Le 13/11/2020

TOUS CORROMPUS ? Comprendre l'étendue de la corruption #0260



Si on veut discuter sérieusement de questionnements à propos de ce que cache les événements, des réelles intentions des gens, du pouvoir, de la corruption, des malversations, des intérêts, etc, alors on doit réfléchir sur des bases rigoureuses.

Bonjour et bienvenue,

c'est Bertrand de la Fondation MAGister,

l'école des héros du monde réel.

...

Dans l'épisode d'aujourd'hui on va parler de conspiration et de complot.

C'est un thème que j'ai déjà abordé dans le passé,

mais il me semble important de revenir dessus.

Parce que le débat sur les conspirations a clairement besoin d'être remis à zéro et repartir sur des bases saines.

Actuellement la situation sur ce débat est envenimée à un point où c'est devenu irrécupérable.

Partout où je vois des débâts sur les conspirations, je vois les gens tomber dans les mêmes pièges, je vois les gens ne pas se comprendre les uns les autres, je vois les gens se bloquer, se retrancher et démarrer au quart de tour en mode émotionnel.

Certaines personnes ont l'impression que l'on ne peut plus se questionner sur ce que cache les événements,

que l'on ne peut plus se questionner sur la version publique de l'histoire,

que l'on ne peut plus se questionner sur les réelles intentions des gens,

que l'on ne peut plus se questionner sur le pouvoir, sur la corruption, sur les malversations, sur les conflits d'intérêts,

sans être systématiquement catalogué comme un timbré ou un idiot ahuri qui imagine des théories conspirationnistes.

Et pourtant ces personnes pensent à juste titre qu'il est important de garder du recul, de suspecter les informations qui nous sont données,

et de ne pas croire naïvement que tout ce qu'on nous montre publiquement n'a pas été bien travaillé en amont.

Je veux dire sans même parler de censure et de propagande, il est indiscutable qu'à notre époque il y a énormément d'efforts qui sont fait au niveau de la gestion de l'image, de la gestion des relations publiques, du filtrage du message communiqué et du message non communiqué, du filtrage et de l'adaptation de la vérité, de la préparation des porte-paroles, etc,

et tout ce travail c'est une forme de manipulation de l'information.

Ce n'est pas de la censure et de la propagande, mais c'est des cousins plus softs de la censure et de la propagande.

...

D'autres personnes ont le sentiment que la décrédibilisation, la caricature et la ridiculisation des complotistes est une manière pratique de faire l'autruche et d'étouffer les vrais problèmes et les lanceurs d'alerte, et de faire comme si tout allait bien.

De jeter le bébé avec l'eau du bain.

D'autres personnes encore ont l'impression que tout ceux qui doutent des théories du complot et des théories conspirationnistes sont soit des complices passifs par leur laisser faire, soit des collabos par leur objection, soit des moutons naïfs qui pensent que le monde est rose, que tout le monde est gentil, qui ne se doutent de rien, etc.

Pour ces personnes rien que de parler de théorie et de croyance à propos des complots est absurde,

c'est une forme de déni parce que les complots existent, c'est indubitable,

ce ne sont pas des croyances ou des théories, ce sont des faits.

Autrement dit il y a souvent un gros déséquilibre paradoxal du doute dans ces débats.

Certaines personnes vont appliquer une stratégie de suspicion et de doute extrême vis-à-vis de l'extérieur, mais refuser toute forme de doute vis-à-vis d'eux-mêmes.

Ils vont douter de tout à l'extérieur, mais de rien à l'intérieur.

Leur paranoia extérieure n'aura d'égale que leur foi intérieure.

D'autres personnes à l'inverse vont tellement douter de l'intérieur,

ils vont tellement avoir peur de croire une bêtise et d'être complotiste à tort,

qu'ils ne vont plus se douter de rien à l'extérieur.

...

Et honnêtement je pense que le problème de fond dans tout ça,

il vient des termes conspiration et complot, qui sont beaucoup trop glissants et beaucoup trop chargés.

Déjà les gens n'associent pas du tout la même signification à ces termes,

et donc à partir de là ils sont voués à partir sur de mauvaises bases de dialogue.

Ensuite beaucoup de personnes ont associé leur identité autour du fait d'être pour ou contre les théories du complot, ce qui biaise complètement leur approche.

...

