Quand l'imaginaire devient réel

Bonjour et bienvenue,

C'est Bertrand de la Fondation MAGister,

pour un nouvel épisode de la série sur l’optimisme et le sens du réel.

À la fin du dernier épisode je vous disais que ce n'est pas parce qu'on ne peut pas saisir les idées imaginaires avec nos mains que ce ne sont pas des forces tangibles dans la globalité des choses.

Il faut arrêter de se faire berner par la physicalité.

Le rêve de la réalité par l'humanité fait partie du monde.

C'est une structure biologique avancée.

Les systèmes de croyances, les idées et leur mouvement, ça fait partie de la biologie.

C'est du tissu biologique d'ordre supérieur.

Qui régit le fonctionnement du vivant sur un plan plus macroscopique.

Ce qui compte pour l'évolution, c'est la fonction d'une caractéristique d'un organisme vivant, et non pas le fait que cette caractéristique soit physiquement palpable.

Mais le truc c'est que dans ses stades plus primitifs, pour ajouter une fonction à un organisme l'évolution était contrainte d'ajouter un support matériel palpable dans l'organisme pour accueillir cette fonction.

Elle ne pouvait pas juste créer une fonction comme ça.

...

À partir du moment où l'évolution est parvenu à créer des traits, des  caractéristiques, des organes, des objets qui existent, qui impactent le monde, qui ont une fonction réelle, sans avoir d'existence physique propre,

c'est à dire des traits, des organes symboliques qui sont un peu comme simulés par d'autres traits physiques sans que ça soit une contrainte fonctionnelle pour leur rôle.

Mais elle a tout gagné l’évolution.

Enfin elle n'a plus à s'embêter avec la physicalité. Enfin elle est passé sur un plan de conception fonctionnelle qui s'abstrait de ces contraintes physiques.

Un fonctionnement symbolique.

Et ça ne veut pas dire que ces choses n'existent pas parce qu'elles n'ont pas d'existence physique propre.

Non, c'est juste une convention humaine d'associer l'existence avec une physicalité propre.

Ce n'est pas écrit dans l'Univers.

Et puis il y a plein de choses qui sont plutôt physiques sans avoir de physicalité propre.

Par exemple une épaule. Tout le monde sait ce que c'est.

C'est évident qu'on a des épaules.

Mais c'est où le début, c'est où la fin d'une épaule, c'est pas super clair on peut déjà discuter de ça.

Sur des objets aussi ancrés dans la matière le fonctionnement de notre esprit commence déjà à faire de l'abstraction et s'émanciper naturellement des limites physiques.

Et ça c’est rien comparé à l’abstraction qui est possible.

Comprenez bien que d'un point de vue architectural la dépendance fonctionnelle de la physicalité pour l'existence est un fardeau, pas un atout.

Physiquement c'est bien plus pratique d'avoir une chose qui existe symboliquement à travers une sorte de signal d'informations, comme un rêve.

L'idée de self-control par exemple, n'a pas d'existence physique propre si ce n'est une signature particulière dans l'activité physique de plus bas niveau de nos organismes.

Et alors ? C'est un trait qui existe quand même, c'est un "organe" qui est caractéristique de notre espèce.

Qui a dit que les choses qui n'ont pas de physicalité propre étaient moins importantes que les autres ?

Ça me fait assez soupirer les gens qui disent que ce qui compte vraiment dans la vie, ce sont les choses dures, le matériel.

Les atomes, les molécules et compagnie.

Et que le reste, c'est juste de la perspective.

Les sciences "dures" versus les sciences "molles", etc.

Ne réalisant pas que ce sont les contraintes de leur perception "molle" qui leur donne la perspective que certaines choses sont "dures" et d'autres sont "molles".

Et puis il y a aussi ce côté limitatif qui est un peu paradoxal.

Par exemple, les mouvements de notre corps physique sont plus limités que les mouvements de nos idées, et du coup notre corps physique paraît plus réel.

Parce qu'il est plus limité dans son évolution et donc plus stable d'un instant à l'autre.

L'esprit humain a tendance à considérer comme réel ce qui est contraignant à changer pour lui, d'où l'attrait du matérialisme/physicalisme.

Par exemple nos pensées sont fluides et volatiles, ça change rapidement d'un instant à l'autre, et nous même on peut les changer si on veut.

