Bonjour et bienvenue,
c'est Bertrand de la Fondation MAGister,
l'école des héros du monde réel.
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Aujourd'hui je vais faire une petite réaction à la vidéo du Précepteur sur le libre-arbitre,
qui m'a inspiré quelques réflexions.
Le titre complet de la vidéo en question étant "SPINOZA - Le libre-arbitre n'est-il qu'une illusion ?"
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Sommes-nous vraiment les auteurs de ce que nous pensons et ce que nous faisons ?
J'ai déjà abordé cette question en long et en large dans certaines de mes vidéos passées.
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L'objet de cette vidéo ça va être de revenir sur les limites et les pièges de l'intellect pour approcher et comprendre le déterminisme,
et sur quelques réflexions pour avoir un éveil spirituel et sortir de ce que j'appelle la matrice de la perception existentielle.
Mais comme je risque d'en larguer plus d'un avec ça, avant ça je vais aborder un point de réflexion plus facile à comprendre.
Déjà pour rappel le déterminisme qu'est-ce que c'est ?
En gros c'est l'idée qu'étant donné un état A, le monde ne peut aller que dans un état B.
Autrement dit si on remonte le temps d'une seconde, et que l'on remet tous les paramètres exactement à l'identique,
la seconde d'après va systématiquement se répéter de la même manière que la première fois.
Et pareil si on remonte d'une seconde avant cette seconde, etc, etc, jusqu'à l'infini.
Et évidemment ça vaut aussi pour votre vie.
Si on remonte votre vie d'une seconde, si on vous remet exactement dans les mêmes paramètres, la seconde d'après va se répéter de la même manière que la première fois.
Vous allez avoir exactement les mêmes pensées, les mêmes actions, etc.
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Bref le premier point de réflexion sur lequel je voudrais revenir c'est sur celui de la conscience de ce qui nous influence et nous détermine.
Dans sa vidéo, Charles, le Précepteur il suggère l'idée que de ne pas être conscient des causes qui nous déterminent c'est un problème pour le libre-arbitre et la liberté en général.
C'est un argument plutôt contre le libre-arbitre.
Ou un argument qui suggère que le libre-arbitre est une illusion si vous préférez.
Mais ce que je veux essayer de vous faire voir c'est qu'en fait on peut aussi voir ça comme un argument en faveur du libre-arbitre.
Le fait que l'on ne soit pas clairement conscient de toutes les causes et les raisons qui ont déterminé nos comportements n'est pas fondamentalement un argument contre le libre-arbitre.
Tu n'as pas besoin de connaître toutes les causes de tes comportements pour être libre.
Pour plusieurs raisons.
Déjà il y a cette idée du transfert temporel de la conscience.
Ta conscience d'aujourd'hui c'est une partie de ton inconscient de demain.
La conscience elle se transfère dans le futur.
Dans le sens où nos expériences et notre contrôle conscients laissent une trace proactive en mémoire qui change un petit peu nos automatismes.
Par exemple si tu t'entraînes consciemment à faire une figure de danse,
eh bien plus tard tu pourras exécuter cette figure de danse de manière beaucoup plus inconsciente.
Tu seras déterminé par ta mémoire inconsciente en gros.
Mais du coup est-ce que cette exécution automatique est vraiment inconsciente ?
Ben pas vraiment car elle dépend de ta conscience passée.
C'est une sorte d'illusion de décalage cette exécution inconsciente.
En fait il y a un effet différé de ta conscience du passé dans le présent.
Ce n'est pas parce que tu as oublié une expérience consciente passée qu'elle n'a plus d'effet sur toi dans le présent.
Et c'est vraiment une clé à comprendre en développement personnel, d'un point de vue de tout ce qui est effet cumulé, développement de compétence, etc.
Ce qu'on a déjà contrôlé dans le passé, est en quelque sorte pré-contrôlé par l'état de notre mémoire inconsciente.
Notre mémoire inconsciente est une sorte de contrôle de fond.
Et cette mémoire inconsciente n'est pas indépendante de notre conscience.
Il faut plutôt voir ça comme le fait que nos expériences passées sont toujours causalement actives dans le présent.
Mais ces expériences passées ce sont les nôtres.
Donc on n'est pas déterminé par quelque chose d'autre que nous-mêmes.
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Et en fait justement si on n'avait pas d'inconscient qui prend le relais de la conscience,
et qu'on devait consciemment contrôler absolument toutes les causes de notre comportement,
eh bien on serait moins libre.
