[[Mes Articles / Distinction Bas-niveau vs Haut-niveau / La place des émotions (moyen-niveau)]]
Je vous préviens d'emblée, il va falloir être attentif pour bien suivre cet épisode. C'est un épisode assez technique.
Mais si vous suivez bien, vous allez en ressortir avec une nouvelle vision de la façon dont vos émotions fonctionnent.
Dans l'épisode précédent, je vous est présenté la distinction entre l'état de bas-niveau et l'état de haut-niveau.
Pour rappel, le bas niveau c'est tout ce qui est plus physiologique et relatif à la mécanique du corps et du cerveau.
Par exemple la qualité de notre circulation sanguine.
Cet état de bas niveau peut être affecté par l'alimentation, l'exercice physique, le sommeil, le soleil, etc.
Mais aussi par le conditionnement et le déconditionnement.
Le haut-niveau en revanche, c'est tout qui est plus psychologique, plus mental, plus abstrait, plus symbolique, plus situationnel.
Cet état de haut-niveau peut être affecté par l’identité, les projets, les intérêts, les perspectives futures, les relations, l'estime de soi, les éléments de notre environnement, la mission de vie, etc.
Une autre façon de voir les choses, c'est que le bas-niveau c'est la partie matérielle de notre organisme, et le haut-niveau la partie logicielle de notre organisme.
Mais du coup quelle est la place des émotions dans ce modèle ?
Dit autrement est-ce que quand on a un problème émotionnel c'est plutôt un problème de bas-niveau ou de haut-niveau ?
C'est assez difficile à dire, car cette division est trop grossière pour placer un concept aussi diffus.
La réponse simple et juste serait de dire que ça correspond au moyen niveau en fait. Un truc entre les deux.
Eh bien, c'est ni l'un ni l'autre !
Même si les émotions affectent à la fois le bas-niveau et le haut-niveau.
Et c'est évident quand on y réfléchit parce que les émotions ont clairement une dimension psychologique et une dimension physiologique.
Elles affectent l'esprit et le corps. Elles génèrent des sentiments dans la conscience et des sensations dans le corps.
Mais du coup, même si elles affectent le bas-niveau et le haut-niveau, les émotions siègent ailleurs.
Le centre des émotions en fait après y avoir bien réfléchi, ça correspond à ce qu'on pourrait appeler le moyen niveau.
Et je vais vous expliquer pourquoi. Ça éclaire pas mal de choses de voir les choses comme ça.
Tout d'abord il faut bien préciser une chose.
Quand je parle de moyen-niveau je pense que vous imaginez intuitivement un truc du genre de ce schéma, avec le moyen-niveau qui vient s'intercaler entre le haut-niveau et le bas-niveau.
De plus, quand je dis que ce moyen-niveau correspond au siège des émotions, je pense que si vous connaissez le fameux modèle du cerveau triunique avec le cerveau reptilien, le cerveau mammalien et le neo-cortex, vous vous dites "ah ok en fait c'est juste une autre manière de dire la même chose, vu que dans ce modèle les émotions sont aussi au milieu".
Eh bien non, pas du tout.
Déjà dans le modèle du cerveau triunique il n'y a pas d'opposition entre le matériel et le logiciel.
Dans le modèle triunique, chaque "couche" du cerveau, le cerveau reptilien, le cerveau mammalien et le neo-cortex correspond à la fois à du matériel et du logiciel.
Ensuite dans le modèle que je propose, le moyen-niveau n'est pas un truc entre le bas-niveau et le haut-niveau.
Non, il faut plus voir le moyen-niveau comme un second haut-niveau, un haut-niveau parallèle.
Et non un truc hybride qui vient s'intercaler entre les deux.
Dans le sens où comme on l'a vu, le haut-niveau ça correspond grosso-modo à la partie logicielle/psychologique de l'organisme, et le bas-niveau à la partie matérielle/physiologique de l'organisme.
Et on ne peut pas vraiment être un truc entre les deux, ça n'a pas de sens.