Un rocher, beaucoup moins.

Du coup le rocher va paraître plus réel que les pensées.

Ce qui est difficilement manipulable, ou dit autrement ce qui est stable à travers le temps, cela parait plus réel que le reste.

Bref, on s'en fout un peu que l'imaginaire et la croyance soient rationnellement vrais ou faux au delà du rêve, elles restent des forces réelles malgré tout.

Prenez le cas des mythes religieux.

Rationnellement vous allez pouvoir dire que c'est faux ce qu'ils racontent.

Mais en attendant, l'impact de ces mythes sur la dynamique psychologique et donc sur la dynamique de vie d'une grand part de l'humanité est énorme.

Le nombre de choses qui se sont passées dans l'histoire de l'humanité à cause de la religion, c'est juste colossal.

En d'autres termes, le fait qu'un mythe soit extérieurement et objectivement vrai ou faux,

ne rend pas moins vrai son impact sur la vie des gens qui y croient.

On peut renier la véracité d'un mythe, mais pas sa présence dans le plan humain de la vie, ni son impact.

Cette présence et cet impact, ils sont vrais. C'est ça qui compte.

Parce que, "vrai" ou "faux", rien n'est dans ce rêve par hasard.

Ce qui reste dans le jeu de la vie est sélectionné par le processus d’évolution.

D'où la vérité métaphorique de Bret Weinstein.

Si vous désactivez une de vos croyances internes sous prétexte qu'elle n'existe pas à l'extérieur, au delà de notre rêve, au delà du plan de conception humain.

Si vous conditionnez votre imaginaire et votre idéologie du monde pour qu'ils se rapprochent le plus possible de l'extérieur, pour qu'ils qui se rapprochent le plus possible des plans qui ne sont pas humains.

Mais j'ai envie de dire vous n'avez rien compris à ce qu'est une croyance.

Vous passez complètement à côté de la complexité évolutive de la vie.

Rappelez-vous ce que je vous ai dit dans le premier épisode de cette série sur l’optimisme et le sens du réel, et redis encore dans l’épisode 63.

Un moment donné, pour passer au niveau supérieur, la vie se ré-imagine d'elle même.

Et le principe d'une croyance c'est de rendre vrai ce qui sans cela serait faux.

C'est de créer de l'existence.

C'est de créer un nouveau plan de logique fonctionnelle et symbolique.

L'évolution vous croyez qu'elle en a quelque chose à foutre qu'une croyance soit vérifiable d'un point de vue objectif ?

Mais non pas du tout, ce qui compte pour l'évolution c'est que si une forme de vie a une croyance, cela va augmenter son pouvoir d'adaptation.

C'est quelque chose d'additif. D'indépendant. Qui se suffit à lui-même.

Et donc c'est limite normal que la croyance n'existe pas à l'extérieur et ne puisse pas être vérifiée, sans ça elle n'aurait pas vraiment d'utilité.

C'est justement ça la magie de la psychologie humaine.

De faire exister ce qui n'existait pas.

L'ensemble des idées et des croyances à travers l'humanité, ce que j'appelle le rêve de la planète, c'est une structure biologique très avancée qui impacte radicalement le cours de la vie.

C'est un nouveau plan à part entière.

Et c'est ça qui dirige l'évolution humaine actuellement.

Vous croyez que votre individualité, ce que vous appelez "moi", vous croyez ça existe au delà de notre rêve de la réalité ?

Vous croyez qu'au-delà de notre rêve, on a vraiment un libre-arbitre ?

Vous croyez que ce qu'on appelle le temps ça existe vraiment à l’extérieur comme on l'imagine dans notre plan humain ?

Non, c'est la même chose que la religion. 

La différence est juste une question de degré de partage entre les êtres humains.

D’où l’idée qu’une vraie hallucination est simplement une hallucination non partagée.

Tout ça fait partie du mythe de la vie.

Tout ça fait partie de notre rêve de la réalité.

D'un point de vue objectif, toutes ces croyances sont aussi "inventées", imaginaires, idéalisées, et absurdes les unes que les autres.

Mais en attendant, bien sûr qu'on croit qu'on est libre et responsable de notre existence.

Bien sûr qu'on croit qu'on existe en tant qu'individu.

Bien sûr que dans le présent on croit qu'on va pouvoir faire des choses dans notre vie future qui pourtant n'existe pas encore.