Parce que de déléguer plein de choses à l'inconscient, ça permet de décharger la conscience, ça permet de la libérer, ça lui permet de s'élever.
Et donc justement pour être libre il faut être dans une représentation stratégique qui fait abstraction de tous les détails inutiles pour ne laisser apparaître que ce qui est pertinent.
Si on veut augmenter notre contrôle sans augmenter nos ressources cognitives,
alors dans la conscience on doit compresser la complexité le plus possible,
et donc encore une fois décharger la conscience de ce qui n'est pas pertinent.
Le principe de notre perception existentielle est justement de permettre une détermination à travers l'abstraction et la simplicité virtuelle,
abstraction et simplicité virtuelle qui en réalité encapsulent une complexité gigantesque.
Par exemple quand j'envoie consciemment la commande pour lever mon bras droit et que mon bras droit se met en mouvement,
mentalement c'est simple pour moi, j'ai juste l'idée de lever mon bras droit,
mais derrière cette simplicité mentale virtuelle se cache une d'activité hypercomplexe au niveau neuronal, au niveau cellullaire et même au niveau atomique dans mon organisme.
Mais ça c'est masqué pour ma conscience.
Je n'ai pas besoin d'en avoir conscience de tout ça, ça serait contraignant.
J'ai juste besoin de l'idée.
C'est ça que j'appelle la détermination par l'abstraction.
La simplicité virtuelle de notre conscience permet une expansion de l'échelle de notre contrôle.
Elle permet métaphoriquement de s'élever.
Et c'est cette élevation qui permet de faire émerger la liberté en tant qu'idée et valeur qui nous détermine.
Autrement dit c'est justement en faisant abstraction de tous les paramètres et toutes les causes complexes de notre existence que l'on devient libre.
Et non l'inverse.
Parce que cette abstraction permet une élevation, ça permet de prendre de la hauteur sur la complexité,
pour justement ne garder qu'une interface symbolique, pragmatique et simplifiée de notre existence.
Et cette représentation simplifiée est le support de notre contrôle libre.
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Donc encore une fois je répète, le fait que l'on ne soit pas clairement conscient de toutes les causes qui ont déterminé notre comportement n'est pas fondamentalement un argument contre le libre-arbitre.
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Le libre-arbitre c'est avant tout la façon sophistiquée dont on se détermine,
à travers la représentation narrative et meta-réaliste de la vie, à travers la représentation du temps, la représentation symbolique de soi, la représentation et la simulation des possibilités futures, la représentation des conséquences passées, la représentation de la liberté, etc
Ce dernier point est très important.
À partir du moment où un être conscient est guidé par la liberté, en tant qu'idée et valeur abstraite, en tant que phare, alors dans un sens il est clairement libre.
Concevoir la liberté et l'utiliser pour se déterminer, c'est être déterminé par la liberté.
Encore une fois on en revient à la détermination par l'abstraction.
La liberté est une abstraction qui nous guide dans nos actions.
Et pour moi ça c'est un élément crucial pour identifier si oui ou non un être vivant est libre.
Si cet être vivant n'arrive pas à s'élever consciemment pour concevoir la liberté,
alors cette liberté ne peut pas être une cause de son comportement,
et donc on pourra difficilement dire qu'il est vraiment libre,
puisqu'il ne conçoit même pas ce que c'est.
Autrement dit, pour que ton comportement soit libre il n'est pas nécessaire que tu sâches tout des causes de ton comportement,
mais il est nécessaire que tu te représentes la réalité d'une manière qui favorise la liberté de choix et de contrôle de ton comportement,
et notamment il est nécessaire que l'abstraction qu'est la liberté soit l'une des causes de ce comportement.
Et oui du coup dans cette définition ça veut dire que le libre-arbitre n'est pas quelque chose binaire qu'on a ou qu'on n'a pas,
mais plutôt quelque chose qu'on utilise ou pas.
Comme je vous le disais dans l'épisode 17,
notre liberté ne nous pré-existe pas, mais émerge et ré-émerge dans les instants de la vie dans lesquels on réalise qu'on existe, qu'on est libre et que l'on s'apprête à utiliser cette liberté pour décider de notre futur.
Nous ne sommes vraiment libres que lorsque nous avons conscience de l'être.
Lorsque nous perdons conscience que nous existons et que nous sommes libres, nous perdons les pouvoirs associés au sein du monde.
