement une montagne qu'on a commencé à monter, on va chercher d'autres montagnes pour voir s'il n'y en a pas une avec une sorte d'ascenseur ou de catapulte,

afin d'éviter la phase de montée et d'avoir seulement la phase de descente.

C'est l'une des raisons pour lesquelles on fait des pauses dans un travail pour aller regarder s'il n'y a pas des "news", par exemple dans nos mails.

Implicitement on espère que quelque chose va nous faire monter d'un coup.


Les rôles de la motivation et de la discipline

Et donc il n'y a pas moyen que tu montes lentement et calmement la montagne sans aucune motivation.

C'est mort.

Il te faut au moins la motivation soft et délicate du montage de meuble Ikea.

De la même manière qu'il n'y a pas moyen que tu fasses le trajet pour aller au sport si tu n'as aucune motivation d'aller à ce sport.

Peut-être que tu ne seras pas inspiré, mais tu seras certainement un minimum motivé,

sans ça tu ne la monteras pas cette montagne.

La vérité c'est que si tu veux passer à l'action, tu n'as pas besoin d'être chaud, tu n'as pas besoin d'être inspiré, mais tu as nécessairement besoin d'un minimum de motivation.

Peut-être que tu n'as pas envie de faire du sport, que tu n'es pas du tout chaud,

mais cela dit que tu es motivé à l'idée d'avancer sur tes objectifs, ou que tu es motivé à l'idée de voir tes amis là bas, que tu es motivé d'apprendre de nouvelles choses, que tu es motivé à l'idée de retrouver de l'énergie,

et que cette motivation te pousse à lever tes fesses.

Ce n'est pas la discipline qui te fait te lever.

La discipline elle te fait juste donner de l'espace à cette possibilité de te lever et d'aller faire du sport en éliminant temporairement les alternatives.

La discipline elle te fait dire non à toutes les distractions potentielles qui peuvent te ponctionner tes ressources de tous les côtés comme des sangsues,

toutes les distractions qui peuvent te procurer des sensations et du plaisir et dans lesquelles tu peux t'engloutir à la place de travailler.

La discipline te sort des sables mouvants que sont les distractions.

La discipline te met seul face à cette possibilité de te lever et d'aller faire du sport.

Et c'est là, hors de tout le bruit, que tu pourras percevoir cette motivation plus sobre et silencieuce.

Si elle existe.

Parce que oui, en elle même la discipline n'a aucun pouvoir motivationnel pour te pousser à l'action.

La discipline t'offre la route, mais pas le moteur.

S'il n'y a pas une partie de toi qui est motivée à l'idée de te lever et d'aller faire du sport,

la discipline ne pourra pas t'aider à le faire.

La discipline laisse de la place à une possibilité mais elle ne transforme pas cette possibilité en quelque chose de motivant si elle ne l'était pas avant.

Et le fait que cette possibilité soit un minimum motivante, c'est nécesaire pour que cette possibilité s'exprime et se manifeste.


La métaphore des mains géantes

Si vous voulez une image pour mieux comprendre, imaginez un magasin qui ouvre ses portes chaque jour mais que les places sont limitées.

Et imaginez que dans la foule de gens qui attendent devant l'entrée, tous les jours c'est pareil : les gros écrasent les petits pour rentrer en premier.

Les petits sont complètement comprimés, ils ne peuvent rien faire.

La discipline ça serait comme des mains géantes qui écartent les gros, qui les retiennent sur les côtés, et qui permettent ainsi aux petits d’avoir l’espace pour pouvoir faire ce qu'ils veulent.

Mais, les petits une fois rentrés dans le magasin, qu'est-ce qu'ils vont faire ?

Ils vont acheter les trucs qu'ils veulent acheter, ni plus ni moins.

Si le magasin leur propose des trucs pour lesquels ils n'ont aucune motivation, ils ne vont pas les acheter.

L'intervention des mains géantes n'aura pas instillé dans la foule de gens qui attendaient devant, des motivations qui n'existaient pas

Les mains géantes vont juste permettre à certaines des motivations existantes de s'exprimer, à savoir les motivations des petits. 

C'est pareil pour la discipline, ça n'instille pas nouvelles motivations, ça permet juste à certaines petites motivations qui sont enfouies en vous de s'exprimer et de se développer au lieu de se faire comprimer par d'autres motivations plus fortes.

Ce n'est pas parce que ces motivations sont petites qu'elles n'existent pas.