Bien sûr qu'on croit que notre passé est le nôtre.

Bien sur qu'on croit au temps.

Pour nous tout cela est aussi évident, que c'est évident pour un religieux que Dieu existe.

Et vous pouvez être sûr que si on commençait à remettre en question ces croyances fondamentales, nos vies seraient complètement différentes.

Parce que ces croyances ne sont pas simplement des croyances.

Ce sont des sentiments.

Sentiments qui sont liés à des émotions physiologiques.

Émotions qui nous animent.

Et contrairement aux croyances, qu'on a ou qu'on n'a pas.

Les sentiments et les émotions, ce n'est pas aussi binaire.

On les ressent de manière plus ou moins intense.

Et ainsi renforcer la croyance de la responsabilité qu'on a sur notre existence,

permet de renforcer et tonifier le sentiment associé comme si c'était un muscle mental,

ce qui va permettre de renforcer les émotions physiologiques associées, ce qui va permettre de renforcer les actions associées, etc, etc.

Toute la dynamique de notre existence est articulée autour de ces croyances symboliques et de l'intensité avec lesquelles on les ressent.

Tous nos choix, toutes nos actions, etc, dépendent de ces croyances que l'on entretient dans notre imaginaire inconscient.

Qui favorisent plus ou moins, l'émergence de certains événements dans notre vie.

Vous arrivez à imaginer votre vie sans ces croyances fondamentales ?

Nan, c'est inconcevable, c'est limite des sens à part entière à ce niveau.

Il faut être illuminé ou complètement défoncé pour arriver à s'en abstraire.

J'imagine bien qu'au contraire, pour vous c'est très important de croire en votre individualité et en votre libre-arbitre.

C'est très important de croire en vos valeurs, etc.

Comprenez bien que c'est la même chose pour les religieux qui sont au stade Bleu.

Pour les religieux c'est inconcevable de vivre sans cette croyance en Dieu & cie.

C'est fondamental pour eux.

Toute leur identité en dépend.

De la même manière que je pourrais vous apporter l'explication la plus rationnelle qui soit pour vous démontrer que votre "moi" n'existe pas vraiment physiquement, que votre "libre-arbitre" n'en est pas vraiment un.

Et que vous ne serez jamais convaincu.

Je pourrais dire tout ce que je veux, que ça ne marchera pas vous croirez toujours que vous êtes un individu en contrôle de lui même.

Parce que vous en avez le sentiment profond.

Ce sentiment profond qui fait de vous qui vous êtes.

Eh bien de la même manière, vous n'arriverez pas à convaincre une personne qui croit en Dieu que Dieu n'existe pas en essayant de le démontrer, pour les mêmes raisons.

Ça ne marche pas comme ça la croyance.

Du tout.

Ce serait trop brutal.

...

Au passage un bon exemple de vidéo pour illustrer mon propos, c’est la vidéo de la chaîne “e-penser” intitulée “Vous n’existez pas réellement”.

Malgré les arguments rationnels de cette vidéo ça n’affectera pas vos sentiments, et donc quelque part, les arguments ne vont pas vraiment percuter, ça ne va en aucun cas vous convaincre durablement de quoi que ce soit.

...

Encore une fois les systèmes de croyances, les idées et leur mouvement, ça fait partie de la biologie.

Le rêve de la réalité par l'humanité fait partie du monde.

C'est une structure biologique avancée, du tissu d'ordre supérieur dont chacun d'entre nous fait partie.

Et qui régit le fonctionnement du vivant sur un plan plus macroscopique.

Et ce n'est pas parce que ce n'est pas une structure purement physique que ça en fait du vent ou qu'on peut la changer comme on veut.

Non, ça a sa propre forme immatérielle, sa propre matière.

Et ce n’est pas si évident de faire changer la forme de ce rêve.

Parce que les croyances ont leur propre système de défense pour survivre.

Donc ça demande un sacré travail de faire évoluer cette structure.

C'est véritablement comme travailler de la matière.

Sauf que ce n'est pas de la matière purement physique, et que donc les forces à appliquer dessus ne sont pas purement physiques non plus.

Bref, revenons en à nos moutons.

À partir de là. Si vous croyez en votre individualité. Si vous croyez en votre libre-arbitre.