Notre liberté individuelle est comme une sorte de pouvoir intermittent qui apparaît et disparaît de l'existence au gré de l'activité de notre conscience.
Et personnellement le fait de bien réaliser ce point là, a pour moi changé à tout jamais la fréquence de cette intermittence.
C'est à partir de là que j'ai réalisé que je pouvais plus ou moins maintenir présente et éveillée cette conscience d'exister et d'être libre.
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Certes, l'enchaînement des événements de ma vie dans ce monde suit son cours inéluctable,
mais pour autant il ne se fait pas mécaniquement et brutalement.
Cet enchaînement, je n'ai jamais l'impression que le monde me le fait subir sans prévenir,
je le vois arriver,
parce qu'il passe d'abord par mon élaboration consciente.
Maillon par maillon, c'est ma conscience qui est le mécanisme essentiel, directeur et déterminant de l'enchaînement des événements de ma vie.
Alors oui, parfois il y a des choix vers lesquels je me vois en train de me diriger, et pour lesquels j'ai des réticences.
Mais voilà, reste que ces choix même si je les effectue et que je les regrette, je les ai vu venir et je les ai laissé arriver.
Le directeur conscience était présent, il a juste mal fait son boulot parce qu'il n'était pas assez discipliné, trop fatigué, trop laxiste, ou que sais-je.
On est donc loin d'une détermination automatique et imposée,
qui se poursuivrait de la même manière avec ou sans notre consentement et peu importe la qualité de notre activité consciente.
C'est plutôt l'inverse en fait, tant qu'on n'a pas réalisé et décidé consciemment qu'il faut changer,
il n'y a rien qui va changer tout seul dans notre vie.
Notre comportement sera grossièrement le même.
La direction de notre vie répond au doigt et à l'oeil aux intentions que l'on développe,
c'est juste qu'on met beaucoup de temps à changer d'intentions.
Et c'est en ce sens que l'on peut se considérer vraiment libre et responsable.
Si on ne l'était pas, notre liberté de changement ne nous attendrait pas pour s'exprimer.
On changerait inconsciemment à bien des niveaux,
on serait comme un spectateur, comme un passager du wagon changement qui avance tout seul sur des rails.
Alors que là, c'est comme si le monde tout entier attendait qu'on réalise des choses pour changer.
Le monde ne change activement que là où la conscience change activement.
Sans conscience, l'évolution est comme bloquée dans le temps.
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Bref ça c'était le point le plus facile à comprendre.
Maintenant on va aborder le deuxième point, plus difficile à appréhender,
mais tout aussi important.
Comme je vous l'ai déjà expliqué dans le passé, en réfléchissant à l'idée que si on remonte le temps d'une seconde, alors la seconde d'après va se dérouler exactement de la même manière que la première fois,
et ainsi de suite si on remonte de seconde en seconde.
On peut se dire "ouah mais en fait il n'y a aucun espace où on peut vraiment choisir, notre contrôle est une illusion, tout n'est que réaction en chaîne."
Et en contemplant ça comme ça on peut avoir le sentiment de saisir et de comprendre le déterminisme, de comprendre ce que ça veut dire.
Alors que bien souvent en fait pas du tout.
On entre dans une vision naïve, simpliste, biaisée et impure du déterminisme.
Ce n'est pas vraiment le déterminisme, c'est un épouventail du déterminisme.
Une version homme de paille.
C'est un jumeau maléfique du déterminisme si vous préférez.
Un jumeau maléfique du déterminisme qui est inscrit dans ce que j'appelle la matrice de la perception existentielle.
Un jumeau maléfique du déterminisme qui embarque en passagers clandestins plein de concepts qui n'ont pas fondamentalement à être liés au déterminisme,
et qui donne un sentiment que le déterminisme est autre chose que ce qu'il est vraiment.
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Il y a un passage de la vidéo du Précepteur qui permet assez bien de voir où je veux en venir, et je vais vous le lire.
Début de citation.
"Si je prends ce stylo qui est devant moi et que je le lance à travers la pièce,
le stylo n'a pas le choix de sa trajectoire,
sa trajectoire sera le résultat mécanique de la direction et la force avec laquelle je l'aurais lancé.
Il n'a pas le choix le stylo
[...]
Le stylo subit l'impulsion que je vais lui faire subir et qui va l'amener à emprunter telle direction sans avoir la possibilité de résister
[...]
Il est soumis aux lois de la matière
Il ne peut pas s'y soustraire, il ne peut pas y échapper."