La motivation n'est pas toujours quelque chose de bien ronflant.

Effets synergiques

Par contre, si la discipline ne crée pas de motivation,

il est vrai que la discipline a tendance a avoir des effets synergiques avec les motivations auxquelles elle est adjointe.

De la même manière que de couper les mauvaises herbes aide indirectement les autres plantes à se développer.

En gros quand on se discipline on améliore notre état, on préserve nos ressources, etc,

et donc on améliore notre motivation, ou tout du moins on la canalise sur les bonnes choses,

ce qui fait que la discipline (ou l’apparence de discipline) devient plus facile.

Notamment parce qu'on est devenu plus chaud, plus inspiré, justement.

Pour reprendre l'exemple de la foule qui attend devant les portes du magasin,

quand les mains géantes retiennent les gros, elles permettent aux petits de s'exprimer.

Mais les petits ne vont pas rester petits, ils vont pouvoir grandir et prospérer.

Et donc quand on enlèvera les mains géantes qui retiennent les gros, les anciens petits vont pouvoir se défendre face aux anciens gros parce qu'ils auront pris de la masse et du pouvoir.

Ils ne vont pas se faire écraser comme avant, ils ne vont plus être complètement dépendants de l'aide des mains géantes pour exister.

Donc certes on peut muscler sa discipline, on peut muscler les mains géantes pour permettre à certaines activités productives d'exister,

mais on peut aussi muscler nos motivations productives pour qu'elles puissent être compétitives face aux motivations de se distraire.

...

Ce sont deux dimensions synergiques mais bien différentes.

D'ailleurs ce qui a été étonnant de réaliser pour moi, c'est que développer de la motivation, ça s'improvise beaucoup moins facilement que de de développer de la discipline.

En fait invoquer de la discipline c'est très facile pour moi. Ce qui est délicat c'est est-ce que j'ai envie de me discipliner.

Souvent ce n'est pas le cas, ce qui donne l'illusion que la discipline est difficile.

Mais si je décide de me discipliner, je peux tenir quasiment indéfiniement.

Par exemple si je veux, je peux méditer pendant ultra-longtemps, si je veux je peux contrôler et résister à des désirs comme un roc.

J'ai vraiment le sentiment que ça dépend juste de ma volonté.

Pour la motivation c'est très différent. Invoquer une forte motivation, c'est très difficile.

C'est beaucoup plus contextuel, il me faut une bonne raison, un bon projet, une bonne idée, un bon objectif.

Et ça demande du temps à préparer et mettre en place.

Pour illustrer : ce n’est pas vraiment plus “dur” de méditer 5 minutes que de méditer 10 heures.

De la même manière que ce n’est pas vraiment plus “dur” de surveiller quelque chose de calme pendant 5 minutes ou 10 heures, ou toute autre tâche monotone et peu énergivore.

Tout le monde peut se discipliner à le faire s’il a un minimum de motivation de le faire.

Ce n’est pas une question de “capacité” à tenir mais une question d’accepter de tenir (malgré l’ennui).

Une question d’avoir (ou pas) une bonne raison de tenir.

...

Aussi pour bien réaliser que la discipline seule est impuissante,

il faut bien comprendre que les molécules de la motivation sont également celles de la concentration.

La plupart des gens qui mettent en avant la discipline au profit de la motivation ne réalisent pas que ce qu'ils attribuent à leur discipline vient en fait essentiellement d'une motivation résiduelle, d'un courant motivationnel léger et stable qui te tire dans la bonne direction et qui permet de garder la concentration malgré l'inconfort.

Vous savez quand on est habitué à un bruit d'arrière-plan, au bout d'un moment où ne se rend plus compte qu'il est là, jusqu'à ce qu'il disparaisse.

Avec la motivation résiduelle c'est pareil, on se rend compte de son existence quand notre corps est vraiment HS et déprimé et qu'on n'arrive plus à rien faire, qu'on n'arrive plus à se concentrer sur quoi que ce soit.

Là on se rend compte que même les jours où on pensait qu'on manquait de motivation,

ben en réalité on n'en avait quand même déjà pas mal,

même s'il elle n'était pas du tout ronflante.

...

Du coup la discipline ce n'est pas quelque chose qu'on utilise quand on n'a pas de motivation,

c'est plutôt quelque chose qu'on utilise pour canaliser sa motivation dans une direction particulière,

et l'empêcher de partir ailleurs.

