Le 29/03/2022

Nous ne sommes PAS en Démocratie #0309



Résumé du livre "Democracy for Realists" de Larry Bartels et Christopher Achen parlant des limites de la démocratie (et des limites psychologiques des électeurs).

Imaginez un concepteur de jeu-vidéo qui conçoit dans sa tête un super concept de jeu, un concept super ambitieux, sans jamais se demander

1 / si c'est faisable avec le matériel qu'on a actuellement de faire tourner un jeu pareil

et 2 / est-ce que c'est raisonnable en termes de coût de production.

Et je ne parle pas de déterminer précisément si c'est faisable et le coût que ça va avoir, mais plutôt d'estimer vaguement si ça pourrait marcher, d'estimer si ça a des chances, d'estimer si ça reste plus ou moins dans le champ du possible ou bien si c'est complètement la tête dans les nuages, complètement irréaliste et que ça ne pourra jamais marcher.

Et imaginez que malgré les déconvenues et les années qui passent sans résultats, ce concepteur reste religieusement accroché à son concept et essaie toujours de le mettre en oeuvre, sans jamais réfléchir à pourquoi ça ne peut pas marcher.

//Avec la démocratie, on est tellement attaché à l'idée, qu'on ne se demande même pas si ça peut marcher correctement.

//Une autre métaphore serait de comparer la démocratie à un style de Kung-Fu hyper complexe. Ou un style de self-defense complexe.

Ou bien alors, rien à voir mais imaginez un style de Kung-Fu hyper complexe. Ou un style de self-defense complexe.

Un style de combat qui ne prend pas en compte qu'en situation réelle de combat, tout va très vite et on n'a pas les moyens d'appliquer des techniques précises.

Un système de combat qui n'a jamais fait ses preuves en situation réelle, mais qui malgré tout nourrit des fantasmes. Le fantasme du maître de Kung-Fu qui bat n'importe qui grâce à sa maîtrise technique.

Un système de combat qui fait tellement fantasmer qu'un culte s'est développé autour de lui.

Dans la tête des gens qui adhèrent à ce culte, c'est le meilleur système, et celui qui le maîtrise est imbattable, il peut battre n'importe quel boxeur, n'importe quel pratiquant de MMA, etc.

Eh bien, de bien des manières, la démocratie est devenue une sorte de culte de ce genre.

Un modèle de gouvernement qui ne pourra jamais être correctement mis en pratique, mais auquel pourtant on est fanatiquement attaché parce qu'il nous fait fantasmer et qu'on lui pardonne tout.

Et c'est le sujet du livre "Democracy for Realists" de Larry Bartels et Christopher Achen, dont on va parler dans cette vidéo.

C'est un livre qui parle des fantaisies romantiques qu'on a sur la démocratie et des limites de la démocratie.

Et les limites de la démocratie sont en fait grosso-modo le reflet nos limites à nous. Et de nos biais psychologiques.

Ce qui est logique puisque c'est un système politique qui repose sur les décisions du peuple.

Indirectement, c'est donc un livre qui parle énormément de psychologie, la psychologie des électeurs, de leurs biais, de leurs illusions, etc, et c'est pour ça que je l'ai apprécié.

C'est un livre qui nous fait notamment réaliser à quel point ou surestime nos capacités et notre objectivité.

Et à quel point réciproquement on sous-estime l'investissement, la compétence et l'expertise nécessaire pour prendre de bonnes décisions politiques et non pas prendre des décisions qui ont simplement l'air d'être bonnes mais qui en réalité ne le sont pas.

Pourquoi nous ne sommes pas en démocratie

Donc oui comme le titre l'indique, nous ne sommes pas en démocratie, car la démocratie est un système théorique qui en pratique, ne correspond pas au système politique qui est actuellement en place.

En effet, pour qu'un gouvernement soit considéré comme une démocratie fonctionnelle, il faut au minimum qu'il y ait une correspondance entre le vote des électeurs et ce que fait le gouvernement, ou une correspondance entre le vote des électeurs et ce qu'a fait le gouvernement d'un point de vue politique dans le passé.

Autrement dit, il faut qu'il y ait une forme de réactivité idéologique entre la volonté du peuple et le gouvernement qui est élu.

Si cette relation entre le vote des électeurs et les décisions politiques du gouvernement est aléatoire, alors la démocratie est juste une façade, une illusion.

C'est à dire que si on fait des études pour déterminer pourquoi les gens ont voté tel ou tel candidat alors pour que ce soit une démocratie fonctionnelle on doit trouver l'un de ces deux critères.