Du coup le moyen-niveau, ce n'est pas du "matériel". C'est aussi du logiciel, comme le haut-niveau. Un ensemble de programmes psychologiques si vous préférez.
Et comme le haut-niveau, le moyen-niveau est greffé sur le bas-niveau. Sur la partie matérielle.
Mais de manière largement indépendante du haut-niveau.
C'est à dire que le haut-niveau et le moyen-niveau ne sont pas greffés entre eux, et leur connexion au bas-niveau n'est pas partagée.
Ils ont chacun leur connexion directe avec le bas-niveau.
Même si les deux sont indirectement connectés entre eux par le fait qu'ils partagent le même bas-niveau. Le même matériel, le même corps.
Mais du coup ce qui est crucial à comprendre c'est que le haut-niveau ne passe pas par le moyen-niveau pour communiquer avec le bas-niveau.
Non le haut-niveau est directement connecté au bas-niveau, sans intermédiaire.
En fait justement, sans même parler d'intermédiaire, le haut-niveau et le moyen-niveau ne sont pas connectés du tout.
En gros il n'y a qu'un seul bas-niveau, mais il y a deux haut-niveau parallèles et indépendants qui sont greffés à ce bas-niveau.
Deux dimensions psychologiques pour une dimension physiologique.
Un peu comme s'il y avait deux esprits différents dans le même corps si vous voulez.
Mais la raison pour laquelle j'appelle ce deuxième haut-niveau le moyen-niveau et non le haut-niveau numéro 2 ;
c'est parce que déjà d'un point de vue évolutionnaire, ce moyen-niveau est plus primitif que le haut-niveau.
Ensuite le moyen niveau est beaucoup plus automatique et autonome que le haut-niveau.
Et la raison de cette autonomie est très simple : c'est parce que le moyen-niveau est subconscient alors que le haut-niveau est conscient.
Je repète parce que c'est la différence fondamentale entre les deux : le moyen-niveau est subconscient alors que le haut-niveau est conscient.
Du coup vous allez pouvoir vous dire, ok, en fait le haut-niveau ça correspond à la conscience, et le moyen-niveau ça correspond à l'inconscient.
Et non, je ne pense pas que ce soit pertinent de considérer ça juste comme ça.
Parce que tout ce qui est inconscient n'est pas forcément du moyen-niveau, très loin de là.
Même le contenu de la conscience est en grande partie produit inconsciemment avant d'émerger à la conscience.
Cette production inconsciente du contenu de haut-niveau, elle fait quand même partie du haut-niveau.
Parce qu'elle est relative au contenu de haut-niveau justement, c'est la même logique, c'est le même paradigme.
Alors que le moyen-niveau a sa propre logique complètement à part. Et comme le moyen-niveau est subconscient et autonome, et déconnecté du haut-niveau, eh bien cette logique échappe au haut-niveau.
Même si cela dit, le haut-niveau va essayer d'expliquer et de rationaliser à sa manière les fluctuations de bas-niveau engendrées par l'activité du moyen-niveau.
Mais il n'aura pas d'accès direct à la logique initiale du moyen-niveau qui a engendré les fluctuations, il va juste jouer à la devinette en gros, avec sa propre logique à lui.
Et c'est là qu'on s'éloigne du modèle du cerveau triunique.
Parce que dans le modèle du cerveau triunique
Bref avant de continuer j'en profite pour revenir sur cette idée que les émotions ne sont pas limitées au moyen-niveau, mais affectent le bas-niveau et le haut-niveau.
Et c'est obligé parce que sans ça nos émotions seraient purement subconscientes, étant donné que le moyen-niveau est subconscient.
Or il est évident que nos émotions nous affectent consciemment.
Il est évident également que nos émotions affectent notre corps, elles sont "incarnées".
Et cette influence des émotions sur le haut et sur le bas, elle se fait par le chemin en rouge sur ce schéma.
En gros, toute la dynamique émotionnelle démarre du moyen-niveau.
Mais il ne faut pas considérer que l'ensemble de la dynamique émotionnelle est contenue dans le moyen-niveau.
Non, le moyen-niveau c'est juste le siège de la logique émotionnelle.