Fin de citation.
...
Vous allez peut-être vous dire que vous ne voyez pas de problème avec ce passage.
Mais en fait cette illustration qui est censée illustrer le déterminisme,
illustre justement le jumeau maléfique du déterminisme.
Elle induit à avoir une conception erronnée du déterminisme.
Remarquez les mots utilisés. Remarquez le champ lexical.
Le stylo subit. Le stylo est soumis, le stylo n'a pas la possibilité de résister, les lois de la matière, il ne peut pas s'y soustraire, il ne peut y échapper, etc.
Le résultat mécanique,
...
Ça c'est typiquement la marque du jumeau maléfique du déterminisme.
En tant qu'être humain, la façon intuitive et naïve qu'on a de comprendre le déterminisme, c'est par l'image de la contrainte,
et plus spécifiquement par les contrainte venant d'autre chose que nous-mêmes.
Et c'est assez sournois comme biais parce qu'en fait il n'y aucune raison de rapprocher le déterminisme authentique de la contrainte, et plus précisément de ce genre de contraintes.
C'est sournois parce qu'on accepte intuitivement ce rapprochement du déterminisme avec la contrainte de manière tacite.
C'est à dire de manière sous-entendue, sans avoir considéré explicitement la pertinence et la validité de ce rapprochement, comme si c'était évident et qu'il n'y avait pas de problème.
Pour en revenir au champ lexical.
Subir quelque chose. Être soumis.
Ce n'est pas des termes neutres et anodins qui ne font que décrire du physique.
Ce sont des images très chargées émotionnellement, elles sont loin d'être neutres.
Elles évoquent des expériences et des sentiments subjectifs plutôt négatifs en nous.
Et donc si on les associe au déterminisme, alors le déterminisme va éveiller des sentiments négatifs en nous.
Ça va subjectivement personnifier le déterminisme comme une force qui nous contraint.
De la même manière que Dieu peut subjectivement être personnifié comme une force qui nous a créé si vous voulez.
...
Pour mieux voir où je en venir,
une autre manière de comprendre le déterminisme,
qui est tout aussi biaisée que l'image de la contrainte, mais dans un sens différent.
C'est l'image du "flow".
On peut imager le déterminisme comme le fait que tous les éléments de l'Univers sont dans un flow constant, un flow ininterrompu.
Et en ce sens les choses ne subissent rien du tout, au contraire, elles sont portées.
Tout se déroule parfaitement pour elles.
La connotation émotionnelle est différente.
Elle est plus positive que négative.
C'est typiquement le genre d'expérience subjective qu'on peut avoir quand on médite beaucoup et qu'on entre dans un état de non-dualité, un état de samadhi.
Mais pareil de voir les choses comme ça, ce n'est pas le déterminisme.
Pour le coup c'est plutôt son jumeau angélique.
Donc quand on réfléchit au déterminisme il faut faire attention à ne pas tomber inconsciemment dans une métaphore et d'associer cette métaphore avec ce qu'est vraiment le déterminisme.
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Pour en revenir au jumeau maléfique du déterminisme,
ce qu'il faut remarquer aussi c'est que le stylo qui a été lancé,
il ne peut pas subir sa trajectoire.
Parce que pour subir il faut une forme de vie, de conscience, d'émotions, d'affects, etc.
De la même manière pour être soumis à quelque chose il faut avoir une conscience de ce quelque chose qui nous soumet, une conscience accompagné d'un sentiment particulier de soumission.
À travers les biais d'interprétation de notre perception existentielle humaine,
on projette que le stylo qui a été lancé subit sa trajectoire,
mais en fait il ne subit rien du tout étant donné qu'il ne vit même pas.
D'une certaine manière le stylo n'existe même pas d'un point de vue objectif en fait,
c'est juste une abstraction subjective d'une partie de la réalité.
Autrement dit une illusion.
Et tu ne peux pas sérieusement dissoudre une illusion avec une autre illusion.
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En fait de manière paradoxale, tous ces concepts, de subir, d'être soumis, etc qu'on peut utiliser pour essayer de comprendre que la liberté n'existe pas vraiment,
Ils ne peuvent exister que dans une réalité dans laquelle l'expérience de liberté existe.
Dans un monde où il n'y a pas de liberté, ces concepts n'existeraient pas,
parce qu'ils n'auraient aucun sens.
Ces mots sont implicitement contextualisés et contrastés par la liberté.