Le vote idéologique

Le premier critère c'est ce que les auteurs du livre appellent le vote idéologique.

Pour qu'il y ait une forme de réactivité idéologique entre le jugement et la volonté du peuple et le gouvernement qui est élu, alors la volonté du peuple doit elle même être idéologiquement fondée.

Elle doit être basée sur un jugement raisonné.

// idéologique est à prendre avant tout dans un sens différent de l'usage classique (à savoir "religieux"), mais ça vaut aussi pour l'usage classique finalement.

Il y a donc un vote idéologique quand il y a un lien cohérent entre les mesures politiques que les électeurs veulent supporter et le candidat pour lequel ils votent.

Ce vote idéologique implique donc que les électeurs sont bien informés politiquement parlant, qu'ils ont des idées, qu'ils ont un avis sur les différentes problématiques politiques et les mesures proposées pour y remédier, et qu'ils savent quelle position ont les différents candidats vis-à-vis de ces problématiques politiques. Quelles mesures ils soutiennent.

Donc si on fait une étude et qu'on se rend compte que la majorité des électeurs votent pour des candidats qui ne vont pas dans le même sens que leurs idées à eux, ou bien qu'on se rend compte que les électeurs ne sont pas informés et n'ont pratiquement aucune idée des problématiques et des mesures politiques, et que du coup ils votent pour un candidat indépendamment de ça ;

Eh bien sur ce critère seul, on ne peut pas considérer qu'il s'agit d'une démocratie.

Le peuple ne peut pas tirer les rênes des décisions politiques s'il n'est pas engagé, pas compétent ou pas cohérent.

Et pratiquement toutes les études qui ont été faites ont mis en évidence que ce critère du vote idéologique est très très loin d'être validé, la plupart des électeurs étant vraiment peu engagés, peu informés et peu compétents au niveau idéologique, et peu informés sur les positions des différents candidats.

Avec ces études on se rend compte que la plupart des électeurs sont déjà trop occupés par leur vie personnelle et n'ont pas le temps de s'informer politiquement, et même plus encore, que ça ne les intéresse pas de s'informer politiquement.

Ils n'ont aucune motivation de se renseigner là dessus.

Et pour ceux qui sont intéressés par la politique, c'est davantage un intérêt pour l'aspect superficiel et dramatique de la politique, et non pour le contenu et les idées réels de la politique, qui pour la plupart des citoyens ressemble trop à un séminaire de philosophie.

La plupart des électeurs n'ont aucune idée des mesures politiques associées à chaque candidat, et en fait ils n'ont eux-mêmes pratiquement aucunes idées personnelles en termes de mesures politiques, donc leur vote n'est pas un vote en termes d'idées et de mesures politiques.

Un autre problème lié au vote idéologique, c'est que même chez les électeurs qui ont des idées, on se rend compte que ces idées ne découlent pas de raisonnements personnels mais ont simplement été adoptées toutes faites depuis la communication du parti auquel ils adhèrent.

Ce sont grosso-modo des perroquets.

Ce qui fait qu'indirectement, c'est comme si les candidats votaient pour eux-mêmes en gros, il n'y a rien de démocratique là-dedans.

Plus les électeurs sont engagés dans la politique, plus ils ont tendance à rationaliser leurs loyautés et devenir entre guillemets, des "supporters de football".

On y reviendra plus tard dans la vidéo, mais le lien est davantage dans le sens : le parti auquel on adhère détermine les idées "personnelles",

et non dans le sens : les idées personnelles déterminent le parti auquel on adhère.

Donc tant pis pour le premier critère, ça nous mène au deuxième critère qui peut nous permettre de considérer qu'on est quand même dans une démocratie fonctionnelle.

Le votre rétrospectif

Ce deuxième critère c'est un lien cohérent entre le vote et les effets causés par le gouvernement.

Et ce lien est essentiellement à comprendre de manière rétrospective en fait.

C'est à dire que ce sont les effets du gouvernement qui a été en place qui vont influencer les votes aux prochaines élections.

Ou dit autrement ce sont les performances du gouvernement qui a été en place qui vont être évaluées par les électeurs et qui vont influencer les votes aux prochaines élections.

En gros si on fait une étude et qu'on se rend compte que les électeurs récompensent et punissent correctement les gouvernements pour les conséquences de leurs décisions, eh bien on peut considérer que c'est une démocratie fonctionnelle.

La récompense et la punition correspondant respectivement à une ré-élection ou à une non-réélection.

L'avantage de ce deuxième critère, c'est qu'il ne nécessite pas d'être bien informé et engagé politiquement. Il en demande beaucoup moins aux électeurs que le critère du vote idéologique.