Mais les émotions couvrent à fois le bas, le moyen et le haut-niveau.
Si vous préférez il faut juste considérer le moyen-niveau comme des programmes émotionnels, des programmes émotionnels qui vont être déclenchés dans certaines circonstances.
Par exemple, un programme pour déclencher de la peur quand tu perçois la silhouette d'un prédateur.
Et ces programmes, c'est donc ça la base des émotions.
Ce qu'il est important de réaliser, c'est que tout seul, ces programmes ne contiennent pas de sensations ni de sentiments.
Les sensations et les sentiments, elles vont exister grâce à la connexion de ces programmes émotionnels, avec respectivement le bas-niveau et le haut-niveau.
Par abstraction, nous quand on parle d'émotion, on englobe tout en même temps : le programme initial mais aussi les sensations et les sentiments associés.
Encore une fois les émotions recouvrent à la fois le bas, le moyen et le haut-niveau.
Mais c'est important de bien discerner et dissocier les trois composantes des émotions pour mieux comprendre les dynamiques en jeu.
Et surtout pour comprendre pourquoi les problèmes émotionnels, contrairement aux émotions, sont localisés dans un seul niveau.
À savoir le moyen-niveau.
Et que ce qu'il faut régler se trouve à ce niveau là.
Donc tout d'abord, et c'est la première flèche rouge à droite sur le schéma,
le déclenchement d'un programme émotionnel de moyen-niveau, il va entraîner des fluctuations et des perturbations sur le bas-niveau.
C'est ça qui va créer les sensations des émotions.
Sans ce lien, le déclenchement des programmes émotionnels n'auraient aucune sensation associée.
Dit autrement, il faut un corps pour ressentir les émotions.
Ensuite, ces sensations, ces fluctuations et ces perturbations sur le bas-niveau, elles vont remonter sur le haut-niveau.
Tout du moins elles vont être captées par le haut-niveau.
Et le haut-niveau va interpréter ces sensations à sa manière, avec sa propre logique à lui.
Et c'est ça qui va créer les sentiments et la narration.
explains a lot of bullshit
Après si on décompose les choses on peut être plus précis.
À savoir les composantes de haut-niveau des émotions.
Les sentiments et la narration, elles ne peuvent pas exister juste avec le moyen-niveau, sans le haut-niveau.
Ces composantes là dépendent du haut-niveau.
Les sentiments sont en gros les images conscientes de nos émotions, et la narration ce sont les histoires qu'on se raconte à propos de nos émotions. Pour les expliquer, pour leur donner du sens.
Donc tout ça, les sentiments et la narration, ça se passe dans le haut-niveau, même si c'est indirectement relatif à l'activité du moyen niveau.
Et de voir les choses comme ça, ça explique pourquoi on peut autant se bullshiter nous-mêmes à propos de nos émotions.
Parce que le haut-niveau finalement, il a un regard extérieur sur les émotions. Il n'est pas vraiment dans le coup. Il n'est pas dans la confidence, il n'est pas dans le secret.
À aucun moment il n'a accès à la logique originelle des émotions, qui elle se situe dans moyen-niveau.
C'est comme un journaliste qui va monter un dossier sur une entreprise sans vraiment être à l'intérieur de l'entreprise.
Donc il va extrapoler comme il peut pour donner sens à ces émotions.
Même si ce sens de haut-niveau sera très souvent complètement différent du vrai sens de moyen niveau qui est à l'origine des émotions.
Et surtout il sera "traduit" dans un paradigme qui n'est pas le paradigme originel.
Et qui ne pourra jamais permettre de le comprendre.
Un peu comme un chaman qui interprèterait un orage comme une sorte de châtiment des dieux par exemple, au lieu de l'expliquer de manière scientifique.
Autrement dit le haut-niveau n'aura pas directement accès à la cause originelle, il aura juste les effets. Et à partir des effets, il va inférer la cause de ces effets, avec sa propre logique à lui.
Et au passage, cette dynamique, c'est pour ça aussi que consciemment, c'est très difficile pour nous de concevoir une émotion indépendamment des sensations.
