Bonjour et bienvenue,
c'est Bertrand de la Fondation MAGister,
l'école des héros du monde réel.
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Dans le dernier épisode on a commencé à voir pourquoi les esprits neutres et nuancés sont si rares dans le monde.
L'idée générale étant que la neutralité et la recherche de nuances impliquent un doute permanent qui se traduit par la libération d'hormones de stress, d'insécurité et d'anxiété au sein de l'organisme.
C'est assez délicat d'être équilibré mentalement quand on s'évertue d'être neutre.
On est tiraillé, on vit dans une forme d'insécurité, comme s'il n'y avait aucun socle, aucune structure pour supporter notre existence.
On est confronté à la complexité de la vie.
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À l'inverse la certitude aveugle et délirante dans des idéologies simplistes crée un sentiment de sécurité et de sérénité.
Quand on ferme les yeux sur les informations qui contredisent notre vision du monde,
on évite de déclencher la réponse de stress.
Et quand on nourrit notre esprit exclusivement d'informations et d'histoires qui confirment nos croyances,
cela libère des hormones de bien-être et de sécurité.
Cela donne l'illusion d'une structure solide qui supporte notre existence.
La vie semble beaucoup plus simple que ce qu'elle est réellement.
La direction à suivre est évidente et incontestable.
Il y a le bien, il y a le mal, il y a les gentils, il y a les méchants, il y a les bonnes choses à faire et les mauvaises choses à faire,
et c'est très sécurisant ce manque de nuance dans l'orientation qu'il faut prendre.
Ça évite le doute.
C'est rassurant.
Même si c'est délirant.
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C'est ce que j'appelle le paradoxe de la santé mentale.
Celui qui croit que le fou est fou est fou.
Parce que plus tu es enfermé dans un délire réducteur que tu ne remets pas en question,
plus tu es sain d'esprit et équilibré mentalement.
À l'inverse plus tu vois ouvertement toute la complexité, l'incertitude et les contradictions de la vie,
plus tu deviens fou, torturé et déséquilibré.
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Ce que je vous que vous compreniez avec cet épisode, c'est que la fermeture d'esprit que vous pouvez observer sur certaines personnes,
c'est une expression de leur stratégie de survie.
De la même manière que des dents pointues chez un animal sont une expression de stratégie de survie.
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Notre cerveau adore quand la bonne direction à suivre est simple, évidente et incontestable.
Et c'est pour ça que beaucoup de personnes se lavent l'esprit dans un seul sens pour ne pas avoir de doutes sur ce qu'il faut faire et créer cette illusion d'une direction simple, évidente et incontestable.
Notre cerveau a tendance à préférer vivre enfermé dans un délire simpliste,
car il déteste ne pas vraiment savoir quelle est la bonne chose à faire,
il déteste ne pas être sûr d'être engagé dans la bonne direction,
il déteste se dire que peut-être qu'il est en train de se tromper ou de rater quelque chose,
il déteste se dire que peut-être que ce qu'il fait n'a pas de sens, que ça ne sert à rien et que c'est complètement absurde.
Ce qui est d'ailleurs la raison pour laquelle 99% des êtres humains opèrent dans une fenêtre temporelle relativement fermée.
Plus on ouvre la fenêtre temporelle et qu'on regarde loin, plus ce qu'on fait dans nos vies, nos idéaux, etc, semblent absurdes et insignifiants.
On se rend compte que peu importe ce qu'on fait, au final on n'aura plus aucun souvenir de tout ce qu'on a fait.
Tout le monde aura oublié.
La civilisation et la vie tout entière finiront par s'effondrer et disparaître comme une poussière dans l'infinitude de l'espace-temps.
Et bien sûr cette perspective n'est pas un grand motivateur.
C'est une perspective typique des pessimistes, des dépressifs, des doomers et de certains collapsologues.
Ça nous rapproche également de la pensée nihiliste et solipsiste.
Le nihilisme étant en gros l'idée que l'existence humaine est vide de sens.
Et le solipsisme étant en gros l'idée qu'il n'y a aucune certitude et que peut-être que toute la réalité est une projection imaginaire et illusoire.
De toute évidence ces philosophies ne sont pas la marque des esprits enjoués par la vie.
Ce qui est pourquoi notre esprit se contracte par défaut sur une perspective temporelle beaucoup plus courte et s'aveugle au long terme,
afin de ne pas tomber dans ces courants là.
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Comme je vous l'expliquais dans l'épisode 110,
le truc qu'il faut bien comprendre et qui échappe à pratiquement tout le monde,
c'est qu'un système perceptif n'est pas un moyen de connaître le monde ;
mais qu'au contraire, c'est davantage un moyen de ne pas le connaître.
Un moyen de rester dans l'ignorance absolue permettant une nouvelle forme de connaissance relative.
Connaissance relative qui permet au théâtre de la vie de fonctionner.
Autrement dit la perception n'est pas une fenêtre, c'est un masque.
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Et ainsi donc, il y a un dilemme au niveau de l'ouverture d'esprit.
D'un côté être plus ouvert d'esprit permet d'être plus "réaliste" et mesuré,
de l'autre côté ça peut facilement créer de l'anxiété, de l'instabilité et des difficultés à s'engager dans une voie et ainsi nous rendre inadapté à la vie.
Ce qui explique pourquoi les esprits neutres et nuancés sont si rares dans le monde.
Il y a du pouvoir et des bénéfices dans la fermeture d'esprit, c'est loin d'être un handicap.
Si tu n'arrives pas à fermer ton esprit, au moins de manière temporaire,
tu vas être sacrément handicapé dans la vie.
