Dans le dernier article, je vous disais que je tombe encore assez souvent dans ce que j'appelle le piège de la bonne lancée.
Après avoir passé quelques journées bien productives, je commence à fonctionner comme si cette productivité m'était due, comme si le feu qui m'anime allait rester stable,
et que je pouvais continuer à en profiter comme ça, qu'il allait se maintenir sans rien faire.
Je ne me rends pas compte que la mécanique de mon cerveau et de mon corps commence à avoir besoin d'être physiquement rechargée et relaxée.
...
J'essaie de continuer sur ma lancée, à passer des journées productives.
Mais ça ne marche plus. Et pourtant je persévère à enfoncer la pédale d'accélération.
J'ai envie d'avancer sur les projets que j'ai commencé.
Je n'ai pas envie de perdre du temps avec des grosses séances de sport ou de méditation,
j'ai l'impression que ça va me faire perdre du temps et que je devrais pouvoir retrouver mon drive et mon inspiration sans faire trop d'efforts.
Et donc je suis chez moi, je tourne en rond sur mon ordinateur,
je suis dans une légère déprime, blasé, le corps tendu,
j'essaie de trouver une solution pour relancer la machine,
je commence à regarder plein de trucs à la con que je ne regarderais jamais d'habitude,
parce que je suis en manque de lumière et d'inspiration et que donc mon cerveau élargit son champ de recherche.
Alors que le seul truc que j'ai à faire c'est de m'arrêter et prendre le temps de dérigidifier mon corps et faire circuler mon énergie, ou de sortir de chez moi et d'aller faire une grosse séance de sport ou d'aller voir du monde, pour me débloquer.
En voulant être efficace et gagner du temps, je ne fais que perdre du temps et être inefficace.
En persévérant à appuyer sur la pédale d'accélération alors que ça ne marche plus, je ne fais que m'enfermer dans le problème que je veux éviter.
Dans une moindre mesure ce problème de croire que l'inspiration nous est due à partir du moment où on a commencé à en avoir,
se retrouve au niveau de la vision.
À partir du moment où on a été profondément inspiré par une vision, on se met à croire que c'est bon, on n'a plus besoin de prendre le temps de se connecter avec cette grande vision.
On devrait automatiquement être inspiré et connecté à elle non-stop.
Et donc quand on commence à avoir du mal à se motiver pour travailler sur un truc particulier, on n'essaie même plus de se connecter à notre vision pour reprendre de l'énergie et de l'inspiration,
on essaie de forcer,
on agit comme si cette inspiration nous était due.
Comme si le feu devait se rallumer "tout seul" à partir du moment où on l'a déjà allumé dans le passé.
Dans ces conditions, on est comme une personne délirante qui,
plutôt que de faire la suite de comportements qu'elle a du faire pour allumer le feu la première fois,
essaie d'invoquer le feu par la pensée... et s'étonne que ça ne marche pas !
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Selon moi beaucoup de dépressions sont liées à ce syndrôme du roi capricieux qui présuppose qu'il devrait continuer à être heureux en suivant ses propres règles, sans changer quoi que ce soit à sa vie.
J'en parlais notamment dans l'épisode 118.
Les personnes dépressives ont tendance à avoir une carte très pauvre de ce qui les rend heureux et de ce qui les rend malheureux,
et à rester hyper-attachées à cette carte qui ne fonctionne pas.
Elles ont le sentiment que le bien-être devrait leur être dû avec leur orientation et leur paradigme existentiel actuels.
Et elles préfèrent être malheureuses plutôt que de tout remettre en question.
Leur Ego capricieux joue contre eux.
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En analysant les personnes dépressives, je suis rarement étonné qu'elles soient dépressives,
elles sont souvent comme moi quand je persévère à faire ce qui ne marche pas pour continuer à avoir de l'inspiration,
mais à une plus grande échelle.
Elles ont souvent beaucoup d'angles morts sur ce qui ne va pas avec leur attitude et leur mode de vie.
Et le fait qu'elles n'aient pas su réaliser et corriger ça à temps quand elles étaient encore en pleine santé,
explique pourquoi c'est encore plus difficile une fois qu'elles sont bien enfoncées dans la dépression.
Mais au fond leur problème était là bien avant la dépression.
La dépression étant juste l'aboutissement inéluctable de leur encapsulation.
Si vous revisionnez l'épisode 65 sur l'encapsulation de la conscience,
les biais de la matrice du cerveau par défaut,
et cette attitude de toujours préserver son petit Ego,
bah typiquement tout ça c'est des mauvaises façons psychologiques de se protéger sur le court-terme,
qui sont associées à la dépression sur le long-terme.
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C'est assez fou en fait, on peut passer des années et des années avec des angles morts énormes dans la petite matrice de notre esprit.
C'est pour ça que personnellement assez régulièrement j'essaie de prendre du recul sur ma façon de penser.
J'essaie de me demander où est-ce que je suis en train de m'enterrer moi-même sans m'en rendre compte dans ma vie.
Parce que si ça peut être aussi grave chez certaines personnes, alors ça doit forcément m'affecter d'une manière ou d'une autre.
Et présupposer le contraire serait justement un signe que je suis sacrément affecté.
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Le problème c'est que souvent les personnes dépressives croient que si elles avaient du contrôle sur leur état et sur leur vie,
elles pourraient êtres heureuses avec ce qu'elles veulent, rester chez elles et radicalement changer d'état d'un coup d'un seul et que ça resterait stable sans rien faire.
Mais non, personne n'a ce type de contrôle.
On doit tous faire des trucs particuliers pour que la vie s'insuffle en nous : développer une vision inspirante pour notre vie (et s'y connecter), faire de l'activité physique, mettre son corps dans de bonnes dispositions, rencontrer des gens avec lesquels on a envie de construire des relations, travailler sur des projets, etc.
Maîtrisez votre esprit, développez votre conscience, élevez votre existence !