Parce que consciemment, on a d'abord les sensations.
L'étape 1, la logique émotionnelle qui est dans le moyen-niveau, on n'y a jamais accès consciemment.
On réalise à travers les sensations qu'une émotion est présente. Et c'est souvent très tardivement par rapport au déclenchement initial du programme émotionnel.
C'est un peu comme de réaliser que tu es enceinte quand tu as les symptômes typiques qui émergent. La conception a été lancée longtemps avant les symptômes.
Du coup consciemment, on conçoit essentiellement l'émotion à travers les sensations et les sentiments.
Pour le haut-niveau, c'est à dire pour nous, pour l'être conscient, une émotion est une abstraction de différentes sensations associées à des sentiments.
Et non, un programme qui va déclencher des sensations.
Bref ça c'était pour les sentiments et la narration.
Ensuite on ce que j'appelle dans ma formation Libération Émotionnelle les charges émotionnelles primitives, et qui est plus important que les sentiments et la narration.
Parce que de bien des manières, c'est ça qui génère les sentiments et la narration.
Et ça, les charges émotionnelles primitives, ça correspond davantage au bas-niveau.
Enfin même ces charges émotionnelles primitives je ne les mettrais pas totalement dans la catégorie bas-niveau, car elles ne sont pas déclenchées et surtout conservées par le bas-niveau, mais par le moyen-niveau.
C'est plus un truc entre les deux. Une sorte de moyen-niveau.
Pour un truc comme ça, la distinction bas-niveau haut-niveau est un peu trop grossière.
Mais ce qui est sûr c'est que les charges émotionnelles primitives affectent le bas-niveau et je dirais même existent grâce au bas-niveau.
Ce sont les changements durables dans le fonctionnement de bas-niveau qui les font exister. Des changements dans le corps.
Et par "durables", je ne veux pas dire que des réponses corporelles sont toujours actives en permanence.
Non.
Pour mieux comprendre, imaginez un bouton qui active du stress dans le corps.
Le changement durable ça ne va pas être que ce bouton sera toujours activé, mais ça va être qu'il sera plus sensible, parce qu'il y a déjà une charge émotionnelle qui fait pression dessus.
Donc si ta réponse de stress change durablement à cause d'une charge émotionnelle, ça ne veut pas dire que tu seras toujours en train de stresser.
Ça veut dire que ta façon de stresser ne fonctionnera plus pareil qu'avant. Que tu stresseras plus facilement par exemple, en particulier dans certaines situations.
Et ce tant que tu conserves cette charge émotionnelle primitive qui fait pression sur le bouton.
Bref, du coup pour en revenir à cette idée de moyen-niveau en tant que haut-niveau parallèle, pourquoi on ne peut pas dire que c'est du haut-niveau tout court ?
Eh bien c'est parce que la logique de moyen-niveau qui régit ces charges émotionnelles, elle est beaucoup trop subconsciente et primitive pour pouvoir être considérée comme du haut-niveau.
Or l'une des marques du haut-niveau, c'est que ça concerne des choses dont on est directement conscient, ou tout du moins dont on peut être directement conscient.
Si ça ne peut pas être à la surface de la conscience, on peut difficilement dire que c'est du haut-niveau.
Et c'est très rare que l'on comprenne consciemment la véritable logique de nos charges émotionnelles primitives.
Ce qui est sûr c'est qu'on ne peut pas directement y accéder en tout cas. Même si on peut la deviner et la comprendre indirectement, en étant éclairé par différents modèles mentaux.
Bref, donc on ne peut pas considérer la logique qui régit nos charges émotionnelles primitives comme du haut-niveau.
Mais en même temps, comme cette logique qui régit nos charges émotionnelles reste une forme de programmation liée à la survie, on ne peut pas non plus dire que c'est purement du bas-niveau.
Pour reprendre la métaphore de l'informatique, ce n'est pas du "hardware", ce n'est pas du matériel. C'est plus une couche primitive de "software", de logiciel. Un peu comme le BIOS sur un ordinateur.