Et donc personnellement, je pense que si on veut discuter sérieusement de questionnements à propos de ce que cache les événements, de questionnements sur les réelles intentions des gens, sur le pouvoir, sur la corruption, sur les malversations, sur les intérêts, etc

eh bien je pense qu'on doit abandonner les concepts de "conspiration" et de "complot" en tant que concepts centraux de ce genre de débat ;

Et les remplacer par les concepts plus généraux de corruption et de malversation.

Ça ne veut pas dire qu'on ne doit plus jamais parler de conspiration et de complot,

non, simplement qu'on doit les reléguer à un usage secondaire et précis,

et non plus les mettre systématiquement au centre des débats,

ne plus les faire systémiquement rentrer dans l'équation.

Les termes "conspiration" et "complot" doivent être utilisés avec parcimonie pour qualifier certains problèmes de corruption et de malversation particuliers,

et non plus pour englober les problèmes de corruption et de malversation en général.

...

Ce que je veux dire par là c'est que le terme conspiration est un très mauvais socle pour circonscrire et contenir les débats sur les problèmes de corruption et de malversations.

Il est mal approprié pour la plupart de ces problèmes, il corrompt les débats et induit en erreur notre interprétation des dynamiques en jeu.

Comme on le verra plus tard, beaucoup de problèmes de corruption et de malversation,

ne sont pas de l'ordre de la conspiration ou du complot,

ils sont beaucoup plus insidieux et naturels.

La plupart des gens utilisent par défaut les termes de conspiration et de complot,

parce que c'est la première chose qui leur vient à l'idée pour parler de ce domaine de problèmes,

et qu'ils n'ont pas vraiment d'autres mots en tête pour parler de ça.

D'ailleurs je pense que beaucoup de personnes savent que ces termes sont galvaudés et pas forcément adaptés mais ils les utilisent quand même parce qu'ils ne voient pas comment appeler ça sinon.

...

Bref, avant d'aller plus loin dans le développement, on va d'abord prendre le temps de s'intéresser au concept de corruption pour mieux comprendre pourquoi ce concept me semble être un bon socle pour centraliser les débats sur les dérives négatives du monde.

La raison n°1 c'est que le concept de corruption peut avoir un sens très abstrait.

Quelque chose qui est corrompu, c'est quelque chose qui s'est dégradé, quelque chose qui a perdu son intégrité, ou perdu sa pureté.

Quelque chose qui a été modifié en mal.

Et ça c'est un concept que l'on peut appliquer à plein de choses sans trop de connotation en termes de conscience notamment,

contrairement aux termes conspiration et complot.

Par exemple en informatique on parle de fichier corrompu pour les fichiers qui ont été mal enregistrés, qui ont perdu leur intégrité et que le logiciel ne peut plus lire correctement.

De toute évidence ce genre de corruption n'implique pas de consicence de la corruption.

...

Ce qu'il faut remarquer c'est que dans le verbe "corrompre" il y a la racine "rompre".

Quelque chose qui se rompt, c'est quelque chose qui se brise.

Et le préfixe "co" dans "corrompre" renvoie à l'idée que ce queque chose s'est brisé en relation à quelque chose d'autre qui l'a poussé à se briser.

Donc à travers ce "co" de "corrompre", on retrouve l'idée de se faire pervertir par quelque chose, de se faire infecter, de se faire contaminer jusqu'à craquer et passer du côté obscur.

...

Ce qui nous mène à la raison n°2 de l'intérêt global de ce terme : la corruption est une force en soi qui n'a besoin de personne pour la faire exister.

Elle est très analogue au pourrissement et à l'entropie.

Par exemple on peut prendre le cas d'une personne qui jusqu'à là était dans le droit chemin et faisait des efforts pour fournir et vendre un produit de qualité sur le marché,

et qui après des années d'efforts sort du droit chemin et s'abaisse à fournir et vendre un produit de basse qualité pour avoir moins d'efforts à faire.

Il y a quelque chose dans cette personne qui a été corrompu.

Il y a quelque chose en elle qui s'est rompue par l'apât du gain, de la facilité, etc.

Et cette personne n'a eu besoin de personne pour la corrompre.

De la même manière qu'un fruit déconnecté de son arbre n'a besoin de personne pour pourrir.

Autrement dit certaines tentations, certaines forces egoïques impersonnelles peuvent suffire à nous corrompre.

