Le 24/11/2021

Une habitude peut-elle être apprise par n'importe qui ? #0301



Dans cet épisode on parle des problèmes avec la solution des bonnes habitudes.

Bonjour et bienvenue,

c'est Bertrand de la Fondation MAGister,

l'École des Héros du Monde Réel.

...

Dans le développement personnel moderne,

on entend souvent parler du pouvoir des bonnes habitudes.

Les habitudes sont souvent présentées comme la solution par excellence.

On vous dit que les personnes qui réussissent dans la vie sont les personnes qui ont les bonnes habitudes.

On dirait presque une solution magique étant donné la façon dont c'est présenté.

Une solution magique qui met soit disant 21 jours à s'installer dans votre cerveau.

...

Dans la mini-série de vidéos qui a commencé depuis l'épisode précédent, je prends le contre-pied de tout ça.

Parce que j'ai remarqué que depuis quelques années les habitudes c'est devenu le nouveau bullshit théorique pseudo-scientifique du développement personnel.

Pour moi 99% des gens dans le développement personnel ne savent pas très bien de quoi ils parlent quand ils parlent d'habitude.

Ils confondent avec plein d'autres choses.

La plupart des théories sur les habitudes que l'on trouve dans le développement personnel moderne présentent des trous béants, ce n'est pas solide du tout.

Donc je vais essentiellement détruire et démystifier la solution magique des habitudes dans cette mini-série de vidéos,

je vais vous expliquer tous les problèmes et les failles qu'il y a autour du concept d'habitude en tant que solution,

je vais vous expliquer ce qui agit vraiment dans le cerveau et qui est confondu avec le pouvoir des habitudes.

Parce que oui il y a bien plusieurs choses qui expliquent le pouvoir que ça a.

...

Mais avant de commencer l'argumentaire,

si vous ne me connaissez pas et que vous vous demandez pourquoi j'en saurais plus qu'un autre à ce sujet, je suis docteur en sciences cognitives.

Les sciences cognitives qu'est-ce que c'est, c'est grosso-modo l'étude moderne du fonctionnement de l'esprit.

Ça ne veut pas dire que tout ce que je dis est forcément vrai.

Non, c'est juste un indicateur que je prends la recherche et la compréhension au sérieux.

Très probablement plus que la plupart des acteurs du développement personnel.

En particulier sur ce genre de sujets.

Mais après personne ne peut prétendre dire que des choses vraies à part les personnes qui sous-estiment leur ignorance.

Vous devez toujours garder un esprit critique.

...

Bref, commençons.

Donc je vous disais que dans le développement personnel moderne,

on entend souvent parler du pouvoir des bonnes habitudes.

Les habitudes sont souvent présentées comme la solution par excellence.

On vous dit que les personnes qui réussissent sont les personnes qui ont les bonnes habitudes.

...

Et il y a toujours plusieurs choses qui m'ont dérangé avec cette idée.

Déjà c'est très tautologique, c'est très circulaire.

On se doute bien que les gens qui réussissent dans la vie sont ceux qui ont les bonnes habitudes pour réussir.

Ça ne nous apprend rien.

La question c'est plutôt pourquoi ils ont ces bonnes habitudes.

Pourquoi eux et pas les autres.

Pourquoi tant de personnes n'ont pas les bonnes habitudes ?

La réponse donnée par la plupart des coachs qui défendent la solution des habitudes se résume à :

les personnes n'ont pas les bonnes habitudes parce qu'elles ne font pas les bonnes habitudes.

C'est du même niveau que de dire qu'une personne en dépression est en dépression parce qu'elle ne fait rien,

et qu'elle n'a qu'à faire des choses pour sortir de la dépression.

C'est un peu de la merde comme explication n'est-ce pas ? On est d'accord.

...

Ensuite une question qu'on peut se poser : est-ce que n'importe qui peut vraiment apprendre n'importe quelle habitude ?

Parce que je ne l'ai pas encore précisé mais une habitude ça implique d'automatiser une routine de comportements de sorte à ce que ça nous demande peu voire pas d'efforts conscients de le faire.

...

Également on entend souvent dire qu'il faut 21 jours pour créer une nouvelle habitude.

Le problème c'est que vous pourrez avoir beaucoup de témoignages de personnes qui ont créé et gardé une nouvelle habitude du jour au lendemain.