Ou comme le noyau du système d'exploitation. Un truc qui est là en arrière-plan mais que l'on ne voit pas vraiment dans l'interface utilisateur.
Pensez-notamment à ce qui fait que notre cerveau conserve une charge émotionnelle négative après un trauma.
Ok le sens et la raison de cette conservation sont sûrement inconscients et débiles, mais il y a du sens et une raison quand même quoi. Probablement liés à la survie.
Cette conservation de la charge émotionnelle peut être rationnellement expliquée.
Donc il y a un programme qui s'occupe de conserver cette charge émotionnelle en mémoire en gros.
Et ce type de programme, aussi primitif soient-ils, on ne peut pas dire que ce soit du bas-niveau pour autant.
Ça reste des programmes. Ça reste de la psychologie.
Et c'est pour ça que dans ce modèle je trouve ça mieux de considérer le siège des émotions, le siège de la logique émotionnelle, comme un truc de moyen niveau.
C'est une logique parallèle à la logique de haut-niveau.
Avant de continuer j'en profite juste pour préciser que les charges émotionnelles primitives ne sont pas juste conservées par le moyen-niveau.
Non, elles peuvent être également conservées par le bas-niveau et par le haut-niveau.
Par exemple quand une charge émotionnelle dure extrêmement longtemps, elle peut devenir inscrite dans le corps. Notamment dans la tension des muscles.
Et pour ce qui est du haut-niveau, il est évident que ce qu'on se raconte peut nourrir et conserver des charges émotionnelles.
Mais bon, reste que l'essentiel des charges émotionnelles primitives sont gouvernées par le moyen-niveau.
Pour en revenir à la débilité des raisons de moyen-niveau, en fait ce n'est pas que c'est débile en soi, c'est que c'est débile du point de vue du haut-niveau.
Comparativement au haut-niveau, le moyen-niveau est en gros aveugle.
Je reviendrais tout de suite sur cette métaphore, mais en gros la différence de perception entre le haut-niveau et le moyen-niveau,
c'est un peu la même différence de perception entre vous quand vous êtes éveillé, et vous quand vous êtes en plein milieu d'un rêve.
Quand vous êtes en plein milieu d'un rêve, vous pouvez croire à des choses qui vous paraitraient débiles et absurdes si vous étiez éveillé.
C'est parce que quand vous rêvez, votre perception de la réalité est beaucoup plus limitée (notamment en termes d'esprit critique).
C'est un peu la même chose avec le moyen-niveau.
Le moyen-niveau est extrêmement limité en termes de perception de la réalité et donc fait des inférences énormes à partir du peu de données qu'il a.
Vis-à-vis des données qu'il a, ses réactions ne sont pas du tout débiles, au contraire.
C'est juste qu'il lui manque des données parce que sa perception est très limitée.
Par exemple s'il reçoit un signal négatif, le moyen-niveau va déclencher un programme de survie, même si en fait c'est une fausse alarme et donc que c'est inapproprié.
Et il ne va pas pouvoir s'arrêter, parce qu'il est aveugle au fait que ce soit une fausse alarme et non une véritable alarme.
Il n'a rien pour lui indiquer que ce n'est pas le cas.
Peut-être que le haut-niveau lui a des données qui lui indiquent que c'est une fausse alarme, mais ces données de haut-niveau ne peuvent pas accéder au moyen-niveau.
Pour que le moyen-niveau s'arrête il va falloir qu'il reçoive un signal qu'il peut recevoir et comprendre.
Encore une fois, c'est un peu comme quand on rêve durant le sommeil. Et en particulier quand on fait un cauchemar.
Si on était réveillé, on se rendrait compte que le contenu du rêve est imaginaire et qu'il n'y a pas de raison de stresser.
Mais quand on est dans le rêve, il nous manque les données pour réaliser que c'est juste notre imagination, et donc on réagit comme si c'était réel.
Et on réagit comme si c'était réel y compris à des scénarios qui de l'extérieur sont complètement absurdes et incohérents.
Parce que de l'intérieur du rêve, on n'a pas les données pour réaliser que c'est absurde et incohérent.