Utiliser sa motivation pour certaines choses et pas pour d'autres.

Notamment quand notre motivation de faire des choses productives n'est pas super chargée ou qu'elle est en compétition avec des motivations de se distraire.

Donc l'utilisation de discipline n'a rien à voir avec une absence de motivation.

...

Mettre en avant la discipline pour expliquer la différence entre les personnes qui passent régulièrement à l'action et les autres, c'est pour moi une explication du pauvre.

Un peu comme de mettre en avant les bonnes habitudes d'ailleurs.

C'est beaucoup trop flou, nébuleux et mystique.

Comme pour les bonnes habitudes, il y a toujours quelque chose derrière qui explique la présence de la discipline.

La discipline est une sorte d'apparence de premier plan.

Croire que c'est juste de la discipline suspendue dans le vide,

et qu'il n'y a rien d'autre derrière de connecté, c'est très naïf.

La discipline n'est pas un pouvoir isolé qui existe par elle-même de manière indépendante.

Reprenons l'image des mains géantes qui retiennent certaines motivations et qui en laissent exister d'autres.

Ce n'est pas anodin.

Indépendamment de la force de ces mains, leur grippe ne va pas être aussi forte si elles doutent que c'est la bonne chose à faire.

Si les mains ne sont pas claires et sûres dans leur vision, elles ne vont pas fermer certaines options avec certitude.

Parce que peut-être qu'il y a quelque chose à gagner en suivant ces options.

Elles ne sont pas sûres. Ou en tout cas elles seront curieuses d'en savoir plus.

Ce qui va relaxer leur détermination.

Et devinez quoi ? Avoir une vision claire de ce qu'on veut et de ce qu'on ne veut pas ça fait partie de la motivation.

Suivre ses valeurs bien définies = suivre ses motivations.

Autrement dit l'un des trucs qui permet de renforcer la grippe de la discipline, fait partie de la motivation.

Quand tu es fatigué et que tu as méchamment envie de te laisser tenter par un divertissement pour décompresser, qu’est-ce qui va renforcer la grippe de ta discipline ?

De penser à ce qui est important pour toi, à tes valeurs, etc.


L’intérêt de dépasser l’inconfort

Encore une fois la motivation est injustement rabaissée au profit de la discipline par beaucoup de coachs comme quelque chose de non essentiel,

parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'est la motivation et ce que fait la motivation.

Ils confondent notamment la motivation avec le confort, c'est à dire le fait de ne pas ressentir de résistance et de conflit à faire un travail.

Alors que la motivation c'est surtout l'intérêt qu'on a de dépasser l'inconfort et la résistance à faire un travail.

Et si vous faites attention vous verrez que la plupart des personnes qui rabaissent la motivation sont des personnes qui font rarement des choses sans anticiper un intérêt.

Ce sont souvent des personnes au stade Orange qui valorisent les résultats mesurables.

Ce n'est pas le genre de personnes à faire des choses qui ne rapportent pas.

C'est typiquement le genre de personnes à ne pas continuer quelque chose si ça ne rapporte pas en fait.

Autrement dit, malgé ce qu'ils voudraient vous faire croire, leur comportement est clairement dicté par de la motivation.

Ils ne se disciplineront pas pour continuer à faire quelque chose qui ne promet aucun gain mesurable.

...

Et donc encore une fois, la motivation ne caractérise pas simplement les états quand tu es à 100% tiré et inspiré positivement dans un seul sens, les états quand tu as envie de faire des efforts, quand tu te sens bien de passer à l'attaque, quand tu es dans le confort.

De la même manière que le soleil ne caractérise pas simplement les jours où le ciel est bien bleu et dégagé et qu'il n'y a pas de nuages.

Ce n'est pas parce qu'il fait gris que ça veut dire que le soleil n'est pas là, ou même qu'il a baissé d'intensité.

Non c'est une illusion, le soleil a en fait la même intensité, c'est juste qu'il y a autre chose qui le masque.

Encore une fois, quand tu es sur ton canapé et que tu es en conflit intérieur, qu'une partie de toi a la flemme de te lever pour faire quelque chose mais qu'une autre partie de toi veut le faire et que finalement tu te lèves et tu le fais quand même,

ce n'est pas du tout une situation d'absence de motivation.

Ce n'est pas juste la discipline qui t'a fait te lever.

Certes tu étais tiré dans le mauvais sens, mais tu étais aussi tiré et inspiré dans le bon sens.