La corruption peut exister sans intention de corrompre, sans qu'une offre ne soit faite par un agent externe.

La corruption peut ne pas avoir de responsable si ce n'est elle-même.

C'est pour ça que je trouve aussi les termes de malversation et d'avilissement très pertinents.

Dans la racine latine du mot malversation, il y a cette idée de virer dans le mal.

Et dans le mot avilissement, il y a cette idée de s'abaisser en mal.

Ce qui est grosso-modo l'inverse de ce qu'on doit aspirer à faire.

On doit essayer de s'élever et de se tenir à des idéaux.

...

Ce qui nous mène à la raison n°3 de l'intérêt global du terme corruption : dans un certain sens de la corruption il y a l'action de se détourner de son devoir supérieur, de s’engager à faire quelque chose contre l’honneur.

Je répète parce que cette phrase est importante : dans un certain sens de la corruption il y a l'action de se détourner de son devoir supérieur, de s’engager à faire quelque chose contre l’honneur.

L'honneur renvoyant au sentiment d'une dignité morale, estimée plus haut que tous les biens, et qui porte certaines personnes à des actions loyales, nobles et courageuses.

Sachant que ce qui est digne et noble peut être vu comme ce qui contribue au bien général, au bien commun et non à son intérêt personnel.

Je pense que ce point est vraiment très important parce qu'au bout du compte c'est ça que l'on cherche à punir et réprimander.

Le fait que certaines personnes, notamment celles en position de pouvoir, se détournent de leur devoir supérieur et fassent des choses indignes de leur position.

Un grand pouvoir vient avec de grandes responsabilités.

On peut d'ailleurs lier tout ça avec l'idée d'avoir une conscience.

Tout du moins dans le sens d'avoir une conscience morale qui guide nos actions, qui nous fait tendre vers un idéal, qui nous fait avoir des remords quand on fait quelque chose de mal, etc.

On veut des leaders qui ont une conscience morale forte, des leaders qui ne vont pas être facilement amenés à agir contre leur conscience.

Autrement dit des leaders qui ne vont pas être facilement corrompus, que ce soit par des forces externes ou internes.

Cette idée de conscience morale est très pertinente parce qu'elle réaffirme la raison n°2.

À savoir qu'il peut y avoir un conflit intérieur entre notre conscience morale et notre ego,

et que la corruption peut arriver simplement si notre ego nous amène à agir contre notre conscience morale,

sans que personne d'autre ne nous ai amené à le faire.

...

La raison n°4 de l'intérêt global du terme corruption, et c'est de loin la plus importante,

c'est que le terme s'applique à des dynamiques complexes et moins évidentes.

L'un des problèmes avec les concepts de conspiration et de complot, c'est que c'est assez grossier comme forme de corruption.

C'est un peu une corruption avec des gros sabots si vous voulez.

Une corruption faite exprès. Une corruption malévolente.

Une corruption purement consciente d'elle-même, une corruption intentionnelle et volontaire à travers laquelle des gens essaient délibérement d'en contrôler d'autres, d'installer de la peur en eux, etc.

C'est très machiavélique.

Alors que dans la réalité la corruption est souvent bien plus subtile.

Je dirais même que très souvent, la corruption s'ignore.

Je répète parce que c'est un point crucial : très souvent, la corruption s'ignore,

elle est complètement transparente pour elle-même et se prend pour quelque chose d'autre.

En fait, ironiquement, l'une des formes les plus vicieuses de corruption,

c'est la corruption qui se croit anti-corruption.

C'est à dire que pour en revenir au point 3 sur l'honneur et le devoir supérieur,

certaines personnes sont convaincues de se battre pour une noble cause,

pour l'honneur et la dignité, alors qu'en fait elles sont corrompues sans le savoir.

Et clairement certains conspirationnistes et anti-conspirationnistes en sont l'exemple parfait.

Tous les conspirationnistes et anti-conspirationnistes ne sont pas concernés bien sûr,

mais les plus extrêmes ont clairement la pensée corrompue alors qu'ils se croient justement objectifs et bien intentionnés, du côté de la "lumière" et de la vérité.