C'est en gros une dynamique du genre qui se passe dans le moyen-niveau.
Et le truc c'est que contrairement au cauchemar où il suffit de se réveiller pour accéder aux données qui nous font réaliser que c'était une fausse alarme,
eh bien on ne peut pas faire la même chose avec la réalité parallèle du moyen niveau, parce qu'on est déjà éveillé !
Peu importe les données qu'on accumule sur le haut-niveau, il y a une imperméabilité entre le haut-niveau et le moyen-niveau.
Autrement dit pour poursuivre la métaphore du rêve, on ne peut pas réveiller le moyen-niveau, qui lui reste enfermé dans son rêve.
Pour pouvoir affecter le moyen-niveau il ne va donc pas falloir chercher à le réveiller, mais tout simplement chercher à affecter le monde de son rêve.
En mode "inception".
Pour que vous compreniez encore mieux où je veux en venir, imaginez votre moyen-niveau comme une autre personne.
Vous vous êtes éveillé, et elle elle est en train de dormir.
Imaginez que cette personne est en train de faire un cauchemar, et qu'avec une machine d'imagerie super avancée, vous pouviez voir le contenu de son cauchemar.
Par exemple, concrètement vous pouvez voir que dans son cauchemar, elle s'imagine comme étant pourchassée par une bête enragée, et que cela entraîne beaucoup de stress en elle.
Bien sûr, vous vous savez que cette bête enragée n'existe pas vraiment.
Mais le fait que vous vous savez ça, ça ne va pas pour autant faire réaliser la même chose à la personne qui est en train de faire le cauchemar.
Parce que votre esprit est cloisonné de son esprit, il n'y a pas de communication entre les deux.
Et surtout, votre savoir ne va pas faire disparaître la bête enragée de son cauchemar.
Non, la personne va rester dans son cauchemar et ne va jamais accéder à votre savoir. Ça ne lui servira à rien.
Pour elle, la bête enragée sera toujours là, et semblera toujours aussi réelle.
En revanche, si avec la machine vous ne faites pas qu'observer le rêve, mais vous arrivez à influencer le contenu du rêve, et notamment à faire disparaître la bête enragée, alors là ça va changer les choses pour cette personne.
Elle va continuer à rêver dans son monde, elle va continuer à ne pas avoir accès à votre savoir, mais elle ne sera plus dans un cauchemar.
Enfin pour terminer avec cette métaphore, de la même manière qu'il n'existe aucune machine capable de percevoir directement le contenu des rêves d'une autre personne, le haut-niveau est incapable de percevoir le contenu du moyen-niveau.
Si c'était le cas, ça serait beaucoup plus facile de régler nos problèmes émotionnels, parce qu'ils seraient alors clairement définis.
Mais ce n'est pas le cas. Pire que ça, non seulement on ne voit rien du contenu originel de nos problèmes émotionnels, mais bien souvent on croit qu'on le voit !
Ce qui nous fait faire fausse piste en croyant aller dans la bonne direction...
Donc non seulement nous n'avons qu'une influence indirecte sur le moyen-niveau, mais en plus notre vision du moyen-niveau est complètement opaque, ce qui rend le travail émotionnel délicat.
De réfléchir à ça comme ça, ça permet de bien comprendre comment le moyen-niveau perçoit la réalité et réagit à la réalité.
Et ça permet également de comprendre les leviers qu'on a pour affecter la réalité du moyen-niveau, et au contraire ça permet de réaliser ce qui est totalement inutile et impuissant, ainsi que les pièges qu'il faut éviter.
Pour résumer, ce qui se passe consciemment dans votre tête, ça se passe dans le haut-niveau.
Or les origines des émotions se trouvent dans le moyen-niveau.
Et le haut-niveau n'a pas un accès direct au moyen-niveau.
L'erreur serait donc de croire qu'on peut intuitivement comprendre la logique de nos émotions, qu'on y accède de manière transparente.
Non, pas du tout.
Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas comprendre la logique de nos émotions.