D'autres pour qui même après des mois et des mois eh bien ça n'a pas tenu.

Pourquoi cette différence ?

Est-ce que certaines personnes sont  mentalement faibles ?

Est-ce que c'est plus facile pour certaines personnes de développer des habitudes ?

Est-ce que certaines personnes ont des prédispositions qui vont les aider ?

On sait par exemple que les personnalités se distinguent selon différents traits, et notamment le trait conscienciosité,

qui se traduit notamment par un attrait pour l’ordre et l’organisation.

C’est probablement plus facile de développer des habitudes pour une personne de nature consciencieuse, qui a une inclination a être ordonnée plutôt que désordonnée, que pour une personne qui ne l’est pas du tout.

...

On vient juste de commencer à questionner le concept d'habitude,

et rien qu'avec ça j'espère que vous commencez à vous dire que

ouais c'est très loin d'être super solide tout ça, au contraire c'est très nébuleux.

...

Rien que ça montre bien qu'il y a quelque chose qui fait que ce n'est pas aussi simple.

Ce n'est pas aussi simple que d'installer des programmes sur son ordinateur et de laisser les résultats arriver.

Déjà parce qu'on doit faire tourner les programmes nous-mêmes et arrêter d'en faire tourner d'autres.

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En fait les habitudes sont liées à une idée plus tangible : la régularité.

Et je vous expliquerais plus tard dans cette série pourquoi la régularité c'est une idée plus tangible que l'habitude.

Mais tout d'abord ce qu'il faut comprendre, c'est qu'être régulier dans quelque chose sur la durée ce n'est pas anodin du tout.

Parce que ça veut dire arrêter de vouloir faire autre chose.

Ou tout du moins arrêter suffisamment de vouloir faire autre chose afin de pouvoir sereinement être régulier sur ces choses là,

sans avoir à se battre contre soi-même à l'intérieur, contre la résistance et la tension induite par le désir de vouloir faire autre chose.

Et d'arriver à éliminer cette résistance qui permet d'être régulier,

ça implique une sacrée clarté à propos de ce qu'on veut et ce qu'on ne veut pas dans la vie, et également une clarté de nos valeurs.

Autrement dit, ça implique d'être mentalement mature, de savoir ce qui compte vraiment dans la vie et de savoir qu'on ne pourra pas tout avoir.

Ce qui est pourquoi les bonnes habitudes vont davantage pouvoir se développer dans la grande phase 3 de la vie.

Pour rappel, on peut diviser la vie en quatre grandes phases :

La grande phase 1 quand on est enfant, c'est la phase du jeu, de l'imitation et de l'éducation fondamentale.

La grande phase 2, qui s'étend typiquement de l'adolescence à la fin de la vingtaine, c'est la phase de découverte de soi, d'exploration des possibilités et d'exploration des différentes voies.

La grande phase 3, au milieu de notre vie d'adulte mature, c'est la phase où on a fini d'explorer nos possibilités dans ce monde et où on choisit de se consacrer à une voie particulière.

Et la grande phase 4, c'est la phase de la retraite.

...

Dans les phases 1 et 2 de la vie, quand on est enfant, adolescent et jeune adulte,

on a besoin d'explorer et d'expérimenter, on a besoin de faire des erreurs, on a besoin de se construire, de se découvrir, de découvrir le monde, de goûter à ce que la vie à a offrir, de comprendre ce qui a vraiment de la valeur, etc.

Il n'y a pas moyen qu'on ne fasse pas un tant soi peu le tour pour goûter à tous les plaisirs déraisonnables de la vie.

Il n'y a pas moyen qu'on se fixe sur quelque chose sans ressentir une forte tension intérieure, une résistance interne induite par les désirs d'aller explorer et voir ailleurs, explorer et voir ce dont on n'a pas fait l'expérience.

Parce que si ce n'était pas le cas, nos possibilités d'évolution seraient très compromises.

Ce désir d'explorer est une forme d'impératif pour la survie et l'évolution.

...

Ce qui est pourquoi c'est très rare de tenir des bonnes habitudes quand on est jeune.

On est trop insouciant et immature pour penser sérieusement et raisonnablement à nos comportements vis-à-vis du futur.

De plus quand on est jeune on est à l'opposé du minimalisme,

on croit encore qu'on peut tout avoir, on n'est pas du tout en paix à l'idée de laisser de côté certaines choses.