Tout ce que les électeurs doivent réussir à faire, c'est estimer correctement à la fin d'un mandat, si les performances du gouvernement ont été plutôt positives ou plutôt négatives.

En revanche si on se rend compte qu'aux élections, les électeurs punissent ou récompensent le gouvernement pour des phénomènes qu'ils n'ont pas causés, là on ne peut pas considérer que c'est une démocratie fonctionnelle.

Ce serait une illusion puisqu'en réalité les votes ne seraient pas reliés aux performances du gouvernement. Pas reliés aux "effets" causés par le gouvernement.

Et effectivement les études montrent que faire un vote rétrospectif correct, c'est toujours trop en demander aux électeurs.

La plupart des électeurs ont en effet une perception de la réalité qui est grandement teintée par leurs biais.

Je parle bien sûr des biais politiques qui vont faire que les électeurs vont percevoir beaucoup plus positivement les performanes et les conséquences d'un mandat qui est de leur bord, et beaucoup plus négativement les performaces et les conséquences d'un mandat qui n'est pas de leur bord.

Les faits vont être adaptés de manière très libre pour coller avec les biais politiques des électeurs. 

Mais je ne parle pas juste des biais politiques. On retrouve en effet d'autres biais plus classiques, qui n'ont rien à voir avec la politique.

Notamment le biais de saillance. Par exemple si durant un mandat le crime baisse globalement mais qu'il se passe deux gros crimes très médiatisés, beaucoup de gens vont avoir l'impression que le crime a explosé, que le pays part en sucette, etc.

Autre biais classique, le biais de récence. Avec les études on se rend compte que les électeurs ont un gros biais de récence et ne jugent pratiquement jamais un candidat sur l'ensemble de son mandat, mais seulement sur les derniers mois de son mandat, les mois qui précèdent les nouvelles élections.

En gros si l'économie est négative sur les quatre premières années du mandat et qu'elle remonte sur la cinquième, le candidat va probablement se faire réélire.

En revanche si l'économie est positive sur les quatre premières années du mandat et qu'elle descend sur la cinquième, le candidat va probablement se faire dégager.

Les électeurs ne jugent pas l'ensemble mais juste la fin. L'éléctorat est globament myope et amnésique, il oublie très vite ce qui s'est passé et il se focalise sur l'actualité récente.

Dans le même ordre d'idée, les électeurs jugent ce qui se passe ici et maintenant comme étant causé par les décisions qui ont été prises maintenant, indépendamment de la distance temporelle réelle des véritables causes.

C'est à dire que si les conséquences des décisions d'un gouvernement A ont lieu des années plus tard pendant qu'un gouvernement B est en place, les conséquences seront attribuées aux décisions du gouvernement B et non au gouvernement A.

Alors que le gouvernement B n'a rien à voir avec ça.

C'est donc une erreur d'attribution.

Et cette erreur d'attribution s'étend de manière bien plus grave.

En effet, on se rend compte en termes de votes que les électeurs punissent les gouvernements pour des phénomènes naturels tels que les sécheresses et les inondations.

Le covid-19 est un bon exemple récent de ce genre de punition : peu importe les mesures qu'ont employé les pays, la plupart des gouvernements ont été considérés comme incompétents et comme ayant échoué à leur fonction.

Le livre décrit rapidement les réactions politiques des gens face à la peste noire, et c'est assez édifiant à quel point c'est similaire aux réactions vis-à-vis du covid.

Par contre ce qui est marrant c'est que la grippe espagnole n'a pas entraînée de réaction négative envers le gouvernement, parce que la grippe était considérée comme quelque chose de normal et que la plupart des gens à l'époque n'avaient aucune idée que c'était une pandémie, ils pensaient que c'était juste la grippe dans leur quartier, comme chaque année. La grippe espagnole n'a pas été médiatisée du tout. Contrairement au covid-19.

Et surtout les auteurs mettent en évidence que le paramètre le plus important pour expliquer cette différence dans le retournement contre le gouvernement, c'est qu'aucune voix médiatique de l'époque n'a suggéré une trame narrative comme quoi c'était la faute du gouvernement.

Alors qu'avec le covid-19 ça a été l'inverse, il y a eu d'inombrables voix sur Internet qui ont donné des trames narratives et des raisons toutes faites aux gens de penser que tout est la faute du gouvernement.

Les esprits se sont tout simplement accrochés à ces trames narratives.

Si des trames narratives du genre avaient été présentes pendant la grippe espagnole, ça aurait été sûrement pareil.