Ça veut juste dire qu'on ne peut pas se fier à ce qui est intuitivement inféré/interprété dans le haut-niveau pour expliquer nos émotions.
Ce qui est intuitivement inféré sur le haut-niveau c'est une histoire, une interprétation relativement libre, créée après coup, pour justifier ce qu'on ressent.
Une rationalisation pour s'expliquer à nous-mêmes ce qu'on ressent.
Parce que le haut-niveau déteste ne pas avoir d'explication.
Le problème c'est que les interprétations intuitives du haut-niveau, elles sont souvent beaucoup trop autobiographiques, romantisées et biaisées.
Elles embrouillent et masquent la réelle logique émotionnelle beaucoup plus qu'elles ne la révèlent.
D'un côté le haut-niveau manque cruellement de lucidité et de recul dans son interprétation intuitive des émotions, et de l'autre côté il a beaucoup trop de liberté dans son interprétation intuitive des émotions.
Liberté qui lui fait pratiquement créer sa propre vision de la réalité.
Intuitivement, il n'est pas ancré dans une analyse terre à terre et systémique.
Au contraire, il crée sa propre bulle de cohérence interne, désancrée de la cohérence globale "externe".
Dit autrement, pour évaluer correctement et objectivement un de nos problèmes émotionnels, il faut le voir sans notre ego.
Et justement les interprétations intuitives du haut-niveau nous font voir nos problèmes émotionnels exclusivement à travers notre ego.
Donc on ne peut pas se fier à ce qui est intuitivement inféré/interprété dans le haut-niveau pour expliquer nos émotions,
parce que le haut-niveau est beaucoup trop déconnecté du moyen-niveau pour en avoir une vision intuitive correcte.
Et surtout, cette déconnexion, ça veut dire qu'on ne peut pas régler les problèmes émotionnels en les considérant juste vis-à-vis du haut-niveau.
...
Bref, la première étape de la compréhension de la logique derrière nos émotions, c'est de prendre conscience qu'on ne peut pas la comprendre intuitivement.
On peut la comprendre, mais de manière beaucoup plus analytique, en mettant notre ego de côté et en analysant notre situation à la troisième personne, avec des analyses beaucoup plus objectives, des raisonnements beaucoup plus "scientifiques" on va dire (dans le sens ancré dans la biologie et compagnie, et non dans notre histoire personne, dans notre autobiogaphie... Parce que raisonner de manière autobiographique, ça nous fait rentrer dans le domain de la fiction et de la fantaisie).
En fait comprendre la logique de ses propres émotions, il faut davantage voir ça comme comprendre les émotions de quelqu'un d'autre.
C'est à dire qu'à l'intérieur du haut-niveau, il faut considérer le moyen-niveau, le siège de nos émotions, comme une sorte de personne externe.
Et je dirais même une personne externe beaucoup plus limitée que nous. Presque comme un animal en fait. Ou un alien.
Et ça ça va être d'autant plus important pour l'influencer.
Par exemple si vous avez un animal de compagnie et que vous voulez qu'il change quelque chose dans son comportement, vous n'allez pas lui expliquer comme si c'était un humain.
Non vous allez lui faire comprendre à travers des choses que lui il peut comprendre.
Eh bien c'est un peu la même chose avec le moyen-niveau, avec le siège de nos émotions.
Il faut chercher à comprendre son moyen-niveau, mais il ne faut pas simplement considérer ça comme un être humain.
En gros il faut faire preuve d'empathie vis-à-vis de son moyen-niveau (qui je le rappelle encore est le du siège de nos émotions).
Mais attention, pas n'importe quelle empathie : l'empathie allocentrique et non l'empathie égocentrique.
L'empathie égocentrique c'est quand on essaie de se mettre à la place de quelqu'un d'autre, mais en gardant notre référentiel à nous : en gardant nos valeurs, en gardant nos préférences, en gardant notre façon de percevoir les choses, en gardant nos capacités, en gardant notre niveau d'intelligence, en gardant nos croyances, etc.