On a encore cette illusion qu'on a tout le temps devant nous.

Quand on n'a pas quelque chose on ressent de la tension, on ressent la peur de passer à côté de quelque chose, la peur de rater.

Notre cerveau est comme un élastique qui est tiré dans dans tous les sens, et donc qui a beaucoup de tension.

Parce que si on croit qu'on a besoin de quelque chose, alors notre cerveau va générer un besoin.

On va brûler d'envie d'avoir certaines choses, on va être en manque de ne pas les avoir, etc.

Avec la maturité tout ça se tasse parce qu'on réalise qu'il y a tellement de choses dont on n'a pas besoin du tout pour être heureux.

Il y a tellement de choses que l'on désirait quand on était jeune,

et qui en fait ne sont pas si bien et ont beaucoup d'inconvénients qu'on n'avait pas anticipé.

On s'était fait des idées à leur propos, on se les était survendues.

Avec la maturité, les illusions tombent, et avec elles, le pouvoir d'attraction sur notre esprit.

Et ainsi on devient beaucoup plus minimaliste avec la maturité émotionnelle.

On n'en a plus rien à foutre de ne pas avoir certaines choses.

...

Quand on est trop jeune et qu'on est encore dans la phase 2, même si des personnes plus avancées nous donnent des leçons et des solutions, et qu'elles essaient de nous convaincre.

Ça ne marchera pas.

On doit comprendre les leçons à travers notre propre expérience.

Comme je vous le disais dans les épisodes 68 et 69, la sagesse ne peut pas véritablement être diffusée, les plus grands secrets du monde se gardent d'eux-mêmes.

Il faut bien souvent des années et des années d'expérimentation, de souffrance et de réflexion pour se résoudre à enfin tenir des bonnes habitudes.

Il y a cette idée de se ranger, l'idée d'arrêter de résister à ce qu'on doit faire.

On doit souvent se prendre les murs et réaliser que si on ne change rien, notre vie va mal se terminer.

On en revient à ce que je vous disais dans les épisodes 188 et 189 sur les vraies résolutions.

...

Les habitudes font partie d'un écosystème

Dire qu'il suffit d'installer les bonnes habitudes pour réussir, ça présuppose que les habitudes sont des entités indépendantes et que n'importe qui peut installer librement et durablement les bonnes habitudes durables.

Mais franchement je n'y crois pas une seule seconde.

Cette idée est tellement en décalage avec la réalité.

Je crois que les habitudes d'une personne font partie d'un système extrêmement complexe.

Et qu'il y a énormément de facteurs qui te mènent à développer et stabiliser une habitude dans ta vie.

En l'occurrence les personnes qui ont stabilisé des bonnes habitudes dans leur vie ont souvent six choses en communs.

- 1 / Une histoire et un vécu qui les a poussé à prendre au sérieux ces bonnes habitudes. Autrement dit un levier émotionnel très fort.

- 2 / Une identité et une personnalité qui correspond bien à ces habitudes

- 3 / Une compréhension profonde des conséquences indirectes de ces habitudes

- 4 / Des perspectives futures excitantes intimement connectées à ces habitudes (gains en tout genre)

- 5 / Un alignement de ces habitudes avec leur direction de vie. Leur direction de vie étant leur raison d'être, leur "darma", leur "pourquoi", ou encore leur mission de vie si vous préférez.

- Et 6 / Une absence de réel désir d'aller dans une direction allant à l'opposé de la direction de ces bonnes habitudes. Autrement dit une dissolution de la tension et de la résistance interne.

...

Une autre manière de dire les choses est que je ne vois pas du tout deux personnes être capables d'intervertir leurs habitudes sur la durée,

sans intervertir tout ce qui va avec, et se développer de la même manière.

Tu dois retracer tout le début du chemin développemental qui va avec.

Les habitudes n'existent pas dans du "vide".

Et encore une fois c'est pour ça que pratiquement personne ne maintient des bonnes habitudes au début de sa vie.

On a besoin de faire du chemin pour développer un levier émotionnel, développer la bonne identité, comprendre les conséquences, faire disparaître la résistance, etc.

...

Déjà rien que de t'intéresser à une habitude particulière, ça veut dire plein de choses sur toi.

Le fait que tu la développes et que tu la maintiennes, encore plus.


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