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Et pour comprendre pourquoi, il faut comprendre plus globalement la logique d'un esprit humain et notamment ce que j'appelle la perception existentielle et l'encapsulation de la conscience dont je vous parlais dans les épisodes 63 et 64.
L'encapsulation de la conscience se résume dans l'idée que notre esprit/cerveau ne cherche pas l'expansion incontrôlée de sa conscience ;
mais qu'à l'inverse, il cherche à contraindre notre conscience pour qu'elle soit la plus optimisée possible pour notre survie.
Autrement dit, notre esprit/cerveau cherche simplement un paradigme existentiel permettant notre vie et non une représentation complète et objective du monde.
En gros pour faire simple, l'encapsulation de la conscience, ça renvoie à l'idée que le sens du réel que nous présente notre esprit (et qu'il développe continuellement),
est optimisé pour que notre existence se déroule correctement et pour que l'on reste focalisé sur ce dont on doit rester focalisé.
Ou dit autrement pour que l'on reste fermé sur certaines choses et qu'on ne s'ouvre pas à d'autres.
L'encapsulation de la conscience est un mécanisme de protection et de fermeture dans le sens où il contraint et augmente automatiquement notre vision de la réalité vis-à-vis de nos besoins.
De telle sorte à stabiliser notre existence.
Comprendre : maximiser notre survie et notre confort, et minimiser notre stress.
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Pour comprendre ce mécanisme, il faut se resituer dans les conditions historiques dans lesquelles notre cerveau a évolué.
Les organismes de nos ancêtres étaient largués dans un monde hypercomplexe et bourré d'inconnu.
Et ce, avec des capacités cognitives et énergétiques relativements limitées.
À partir de là, ils devaient trouver les moyens de vivre et se reproduire de manière relativement certaine.
Ainsi, le cerveau de notre ancêtres n'a pas évolué pour percevoir le monde objectivement et dans toute la complexité pré-existante qu'il pourrait avoir.
Ce n'était pas du tout sa stratégie.
À l'inverse, il cherchait à réinventer le monde d'une manière aménagée pour que nos ancêtres puissent y vivre leur petite vie d'être humain.
Il cherchait à créer une matrice existentielle.
Il faisait du monde un contexte narratif : celui de leur existence.
Dit autrement, le cerveau de nos ancêtres ne cherchait pas un monde global à représenter et à arpenter dans toute sa richesse possible,
il cherchait un "territoire" suffisant permettant d'assurer les besoins de la vie.
Et une fois qu'il avait trouvé ce territoire, il "cartographiait" mentalement le monde de telle sorte à assurer et maintenir la "logistique" de l'existence au sein de ce territoire.
Ainsi, ce "monde" aménagé, cet environnement mental simplifié dans lequel la conscience de nos ancêtres était encapsulée
n'était autre qu'un système de croyances (autrement dit un paradigme existentiel), et non le "vrai" monde objectif.
Un système de croyances visant à diriger, servir, rationaliser et défendre la "logistique" de l'existence territoriale à laquelle leur cerveau s'était accoutumé.
Pour ce qui est de notre cerveau à nous, eh bien, c'est grosso-modo le même que celui de nos ancêtres.
C'est à dire que notre croyances visent en fait à diriger, servir, rationaliser et défendre ce qu'on fait dans le monde avec notre vie.
Elles sont intimement liées avec la "logistique" particulière de notre "territoire" de vie (et de manière plus générale tout ce qui se passe dans notre vie).
Beaucoup plus qu'on ne l'imagine.
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En ce sens, on peut voir notre système de croyances comme un véhicule particulier nous permettant de diriger notre vie, et de prospérer avec notre mode de vie particulier, au sein de notre territoire de vie particulier.
Ce véhicule particulier n'est pas adapté pour "rouler" efficacement hors de notre territoire de vie (d'où les croyances limitantes).
Et donc pour avancer dans la vie, faire évoluer son mode de vie et prospérer dans de nouveaux territoires, il faut nécessairement faire évoluer ce véhicule.
Ce qui n'est pas évident, car d'une part le développement de ce véhicule a coûté beaucoup de temps et d'énergie pour s'adapter à notre territoire de vie,
et d'autre part car le mécanisme d'encapsulation de la conscience repose essentiellement sur la stratégie du moindre paradigme viable :
à partir du moment ou le véhicule qu'est notre système de croyances assure notre survie de manière relativement certaine,
notre cerveau s'y attache émotionnellement, et il ne cherche pas à en changer ou à l'étendre.
À l'inverse, il se ferme au changement et cherche à défendre le paradigme actuel,
et éviter la dissonance et la remise en question des croyances (jusqu'à ce que ce ne soit plus possible).
C'est ainsi que l'on peut avoir une sorte de relation toxique avec notre système de croyances,
comme une prostituée qui est trop attachée à la sécurité offerte par son mac pour réaliser les vices de ce dernier, arrêter de lui pardonner ses défauts et s'en détacher définitivement.
Notre cerveau déteste la dissonance, l'inconfort et l'incertitude, surtout quand il peut l'éviter et que ce n'est pas nécessaire de s'y confronter.
Et c'est pourquoi l'évolution de notre véhicule mental s'apparente davantage à une révolution.
Une révolution au sein de notre vie et de notre cerveau.
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Sur ce on continue de parler de tout ça dans le prochain épisode.
Si vous ne l'avez pas lu j'ai publié un nouvel article exclusif sur le blog de la chaîne,
je vous mets le lien en dessous en commentaire.
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Quoi qu'il en soit je vous remercie de m'avoir écouté jusqu'au bout
et je vous dis à très bientôt pour la prochaine vidéo,
Ciao
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