En gros l'empathie égocentrique ça revient à ressentir ce que nous on ressentirait si on était à la place de l'autre, et non pas ressentir ce que l'autre ressent vraiment avec son paradigme existentiel à lui.
L'empathie égocentrique c'est considérer la perspective de l'autre depuis notre propre paradigme existentiel, et non depuis le paradigme existentiel de l'autre.
En gros il n'y a pas vraiment une considération de l'autre dans l'empathie égocentrique, il y a juste une considération de sa situation.
On considère la situation de l'autre sans le considérer lui-même.
L'empathie allocentrique en revanche, c'est quand on essaie de se mettre vraiment à la place de l'autre, avec tout ce que cela implique.
C'est quand on essaie de s'oublier.
C'est une empathie qui demande plus d'efforts.
Bien sûr on ne peut jamais vraiment avoir une empathie allocentrique parfaite, on peut simplement tendre vers ce type d'empathie, mais c'est ça qui compte.
De rechercher à comprendre l'autre de la façon dont lui perçoit les choses.
Et non de la façon dont nous on les percevrait si on était à sa place.
...
Bref, faire preuve d'empathie égocentrique envers la logique de nos émotions, ça serait essayer de se mettre à sa place depuis notre perspective de haut-niveau.
Ça serait la considérer comme un être humain conscient, et donc nous faire raisonner en mode haut-niveau, et justement c'est ça qu'on doit éviter pour parvenir à la comprendre.
Il faut essayer de se mettre à sa place depuis sa perspective de moyen-niveau, avec toutes les limitations que cela implique.
Et non essayer de se mettre à sa place depuis notre perspective de haut-niveau.
Bas-niveau en rade -> moyen niveau
Et donc, de comprendre ce modèle, ça informe sur la façon dont on doit procéder pour régler un problème émotionnel.
Notamment, avec ce modèle c'est évident que se focaliser sur le haut-niveau est insuffisant, car le haut-niveau est trop déconnecté du moyen-niveau.
Donc les thérapies psychologiques purement narratives, qui n'impliquent pas le corps, elles tendent à être inefficaces.
En fait justement ce modèle nous informe que le truc qu'on peut faire vis-à-vis du haut-niveau pour régler un problème émotionnel, c'est d'empêcher le haut-niveau de faire des inférences pourries et complètement à côté de la plaque.
Inférences que le haut-niveau fait naturellement pour expliquer les perturbations sur le bas-niveau.
Autrement dit la meilleure aide que peut apporter le haut-niveau, c'est de se taire. De se mettre en pause.
Ce qui est pourquoi une grande part du processus d'acceptation et de lâcher prise consiste à couper l'ego, à couper le jugement, etc.
Parce que ça fait plus interférence qu'autre chose.
Le haut-niveau peut aider bien sûr, mais pas dans sa manière intuitive de procéder.
Ensuite deuxième point important, ce modèle nous informe que pour atteindre et influencer le moyen-niveau on peut utiliser les sensations de bas-niveau. Et j'ai même envie de dire, on doit utiliser les sensations, si on veut être efficace.
Parce que s'il est vrai qu'il n'y a pas de connexion entre le moyen-niveau et le haut-niveau, en revanche, il y en a une entre le moyen-niveau et le bas-niveau.
C'est pour ça que selon moi toute thérapie psychologique digne de ce nom, doit inclure le corps, doit inclure les sensations, etc.
Ne serait-ce que par la pleine conscience et la respiration.
La dimension narrative a sa place dans la thérapie, mais dans une conjonction avec la dimension corporelle.
Sur ce, si vous voulez aller plus loin dans le travail de gestion émotionnelle,
je vous rappelle que j'ai sorti une formation pour vous guider sur ce terrain là. La formation Libération Émotionnelle.
Vous pouvez également réserver une séance de coaching privé avec moi si vous voulez un accompagnement personnalisé.
Je vous mets toutes les infos dans la description et dans le commentaire épinglé.
Allez, merci de m'avoir écouté jusqu'au bout et à bientôt pour la prochaine vidéo, ciao.
Maîtrisez votre esprit, développez votre conscience, élevez votre existence !