De conceptualiser leur démarche biaisée comme une démarche de recherche et de révélation de la vérité alors qu'ils ne tournent jamais leurs soupçons vers eux-mêmes, qu'ils balancent des théories et des accusations gratuitement sans travail d'investigation, et qu'ils restent enfermés dans leur chambre d'echo,

c'est une corruption implicite.

C'est une perversion et une corruption implicites de leur mission de recherche de vérité et du pouvoir qu'à le concept de vérité.

Ça renforce et amplifie leur aveuglement en faisant passer ça pour de l'éveil de conscience.

J'en profite pour préciser que dans un certain sens, corrompre quelque chose, c'est le détourner, c'est exploiter son pouvoir de manière inappropriée, c'est mal l'utiliser, c'est l'utiliser dans une utilisation qui va contre son sens d'origine, c'est changer son sens tout en croyant l'utiliser de manière correcte.

Un exemple peut-être plus évident de cette forme de corruption c'est celle du pouvoir de la science, qui est corrompu par des charlatans qui utilisent des concepts scientifiques pour créer leurs propres théories fumeuses.

Comme il y a des termes scientifiques dans les théories fumeuses, ça paraît vrai et scientifique.

...

Comprenez moi bien je ne suis pas en train de vous dire que les gens qui font ça sont corrompus dans le sens où ils ont délibérement choisi de manipuler la vérité, de mal tourner les choses et de ne pas être objectif.

Non, au contraire, ils sont corrompus sans s'en rendre compte.

Ils sont justement corrompus dans le sens ils ne soupçonnent pas du tout l'activité manipulatrice des biais cognitifs de leur cerveau par défaut,

qui déforme, sélectionne, masque, supprime, rationnalise, simplifie, généralise, etc,

et donc qu'ils laissent ces biais cognitifs manipulateurs proliférer hors de contrôle et donc corrompre leur pensée et leur perception.

De leur point de vue ils sont dans le camp du bien, du juste, de la vérité et de la raison.

Mais ils ne se rendent pas compte que c'est leur cerveau qui les manipulent pour leur faire croire que eux sont dans le bien, le juste, la vérité et la raison, et en face les autres sont dans le mal, l'erreur, etc.

Ce détournement et ce retournement inconscients des concepts et des valeurs c'est une forme de corruption assez vicieuse.

Et c'est en ce sens là qu'ils sont corrompus.

Ils ne sont pas tellement coupables de corruption, mais victimes de corruption.

Ils sont corrompus dans le sens ils ne se sont jamais rendu compte que leur outil d'observation de la réalité est biaisé et qu'ils agissent comme s'il ne l'était pas.

Corrompus dans le sens où ils ne se sont jamais rendu compte que leur façon de donner du sens au monde et de percevoir le mal est fortement conditionnée par leurs croyances et leurs valeurgies internes.

Corrompus par ces dynamiques d'auto-confirmations et de non remise en question de soi.

Ils sont manipulés par leur propre Ego.

En mode chasse aux sorcières.

...

Bref, on aimerait bien que la corruption soit une affaire simple,

on aimerait bien qu'il y ait les gentils et les méchants,

on aimerait bien qu'il y ait les coupables et les innocents,

on aimerait bien qu'il y ait des personnes qui agissent avec l'honneur et d'autres contre l'honneur.

Mais justement ça, cet abaissement à réduire et simplifier les choses,

c'est en soi une forme de corruption.

Une corruption par la simplification.

Une forme de corruption qui est une souche pour le développement de davantage de corruption.

La corruption n'est pas une affaire simple.

Il y a plein de petits biais qu'on ne soupçonne pas qui progressivement nous manipulent, interfèrent et pourrissent les choses.

Un peu comme un virus qui s'installe.

Par exemple le biais cognitif de confirmation.

Les gens qui sont obsédés par les conspirations sont corrompus par la présence interne de ce concept de conspiration, qui biaise leur perception.

On ne peut pas être obsédé par une idée sans conséquence.

Tout concept présent dans notre capsule de conscience, dans les discours, dans les débats, cela biaise notre perception.

...

Du coup il faut bien comprendre que quand on est corrompu, notre corruption ne se révèle pas forcément consciemment à nous.

Non, au contraire elle se développe souvent progressivement, de manière couverte, masquée, transparente et inconsciente.

C'est extrêmement naïf de croire que les gens corrompus sont forcément conscients de leur corruption.