Ce qui est vraiment ironique, c'est que le livre met en évidence que le même président américian qui gouvernait durant la grippe espagnole et qui n'a pas du tout été puni pour la grippe, Woodrow Wilson, eh bien il été en revanche puni et a perdu des votes à cause d'une succession d'attaques de requins complètement imprévisible.

Les électeurs ont tendance à considérer les événements ponctuels et leurs conséquences comme étant de la responsabilité du gouvernement.

En revanche ils considèrent les événements réguliers comme naturels et indépendants du gouvernement.

En gros les électeurs sont incapables à la fois de déterminer si les conséquences du mandat ont été globalement positives ou négatives, mais aussi de discerner ce qui a été causé par le gouvernement de ce qui n'a pas été causé par le gouvernement.

Implicitement on considère le gouvernement comme une sorte de Dieu tout puissant, responsable d'absolument tout ce qui se passe.

Pour paraphraser Andrew Kohut, un sondeur professionnel, les gens n'ont pas un sens réaliste de ce qu'un président peut faire et ne peut pas faire au niveau de l'économie.

La perception de beaucoup de gens c'est que le président est responsable de comment vont les choses, et que s'il ne répond pas à leurs plaintes et à leurs réclamations, alors c'est qu'il est indifférent et qu'il ne fait pas son travail.

Ordinary people don’t have a good sense of what the president can and cannot do about the economy. Their perception is that he is responsible for how they are faring, and if he does not acknowledge their complaints, they judge him as indifferent and not doing a good job.” Or, as Theodore Roosevelt (quoted by Goodwin 2013, 530) put it while he coped with the Panic of 1907, “When the average man loses his money he is simply like a wounded snake and strikes right or left at anything, innocent or the reverse, that presents itself as conspicuous in his mind.”

Les auteurs du livre donnent une image marrante, l'image d'une personne qui en rentrant chez lui après une journée difficile au travail donne un gros coup de pied à son chien.

C'est débile cette punition parce que le chien n'y est évidémment pour rien, mais pourtant ce n'est pas plus débile que certains facteurs qui influencent les votes.

En gros pour les êtres humains ce n'est pas tellement plus simple de percevoir avec justesse les conséquences d'un mandat que de construire un vote idéologique.

Le vote rétrospectif est globalement un vote aveugle.

Bref, il y a une fameuse citation de Winston Churchill qui dit que "Le meilleur argument contre la démocratie est une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen."

Et en gros les évidences qu'on accumule sur les électeurs c'est une sorte d'extrapolation de cette citation.

Quand on étudie comment les gens votent on se rend compte que ce n'est pas très responsable de leur donner du pouvoir, et qu'il y a peu d'espoir que la démocratie puisse vraiment fonctionner, parce qu'on est tellement, tellement loin de se rapprocher du modèle de l'écteur idéal pour que ça puisse fonctionner.


 Les critères négatifs

Il faut bien comprendre que le problème ce n'est pas tellement que ces deux critères positifs ne sont pas validés.

À la limite si on ne peut pas valider ces deux critères positifs, c'est pas grave, on pourrait quand même faire l'autruche et se dire qu'on est peut-être quand même dans une démocratie et que c'est juste qu'on n'a pas su le mesurer avec ces critères.

Non, ce qui pose vraiment problème c'est qu'il y a des critères négatifs qu'on ne doit absolument pas trouver pour que ce soit une démocratie, et ces critères là on les valide.

C'est à dire que si on trouve des liens entre le vote et des choses qui n'ont rien à voir avec le gouvernement, alors ce n'est pas une démocratie fonctionnelle.

Et le problème c'est que jusque là dans les études qui ont été faites, dans ce qu'on est censé trouver (critères positifs), on ne trouve pas grand chose, et dans ce qu'on est censé ne pas trouver (critères négatifs), on trouve pas mal de choses.


Quid de la démocratie directe ?

Vous allez me dire, tout cela concerne la démocratie représentative et non la démocratie directe dans laquelle le peuple prend directement les décisions politiques.

C'est vrai.

La démocratie directe est forcément une démocratie.

Mais pas forcément une démocratie fonctionnelle.

Car elle est sujette au second problème : le problème de l'idéalisation, ou dit autrement le problème de la qualité de ses conséquences.

Parce que oui, si la démocratie est supposément un bon système, alors elle doit avoir des conséquences positives pour son peuple.

Donc dans le cas de la démocratie directe, si on fait des études on doit trouver que les conséquences des décisions politiques prises par le peuple vont dans son intérêt.

Si les conséquences des décisions politiques prises par le peuple ne vont pas dans son intérêt, ben c'est que la démocratie n'est pas  fonctionnelle, ou  que  c'est un mauvais système.