Et donc il y avait de la motivation.

En fait il y avait même deux motivations qui se battaient en toi, qui étaient en conflit.

Et la discipline est intervenue en tant que troisième entité,

pour retenir prisonnière l'une des motivations, à savoir celle qui voulait glander,

laissant le champ libre à l'autre motivation pour prendre le contrôle.

La discipline t'a juste permis de dépasser l'inconfort et de dire non à l'option flemme,

mais ensuite c'est la motivation que tu avais pour passer à l'action qui a joué.

Encore une fois ce n'est pas parce qu'il fait gris que ça veut dire que le soleil n'est pas là.

Justement heureusement qu'il est là pour compenser la grisaille.

...

Autrement dit si on prend l'image d'une balance,

tout ce qui fait partie de la charge positive qui permet de dépasser la charge négative de la résistance à faire un travail, ça fait partie de la motivation.

Quand la charge positive est supérieure à la charge négative, alors on passe au travail.

Quand la charge positive est inférieure à la charge négative, alors on commence à décrocher.

Parce que la dopamine, la molécule clé de la motivation, c'est ça qui nous fait rester accroché.

Sans elle on décroche.

...

Ce qu'il faut bien comprendre sur la motivation c'est que son rôle c'est de vous faire sentir bien, de vous faire sentir que vous avancez dans la bonne direction.

Que ce soit parce que vous aimez le travail que vous faites ou parce que vous aimez les résultats que ce travail vous apporte ou promet de vous apportez dans le futur, ou idéalement les trois.

Dans tout le cas il doit y avoir de l'"amour" dans l'équation pour durer.

Ou une forme de passion si vous préférez.

Que ce soit une passion pour le travail ou pour les résultats que ce travail apporte ou les résultats que ce travail promet de vous apporter dans le futur, ou les trois.

C'est essentiel d'avoir quelque chose pour se sentir bien quand on vit de manière disciplinée et organisée,

parce que la discipline et l'organisation seules, ça fait se sentir mal, ça crée de la tension, de l'inconfort et de la frustration.

Donc il faut contre-balancer avec quelque chose qui s'harmonise bien avec.

Et ce quelque chose, c'est la motivation.

Qu'est-ce qui va se passer si tu n'as pas la motivation ?

Eh bien ton cerveau va aller chercher le bien qu'il lui faut pour contre-balancer le mal dans quelque chose d'autre.

Probablement quelque chose qui va mal s'harmoniser avec ton mode de vie et créer toutes sortes de conflits.

Autrement dit c'est très mauvais pour maintenir la régularité que tu veux avoir.

Comme je vous l'expliquais dans l'épisode 199, l'un des impératifs de votre cerveau c'est d'être suffisamment excité et comblé par sa vie.

S'il n'est pas suffisamment excité et comblé, il va vous pousser à aller chercher de l'excitation ailleurs.

Tu ne peux pas y échapper.

Peu importe comment, tu dois exciter et combler ton cerveau,

tu ne peux pas indéfiniement le priver et l'affamer d'excitation sans retour de bâton.

Et c'est pour ça que la discipline doit être combinée avec la motivation.

Les deux ne sont pas du tout opposées.

La discipline sans motivation ce n'est pas viable.

Les gens qui vous disent que eux ils n'utilisent que la discipline pour réussir,

ils sont soit hypocrites, soit inconscients de leur motivation, soit ils ne comprennent pas bien ces concepts.

C'est le pire conseil qui soit de mettre en avant la discipline et de rabaisser la motivation.

Parce que d'un point neurologique ça n'a strictement aucun sens.

La discipline pure est sous-tendue par le neocortex à la surface du cerveau,

alors que la motivation est sous-tendue par le système limbique au milieu du cerveau.

Et en gros, le système limbique est beaucoup plus influent et dominant que le neocortex pour diriger le comportement, c'est le centre de nos "drives".

Autrement dit tu ne peux pas aller contre le système limbique sur la durée.

C'est techniquement impossible.

Si les routines que tu veux faire sur la durée n'activent d'aucune manière le système limbique,

tu ne pourras pas les tenir sur la durée.

...

Et donc l'ironie c'est que la plupart des personnes hyper-disciplinées et hyper-organisées elles ont installé cette discipline et cette organisation dans leur vie parce qu'elles avaient une grande source de motivation derrière.

La motivation est à la racine de leur organisation et de leur discipline.