Justement la raison pour laquelle les gens corrompus arrivent à vivre avec leur corruption, c'est qu'ils en sont largement inconscients,

ils sont convaincus de ne pas être corrompu.

Nos cerveaux sont des maîtres dans l'art de se voiler la face.

Honnêtement si vous êtes un conspirationniste extrême et que vous n'arrivez pas à concevoir que les gens peuvent être inconscients et aveugles à leur propre corruption,

vous avez simplement à tourner votre attention vers l'intérieur, regarder vos pensées, etc.

Vous n'allez probablement ressentir aucune corruption en vous n'est-ce pas ?

Eh bah voilà c'est pareil pour les autres.

Vous avez l'expérience directe de comment c'est possible d'être corrompu sans s'en rendre compte.

Et si vous vous dites que je raconte n'importe quoi et que vous vous n'êtes pas corrompu, que ce n'est pas pareil, etc

et bien vous avez l'expérience directe de la puissance des mécanismes de défense et de déni qui nous font rester dans l'illusion à propos de notre propre corruption.

...

La corruption agit de manière sournoise,

mais ça ne veut pas dire que les gens corrompus agissent de manière sournoise.

Non, ça arrive, mais bien souvent c'est juste la corruption en elle-même qui est sournoise.

...

Un exemple de corruption similaire, qui peut aider à mieux comprendre où je veux en venir,

c'est la déformation progressive d'un message à mesure qu'il est transmis de personne en personne et qui fait qu'avec le temps le sens original devient perdu, détourné, corrompu, qu'il y a de gros malentendus, etc.

Ça renvoie un peu à cette idée d'entropie et de fichier corrompu dont je vous parlais au début de l'épisode.

...

La corruption permet en ce sens de caractériser ces dynamiques virales et insidieuses qui agissent dans l'ombre, à notre insu,

qui font mauvaise interférence et qui font que les choses ont tendance à progressivement partir en couilles et devenir corrompues et toxiques.

Par exemple, comme je vous l'expliquais au début de cet épisode, je pense que le débat sur les conspirations est en soit corrompu parce que les gens ne se comprennent plus et ont développé des attachements identitaires trop forts avec telle ou telle position.

Et pour moi ça c'est la pire corruption qui soit en fait.

Parce qu'elle est extrêmement dure à éliminer étant donné qu'elle est aveugle à elle-même.

Je veux s'il n'y avait que des conspirations et des complots comme corruption dans le monde,

mais ça serait bien bien plus simple d'éliminer la corruption.

On aurait juste à éliminer les méchants.

C'est ça que beaucoup de gens ne comprennent pas.

Les conspirations et les complots c'est le moindre de nos problèmes.

Le vrai problème c'est que la corruption est beaucoup plus enracinée et globale que ça.

Elle découle avant tout des biais de notre esprit.

...

Et selon moi toute personne qui veut sérieusement s'élever contre la corruption doit être consciente de ça.

La plupart des débats sur les conspirations et anti-conspirations,

ce n'est pas sérieux.

C'est de l'amateurisme.

Encore une fois le soucis n'est pas de s'attaquer à la corruption,

le soucis c'est de s'attaquer à la corruption de manière simpliste et biaisée,

et donc au final rajouter encore plus de corruption.

Ce qui est ce que font trop de conspirationnistes.

Trop de conspirationnistes sont dans une démarche toxique.

Ce qui donne une mauvaise image aux mouvements anti-corruption.

...

Et donc je me répète mais si vous voulez sérieusement discuter des problèmes de corruption et de malversations qu'il y a dans le monde et arrêter de faire ça comme un amateur,

alors distancez vous des concepts de complot et de conspiration.

Mettez les au second plan ces concepts.

Comme je vous l'ai déjà expliqué, et comme on le reverra plus tard,

ces concepts n'ont rien à faire au centre des débats sur la corruption et la malversation.

Ils sont beaucoup trop spécifiques et doivent être gardés pour leur usage spécifique.

Si on commence à mal employer les termes, on part direct sur de mauvaises bases,

et ce n'est pas bon. Ce n'est pas sérieux.

Et au bout du compte je pense que le gros point de contention entre les conspirationnistes et les anti-conspirationnistes se trouve ici.

Une partie de la population réagit négativement quand il est dit que les partisans des théories conspirationnistes se font tous des idées stupides.