C'est que les gens ne sont pas capables de prendre des bonnes décisions, c'est à dire des décisions qui ne vont pas avoir des conséquences négatives pour eux-mêmes sur le long terme.

Et là encore, les études montrent les citoyens sont plutôt incompétents pour prendre des décisions intelligentes pour eux-mêmes.

Avec une tendance à vouloir obtenir plus sans payer plus.

Dans le livre ils notent l'exemple d'une réduction du budget des services de protection contre le feu en Illinois. Afin de faire baisser légèrement les impôts.

Cette baisse allait contre les recommandations des experts et a été associée à des délais d'intervention plus élevés.

Elle a donc très probablement entraîné des contre-performances au niveau de la protection, et donc des dégâts et même des morts chez les personnes qui ont voté pour cette réduction.

Quand on veut gratter et faire trop d'économies, on finit par en payer le prix.

C'est typiquement la logique d'acheter un truc pas cher, mais qui finit par lâcher en cours de route, et donc nous obliger à repasser très tôt à la caisse.

Les décisions prises en démocratie directe souvent trop souvent très coûteuses en comparaison aux décisions prises par des institutions indépendantes de l'opinion publique.

Pour énormément de décisions, la compétence des citoyens n'est pas suffisante, il est essentiel de se baser sur des avis plus experts.

Et ça vaut pour la politique. Les propositions politiques, les candidats, etc

Plus le système est en démocratie directe, alors plus l'influence des politiques professionnels est diluée.

Sauf que ces politiques professionnels c'est eux qui ont les connaissances permettant de filtrer les amateurs et les démagogues.


Un cheval de Troie pour les groupes d'intérêts

Un autre problème avec la démocratie et en particulier la démocratie directe,

c'est que comme on l'a vu, la plupart des citoyens sont désintéressés par la politique.

Mais ce n'est pas le cas des groupes d'intérêts qui comme leur nom le suggère, eux sont intéressés pour avoir une politique qui les arrange.

Et du coup la conjonction du désintérêt politique d'une grande partie du peuple, et l'intérêt politique des lobbies, fait que les idéaux démocratiques romantiques censés contrer l'influence des élites, servent au final davantage les groupes d'intérêts.

Ça leur facilite la vie et ça leur permet de tirer les ficelles au calme, sous façade de démocratie, sans que pratiquement personne n'y trouve quelque chose à redire.

Dans le cas de la démocratie directe, pendant que la plupart des citoyens s'en foutent de la politique et des référendums, et donc ne vont pas faire l'effort de s'organiser pour formuler et proposer grand chose,

ce sont des personnes représentant des groupes d'intérêts qui vont se bouger et faire les efforts de s'organiser pour formuler et proposer des mesures politiques et influencer les citoyens naïfs à soutenir ces propositions.

C'est plus facile de s'organiser à créer des programmes politiques pour les groupes d'intérêts organisés qui sont par définition déjà organisés, que pour les citoyens moyens.

Il peut être impossible pour un lobby de convaincre la législature d'aller dans ses intérêts.

Et c'est pour ça que la démocratie directe, les référendums, tout ça, ça peut arranger les lobbies car ça leur permet de contourner la législature et d'être beaucoup plus libres et maîtres du jeu.

Avec la démocratie directe les lobbies ont juste à faire en sorte de proposer de manière masquée leurs propres mesures dans un programme d'ensemble, puis utiliser leur argent pour influencer le peuple à voter pour ce programme de mesures.

Une sorte de cheval de Troie en gros. Ils ont juste à faire en sorte de donner une apparence populiste à leur programme, de donner les bons indices de vote, et la plupart des citoyens naïfs vont se faire hameçonner.

En gros le peuple se fait "cuck". Le peuple soutient et nourrit les enfants des lobbies et les place au pouvoir en pensant que c'est leurs enfants à eux.

Comme la plupart des citoyens ne sont pas engagés dans la politique, ceux qui sont le plus engagés dans les rouages de la démocratie directe ce sont bien souvent ceux qui représentent un intérêt, ceux qui ont quelque chose à y gagner.

Ce qui est à la base censé donner du pouvoir au peuple, donne finalement du pouvoir aux millionnaires, aux lobbies, etc.

Après on retrouve le même genre de problème avec la démocratie représentative.

Notamment vis-à-vis du financement des campagnes par des groupes d'intérêt extrêmement riches, voire de l'achat des élections.

Sur ce on s'arrête là pour aujourd'hui, et on reprend la suite, avec tout ce dont je n'ai pas eu le temps de parler dans cet épisode, dans le prochain épisode.


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