Vous pouvez comprendre en quoi des idées qu'on a sur le monde et la vie peuvent complètement conditionner le cours de la vie.

Puisque ces idées là, conditionnent la vôtre de vie.

Si vous croyez que vous avez une âme. Est-ce que c'est vrai, est-ce que c'est faux ?

Ben bien sûr que c'est vrai.

La croyance en elle même, prise de manière indépendante, je n'en sais rien, et quelque part on s'en fout.

Mais c'est vrai que vous avez la croyance que vous avez une âme.

C'est à dire que vous avez une idée et/ou un sentiment de ce qu'est une âme.

Vous avez une idée et/ou un sentiment de ce que ça implique pour la vie.

Et vous avez une idée et/ou un sentiment de ce que vous appelez vous et qui a une âme.

Par conséquent, oui sur le plan humain, si on s'émancipe de la physicalité et que l'on considère les idées comme des entités fonctionnelles indépendantes qui contrôlent la vie, vous avez une âme.

Et donc vous allez vous comporter comme un individu qui a une âme.

Selon votre idée/sentiment de ce qu'est une âme. Fin de l'histoire.

C'est comme ce que je vous disais sur la pilule placebo dans les épisodes 10 et 83 ;

il n'y rien qui soigne dans une pilule placebo si ce n'est la relation perceptivonarrative qu'on a avec cette pilule.

Donc là c'est pareil, ce n'est pas la croyance en elle-même qui est importante.

C'est la relation qu'on a avec la croyance.

...

De la même manière, est-ce que Dieu existe ?

Bien sûr qu'il existe.

L'impact structurant de Dieu sur la réalité humaine est énorme.

Si Dieu n'existe pas, mais bordel qu'est-ce qui existe dans ce monde ?

Dire que Dieu n'existe pas c'est s'en tenir à une vision physicaliste de la réalité.

Dans laquelle seules les choses ayant une physicalité propre existent.

Ce qui est une position intenable, parce que ça veut dire que l'on n’existerait pas étant donné que ce qui nous caractérise ce sont des choses qui n'ont pas de physicalité propre mais qui pourtant ont une certaine permanence malgré tout.

Et surtout ça veut dire qu'on ne pourra pas évoluer en tant que société.

Ce qui va permettre l’évolution de la société

Parce que si on va évoluer en tant que société c'est principalement à travers l'évolution des idées qui la structurent et non pas à travers l'évolution de ce qu'on est physiquement.

Ça fait un bail que notre monde est passé au symbolique, il faut se réveiller.

Une question plus intéressante, c'est est-ce que Dieu a une physicalité propre ?

Et la réponse, c'est non. Dieu n'a pas de physicialité propre.

De la même manière que le libre-arbitre qu'on a, les valeurs qu'on a, ce sont des organes d'un ordre plus logique que physique qui structurent l'existence et la réalité humaine.

Essayer de retirer Dieu de l'équation de la vie, comme ça d'un coup, comme certains athéistes essayent de le faire, en espérant que tout le système de valeurs de notre réalité ne se casse pas la gueule.

C'est illusoire.

Il faut s'y prendre de manière beaucoup plus chirurgicale pour retirer un organe pareil sans casser l'équilibre entier du système.

Et ça c'est quelque chose que beaucoup de scientifiques ne comprennent pas vraiment.

Ils ne comprennent pas que la science n'a pas du tout les mêmes rôles fonctionnels que la religion au sein de notre réalité.

Et que par conséquent on ne peut pas simplement remplacer l'un par l'autre sous prétexte qu'ils ne disent pas la même chose.

Si vous êtes rationnel et que vous voulez remplacer la religion actuelle par quelque chose de mieux.

Ok je suis d'accord avec ça moi aussi.

Parce que la religion est un paquet qui vient avec beaucoup de problèmes.

Notamment le côté guerres de cultes, vénération, etc.

Mais il faut remplacer la religion par un organe qui remplit les mêmes rôles fonctionnels positifs que la religion.

Ce que la science actuelle n'est pas.

La science actuelle ne va pas spécialement vous donner un cadre de valeurs pour charger votre mental et vivre une vie vertueuse, par exemple.

Et je pense qu'elle ne le fera jamais.

Ce n'est pas son rôle.

Pour être objective, la science est par principe opposée à l'expérience humaine.