Pour eux c'est une caricature de dire que tous les partisans de la théorie du complot sont délirants.

C'est une façon de détourner les yeux du problème.

Pourquoi ils réagissent comme ça ? Parce qu'ils interprètent la négation des théories conspirationnistes comme la négation de la corruption et des malversations.

Ce qui en fait est rarement le cas.

La plupart des détracteurs des théories conspirationnistes ne remettent pas en question les problèmes de corruption et de malversations qui se passent dans le monde.

Le point de contention ce n'est pas la corruption.

C'est d'expliquer où est la corruption et comment elle fonctionne.

C'est là qu'il y a un désaccord.

Donc encore une fois si vous êtes sérieux à propos de ce genre de questionnements,

arrêtez de vous confondre avec les gens qui parlent de conspiration à tout va sans aucune rigueur intellectuelle.

Clairement il y a des gens qui seront probablement toujours trop bêtes pour s'en empêcher.

Je ne me fais pas d'illusions là dessus.

Mais vous n'êtes pas obligé de faire comme eux.

Et si vous voulez être pris au sérieux, alors c'est de votre responsabilité de ne pas faire comme eux.

...

Après je sais qu'il y a aussi beaucoup de gens qui peuvent arrêter de parler de conspiration à tout va,

mais pas par la raison et les arguments logiques externes.

Non par le travail énergétique interne. Le travail émotionnel.

Parce que leurs émotions et leurs valeurgies internes vont agir comme des filtres et toujours trouver un moyen de rationaliser l'extérieur pour défendre leur paradigme.

On en revient à la corruption qui vient de l'intérieur.

C'est le coeur du problème systémique de la corruption si vous voulez mon avis.

Quand les gens se sentent mal à l'intérieur, c'est là qu'ils vont commencer à tomber dans toutes sortes de raisonnements et de croyances radicaux et révoltés à propos du monde.

Ils deviennent susceptibles à ça.

Le besoin de révolte dans leur propre vie se répercute dans leur relation au monde.

Parce que les émotions agissent comme des filtres.

Autrement dit leur mal-être interne va corrompre leur perception du monde.

L'intérieur va colorer l'extérieur, il va se projeter sur l'extérieur.

Beaucoup de conspirationnistes extrêmes, ce sont des gens qui vont mal dans leur vie.

Ils ne se sentent pas bien émotionnellement, ils sont paranoïaques, ils n'ont confiance en personne, ils ont beaucoup de resentiment et de conflit en eux,

il n'y a rien dans leur vie pour les ancrer dans un sentiment de sécurité.

Et donc ils gravitent naturellement autour des conspirations, ils résonnent bien avec d'un point de vue valeurgique.

...

Et si on ne solutionne pas les problèmes émotionnels des gens, alors ça ne sert à rien d'essayer de régler les problèmes de croyances radicales à propos du monde,

qui ne sont au final que des symptômes de ce problème racine.

Les gens vont toujours se diriger vers ce qui résonne avec leurs émotions internes.

Ce qui est pourquoi dans une approche Jaune/Turquoise du modèle des dynamiques en spirale,

faire en sorte que les gens soient maîtres de leurs émotions et que leurs émotions soient ancrées dans des dynamiques saines est une priorité fondamentale,

qui va solutionner en cascade tout un tas de problèmes qui se nourissent et émergent de dérèglements émotionnels.

Dans une société Jaune/Turquoise on ne laisse pas les gens sans éducation, isolés, perdus et frustrés sur le plan émotionnel,

comme si ce n'était pas important.

Parce qu'on sait que le mal-être interne caché et accumulé à l'intérieur, c'est de l'engrais pour toutes sortes de dérives globales.

On sait que les dérives globales se nourissent de cette énergie négative qui a besoin de s'ancrer sur quelque chose dans le monde.

On sait que les mouvements radicaux existent grâce à ça et que des personnes tout à fait normales, progressivement mises dans des conditions internes négatives, vont être comme possédées et naturellement graviter autour de ça.

On sait que les manques, la solitude et la déconnexion catalysent le radicalisme irrationnel, la haine, la révolte, etc.

On sait que les gens qui ne sont pas ancrés sur des relations saines avec les autres vont naturellement devenir anti-sociaux et s'ancrer sur des choses toxiques,

parce que leur énergie étant désancrée, elle va fuir ailleurs.