Ils ne sont pas indépendants.
Ils font partie du domaine relatif de la dualité.
Subir, être soumis, etc ce n'est pas l'absence de liberté, mais la négation de la liberté.
De la même manière que l'absurde n'est pas l'absence de sens, mais la négation du sens.
L'irrationnalité n'est pas l'absence de rationnalité, mais la négation de la rationnalité.
Et comprendre le déterminisme de manière pure implique de sortir du domaine relatif de la dualité.
Pour ne pas être dans la caricature de l'anti-liberté, caricature qui repose implicitement sur l'existence de la liberté.
...
Ce que je veux dire avec ces remarques c'est que c'est très délicat d'illustrer et de comprendre le déterminisme de manière pure à travers l'intellect, la pensée, les analogies, etc, sans complètement parasiter notre compréhension avec tout un tas de concepts bien chargés.
Quand on réfléchit comme ça sur le déterminisme.
Souvent on est pas en train de comprendre le déterminisme,
on est en train de le décomprendre.
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Comprendre le déterminisme implique un éveil de conscience beaucoup plus radical sur la subjectivité et sur la dualité.
Il ne faut pas juste réfléchir au libre-arbitre,
il faut aussi réfléchir à tout ce qui sous-tend les concepts qu'on utilise pour réfléchir au libre-arbitre.
Notamment ce qu'on est, l'ego, le temps, le passé, le futur, etc.
Ça peut être assez dérangeant de réaliser sélectivement que dans l'absolu,
le libre-arbitre n'existe pas au delà de notre subjectivité.
Ça peut faire entrer en scène le jumeau maléfique du déterminisme.
Mais tout de suite ça devient beaucoup moins dérangeant quand tu réalises que dans l'absolu, au delà de notre subjectivité, on existe pas non plus, le passé et le futur n'existent pas non plus, etc.
Dans l'absolu quelqu'un qui essaie de dire que le libre-arbitre est une illusion subjective.
C'est une illusion subjective expliquant à une autre illusion subjective que telle illusion subjective est une illusion subjective, et ce à travers une illusion subjective.
Autrement dit, au fond quand on applique la même investigation à d'autres concepts, l'illusion est moins significative qu'elle en a l'air.
C'est quand on met un pied dans un paradigme objectif tout en gardant l'autre pied dans le paradigme subjectif que c'est perturbant.
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Beaucoup de personnes quand elles commencent à réfléchir au déterminisme,
elles se disent des trucs du genre "ah c'est triste et déprimant notre libre-arbitre est une illusion subjective,
tous les drames qui nous sont arrivés on ne pouvait pas les échapper, on est un peu comme des robots, esclaves de nos influences."
Et il y a pas mal de personnes actuellement qui entrent dans ce genre de raisonnements bâtards à moitié dans la subjectivité et à moitié dans l'objectivité.
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En gros ils gardent les percepts subjectifs de tristesse, de dépression, de drame, de robots, d'esclave de la matrice de la perception existentielle mais pas le percept subjectif de libre-arbitre.
Ils dissolvent juste sélectivement le libre-arbitre de leur subjectivité.
Mais ils ne réalisent pas que en dehors de la matrice perceptive,
hors de la perception existentielle subjective,
la tristesse, la dépression, le drame, les robots, les esclaves, ça n'existe plus non plus !
Donc ils ne réalisent pas que leur réaction subjective humaine face à l'absence objective de libre-arbitre n'a strictement aucun sens, et qu'elle est entre deux mondes, entre deux paradigmes.
Soit tu te places dans un paradigme subjectif, soit dans un paradigme objectif,
mas pas dans un paradigme bâtard entre les deux.
Et donc si ces personnes étaient vraiment complètement en train de raisonner hors du paradigme humain subjectif,
elles ne ressentiraient certes plus de libre-arbitre, mais elles ne ressentiraient plus non plus de tristesse, de dépression, d'illusion, de perception, d'ego et tout le reste des percepts et concepts subjectifs humains.
Ce qui au passage est grosso-modo le principe de l'éveil spirituel, du Noble Chemin du Bouddha, de la dissolution de Maya, etc.
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Comme je vous le disais dans l'épisode 114, quand tu es dans un rêve et que tu as une épée, et que tu réalises sélectivement que ton épée est illusoire, ça va générer des émotions négatives,
tu vas te dire que comme cette épée n'est qu'une illusion, elle est bonne à rien,
tu ne peux pas l'utiliser pour tailler ton chemin et combattre les monstres qui t'aissaillent.