Tout se nourrit de manière synergique

De manière générale ce que j'aimerais que vous compreniez c'est que tout se nourrit de manière synergique.

Il faut arrêter de prendre les ingrédients un par un et de croire qu'ils sont vraiment séparés et indépendants.

Il faut oublier le trop de simplicité.

Par exemple le réglage de votre alimentation ça va avoir des effets en cascade sur tout le reste.

Ça va nourrir votre énergie, votre motivation, votre concentration, votre discipline, votre organisation, votre stabilité émotionnelle, etc.

Et en retour tout ça va vous inciter à maintenir votre alimentation saine.

Ça va vous aider à faire de l'exercice physique, ce qui va également nourrir tout le reste.

Si votre alimentation n'est pas bien réglée, vous allez avoir des sauts d'énergie, des sauts d'humeur, et donc tout le reste va se casser la gueule.

Pareil si vous ne dormez pas assez, vous allez limiter tout le reste.

Les gens qui ont vraiment un gros succès dans leur mode de vie, ils sont bons en tout.

Il n'y a pas un ingrédient dans lequel ils sont nuls, parce que si c'était le cas ça tirerait tout vers le bas.

Et donc la vérité c'est que vous devez devenir bon en tout.

Il n'y a pas un ingrédient qui va pouvoir vous sauver.

Ce qui est pourquoi je vous répète souvent d'être patient et de penser long terme,

parce qu'il n'y a pas moyen que vous allez pouvoir régler parfaitement tous les paramètres d'un coup.

Vous devez faire ça progressivement, itération par itération.

En examinant à chaque fois qu'est-ce qui s'est passé pour expliquer votre succès de régularité ou justement votre absence de succès.

...

Aussi, comme je vous expliquais dans l'épisode 165, il ne faut pas négliger l'apport à long terme des ingrédients.

Par exemple si une entreprise a le meilleur produit du marché et coupe l'activité de son pôle recherche et développement, sur le court terme, elle va sûrement économiser un paquet d'argent.

Mais sur le long terme elle risque de se casser la gueule.

Parce que ce qui lui faisait gagner de l'argent c'était la supériorité de son produit, et la supériorité de son produit elle ne sortait pas de nul part, c'était le résultat de l'activité continue de son pôle de recherche et de développement.

En coupant l'activité du pôle R&D ils ont coupé la source ce qui les avait mis en bonne position en premier lieu.

...

Bref pour terminer sur la discipline et la motivation et faire une transition,

je résumerais en disant que l'une des plus grandes clés pour être régulier 

c'est de contenir et canaliser notre excitation, notre énergie mentale, dans les bons circuits, dans les bonnes boucles.

Ne pas s'exciter par les mauvaises choses, s'exciter par les bonnes choses.

Faire attention à où va notre excitation. Et non simplement faire attention à où va notre temps.

C'est ce que je vous expliquais dans l'épisode 199, mais aussi dans l'article sur le fait de rendre sa vie aérodynamique.

Sachant que ce qui permet de contenir notre excitation quand ça dérive, c'est donc la discipline.

Et que l'excitation ou l'énergie mentale, ce n'est ni plus ni moins que la motivation.

Automatiser la motivation de nos routines

La discipline + la motivation ça va donner une illusion d'habitudes à vos routines.

Ce n'est pas tellement que les routines seront devenues des habitudes automatiques,

c'est que les motivations à faire les efforts associés à vos routines seront devenues automatisées.

L'inertie de l'excitation se nourrira en avançant.

La réalisation d'une chose va nourrir une autre motivation, etc.

Les motivations vont être naturellement enchaînées ensemble, elles vont être "streamlinées" pour créer un aérodynamisme.

Streamliner en français on pourrait traduire ça par fluidifier, pour que tout s'enchaîne et profite du courant porteur qui a été lancé.

Il y aura une inertie dopaminergique positive à ce niveau.

Des circuits de dopamine se seront spécialisés pour ce qui est lié à ces routines.

...

Enfin l'avant dernier élément qui permet d'être régulier et qui est lié à la motivation, c'est la non-résistance.

Pourquoi la résistance est liée à la motivation ?

Parce que la résistance c'est grosso-modo de l'anti-motivation.

Il y a deux niveaux à passer pour faire disparaître la résistance.

Et on verra de quoi il s'agit dans le prochain épisode !


Maîtrisez votre esprit, développez votre conscience, élevez votre existence !

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