On sait que l'économie émotionnelle de notre société est plus importante que l'économie des produits et des services. 

Régler les problèmes émotionnels des gens n'est pas juste à propos de leur petite vie.

C'est à propos de régler les problèmes du monde et d'empêcher les dérives.

...

Ce qui nous mène au second point important à retenir de cet épisode.

Le point de contention ce n'est pas la corruption.

C'est d'expliquer où est la corruption et comment elle fonctionne.

Et la corruption n'est pas seulement dans les autres,

elle est aussi en nous.

Et bien souvent, cette corruption interne ne fonctionne pas de manière ouverte et révélée vis-à-vis de notre conscience, mais de manière couverte et masquée.

De manière aveugle.

Vous savez l'un des arguments favoris des conspirationnistes c'est

"vous êtes naïfs si vous croyez qu'il n'y a pas de complots et que les méchants ne sont pas conscients du mal qu'ils font".

Alors que justement il faut être naïf d'un point de vue des mécanismes psychologiques, pour croire que les gens sont forcément conscients de toute leur corruption et du mal qu'ils font,

y compris quand ce mal est gros comme une maison.

Il faut être naïf pour croire que les gens ne sont pas convaincus de faire la bonne chose même s'ils font la mauvaise.

Il faut être naïf pour croire que les gens corrompus doivent subjectivement se sentir corrompus.

Encore une fois, notre cerveau est maître dans l'art de se voiler la face et de défendre ses intérêts.

Donc non, la plupart du temps on ne réalise pas vraiment notre propre corruption, c'est voilé.

Et si vous avez du mal avec cette idée, vous avez beaucoup à apprendre sur la psychologie.

De l'extérieur on croit que les autres réalisent leur propre corruption,

mais en fait de l'intérieur ils ne sont pas différents de nous.

Tous leurs mécanismes de défense les empêche de voir leur propre corruption.

Pourquoi ? Parce que ça nous arrange bien de voir la corruption des autres,

mais ça ne nous arrange pas de voir la nôtre.

...

Et donc le principe premier pour combattre la corruption c'est tout simplement de se méfier de soi-même plutôt que juste des autres.

De garder conscience que quand on sera corrompu par quelque chose on ne le saura probablement pas.

Même si on sait que la corruption se cache probablement en nous, on ne la sentira pas.

Et donc de rester doublement vigilant.

De ne pas croire naïvement qu'on le saurait si on était corrompu.

...

Savoir qu'on ne peut pas savoir permet au moins de rester humble et ouvert.

Je vous l'ai déjà dit dans le passé, mais pour faire du global, il faut connaître et accepter ses limites.

Accepter que l'on est des ignorants.

Accepter que notre contrôle est super limité.

Accepter que l'on est influencé par plein de choses.

Que l'on a plein de biais et d'angles morts dont notre ego rejette et nie l'existence.

Et que c'est en comprenant ces limites, que l'on va pouvoir les dépasser.

Pas en les ignorant et encore moins en les reniant.

L'être humain peut être très puissant.... mais seulement s'il reconnaît et maîtrise ses limites.

C'est là encore une fois le paradoxe de la maîtrise.

Pour devenir un maître, il faut maîtriser ce que l'on ne peut maîtriser, parce qu'il n'y a que comme ça que l'on peut placer nos ressources au bon endroit.

...

Bref, il y a la corruption consciente, c'est à dire la corruption qui se révèle ouvertement en tant que corruption à celui qui est corrompu.

C'est l'image classique qu'on a de la corruption dans laquelle les personnes corrompues savent qu'elles sont corrompues, savent que ce qu'elles font est mal, savent qu'elles vont contre l'honneur et leur devoir supérieur.

Mais il y aussi la corruption aveugle, c'est à dire la corruption couverte qui ne se révèle pas en tant que corruption à celui qui est corrompu, la corruption qui agit de manière masquée ou inconsciente.

Et même si la corruption consciente est un vrai problème, la corruption aveugle est un bien bien plus gros problème.

Et on verra plus en détails pourquoi dans les prochains épisodes. 

...

En attendant peu importe votre bord je vous conseille l'article "Le Mythe du Complot" de Charles Eisenstein, il complémente bien cet épisode,

je vous mets le lien en dessous.

https://charleseisenstein.org/essays/le-mythe-du-complot/


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