Mais si tu réalises qu'en fait ce n'est pas juste l'épée qui est illusoire, c'est l'ensemble du rêve qui est illusoire, toi y compris, alors tout va bien.
Il n'y a plus de problème.
Une épée illusoire dans un rêve, elle peut couper les monstres illusoires de ce rêve.
Elle peut servir à tailler un chemin illusoire dans ce rêve.
L'illusion absolue n'est pas un problème à un niveau relatif.
Si au fond tout ce qui est subjectif est illusoire alors cette illusion de fond peut être considérée comme notre base relative de vérité.
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Bref pour conclure ce que je veux vous faire comprendre c'est que le déterminisme n'a jamais été opposé au libre-arbitre et à la liberté.
C'est une erreur de conception de les placer en opposition.
Le libre-arbitre et la liberté font partie du déterminisme.
Le déterminisme est comme une toile de fond.
Le déterminisme ne veut pas dire que tout se détermine de la même manière,
ça ne veut pas dire que le monde se détermine de manière simple et basique d'une seconde à l'autre, étape par étape, de manière linéaire.
Non il y a des déterminations hypercomplexes entre différents instants,
des déterminations qui impliquent des représentations de valeurs,
des représentations de possibilités futures, etc,
et c'est dans ce type de détermination que se trouve la liberté.
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Pour terminer je dirais juste qu'il ne faut pas non plus confondre la liberté avec un jumeau étrange de la liberté.
Ce jumeau étrange étant une espèce de liberté totale et absolue, détachée de tout.
Ça paraît intéressant au premier abord, "ouah liberté totale et absolue, c'est celle là que je veux !".
Mais en fait si cette liberté est vraiment détachée de tout,
ça veut dire qu'elle est détachée de nous, de notre esprit, de notre identité, de nos valeurs, de nos choix passés, etc.
Autrement dit ça veut dire que cette liberté à la possibilité de nous faire disparaître.
Ça veut dire que tout choix pourra être remis en question et n'avoir aucune importance.
Ça veut dire que rien n'a vraiment de sens pour nous.
Et ce n'est pas ça qu'on veut comme liberté.
Ce qu'on veut comme liberté, c'est être déterminé par nos pensées, par nos valeurs, par notre identité, par le poids de nos choix, etc.
C'est avoir un sentiment de responsabilité.
Donc en fait on a aucun problème avec le fait d'être déterminé, si tant est qu'on déterminé par ce qu'on est, si tant est qu'on est auto-déterminé.
On a aucun problème à être déterminé si tant est que de toute manière on ferait les mêmes actions si on était absolument libre de tout choisir.
Et c'est en ce sens que effectivement, notre libre-arbitre n'est pas absolu, parce que pour ça il faudrait être libre de son propre esprit.
C'est à dire être libre de sa personnalité, de sa façon de penser, de ressentir, de croire, de raisonner, etc
Ce qui est invraisemblable, et indésirable si on veut garder sa personnalité.
Si tu deviens libre de ton propre esprit alors tu vas inévitablement te diluer et disparaître.
...
Bref sur ce voilà qui clos cet épisode de réflexions.
Si vous ne connaissez pas la chaîne du Précepteur et que vous n'êtes pas très calé en philosophie sa chaîne peut vraiment vous apporter beaucoup.
Ce n'est pas une chaîne où vous allez trouver de la philosophie très avancée et dure à comprendre,
c'est plutôt une chaîne qui va développer en largeur votre culture générale en philosophie classique.
Chacune de ses vidéos est en gros une bonne introduction à un concept ou une question philosophique.
Une introduction accessible, soigneusement écrite et relativement longue pour Internet.
C'est important de le noter étant donné que sur YouTube le contenu dense et soigneusement écrit ça ne court pas les rues.
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Bref comme d'habitude je vous invite à vous abonner si ce n'est pas déjà fait.
À partager cette vidéo et laisser un pouce bleu si vous l'avez appréciée.
Et je vous invite également à rejoindre le Discord de la Fondation MAGister pour prendre part à des discussions sur les différents aspects du développement.
Le lien est dans la description de la vidéo.
Quoi qu'il en soit je vous remercie de m'avoir écouté jusqu'au bout,
et je vous dis à très bientôt pour la prochaine vidéo,
Ciao.
Maîtrisez votre esprit, développez votre conscience, élevez votre existence !