Le 22/02/2022

Habitudes : récompenses, continuités et relations #0306



Ce qu'il faut comprendre sur le cycle déclencheur-routine-récompense de la régularité, ainsi que sur l'aspect relationnel des projets.

Bonjour et bienvenue,

c'est Bertrand de la Fondation MAGister,

l'École des Héros du Monde Réel.

Pour le septième et dernier épisode de la série sur les habitudes.

...

Vous savez l'ironie c'est que beaucoup de coachs qui défendent les habitudes,

dévalorisent l'importance de la motivation.

Alors que leur méthode toute entière repose très souvent sur une boucle pour nourrir et cultiver la motivation.

Afin que celle-ci soit "naturelle".

Ce qui est logique étant donné que comme je l'ai déjà répété dans le passé, la motivation c'est super important.

Si une méthode de productivité marche, alors il est très probable qu'elle implique de la motivation.

Et c'est le cas de la méthode classique des habitudes.

En effet, techniquement quand on parle d'habitude, on parle souvent d'une boucle avec trois ingrédients : signal déclencheur, routine, récompense.

Et la récompense est souvent considérée comme un simple renforçateur,

qui va nous inciter à recommencer la routine pour obtenir de nouveau la récompense.

Tu fais quelque chose de difficile, et dès que tu as fini, tu te récompenses avec quelque chose que tu aimes.

Ce qu'on ne vous dit pas c'est que dans bien des cas, la récompense est bien plus que ça.

Déjà la récompense est souvent intrinsèque et non extrinsèque.

C'est à dire que tu n'as rien besoin de te donner en plus comme récompense, le simple fait d'avoir accompli ce que tu voulais accomplir, le simple fait d'avoir avancé dans une tâche ou un projet, est en soi une récompense qui va te faire poursuivre cette tâche ou ce projet.

Ensuite, cette récompense intrinsèque n'est pas juste un renforçateur pour répéter la routine dans le futur.

C'est à dire pour répéter ce qu'on a déjà fait.

Non cette récompense intrinsèque est bien souvent un déclencheur pour enchaîner de manière transparente sur la continuité de notre activité, un tremplin pour la faire évoluer au niveau supérieur.

Exactement comme dans une histoire. Quand tu avances dans l'histoire, ça te donne envie de découvrir la suite.

Tu n'as pas envie de te retaper le même chapitre en boucle.

Et quand tu découvres la suite de l'histoire, eh bien tu as encore envie d'avancer plus loin.

Tu veux la suite de la suite, et ainsi de suite.

C'est ça la vraie boucle.

Et c'est ça qui va te rendre productif.

En l’occurrence c'est ça qui va te faire dévorer l'histoire d'un livre ou d'une série rapidement.

C'est ça qui va te faire ne pas vouloir décrocher.

Eh bien sûr, du coup, cette récompense là, ce n'est pas tellement un renforcement abstrait de l'activité, mais un renforcement spécifique et localisé sur une continuité. Sur une "histoire".

Pour traduire concrètement ce que ça veut dire, prenons un exemple ;

admettons que tu commences à lire un livre et que tu te prends dans l'histoire que raconte ce livre.

Est-ce que ça va te pousser à lire de manière générale ?

Non, ça va te pousser à continuer à lire l'histoire de ce livre précis.

Ça va te verrouiller sur ce livre, en mode tunnel.

Autrement dit quand tu lis un livre, ce n'est pas la mécanique de la lecture que ça renforce.

Non, c'est l'intérêt pour l'histoire du livre. Pour le sujet.

Après avoir lu un livre intéressant, tu ne vas pas plus avoir envie de lire un livre sur un thème qui ne t’intéresse pas.

À la limite on peut dire que ça va te pousser à lire des livres similaires, pour retrouver ces sensations plaisantes que tu as sur ce livre précis.

Mais avant ça, ça va vraiment surtout te pousser à continuer ce livre et le terminer.

...

Et en fait c'est pareil pour tout type de projet.

Tout type de projet implique une continuité.

Une forme d'histoire abstraite. Dans laquelle notre esprit est engagé.

Et c’est cet engagement qui conditionne notre productivité.

Plus ton esprit est engagé dans la continuité d'un projet, plus tu vas être régulier et productif sur ce projet.

Une autre manière de voir la continuité, est comme un tunnel mental.

Quand on est engagé dans ce tunnel mental, ça nous absorbe sur le contenu de ce tunnel, et ça nous aveugle à ce qui est en dehors.


Bref, cette idée d’enchaînement, de continuité, de progression dans le temps, elle est vraiment capitale pour maintenir l'engagement de notre esprit sur la durée.

Pour en revenir au modèle [signal déclencheur, routine, récompense] :

La récompense d'une routine R1 est le signal déclencheur d'une routine R2.

Un peu comme les marches d'un escalier.

Quand tu montes un étage, tu ne veux pas recommencer à monter cet étage, tu veux monter l'étage supérieur.

La vérité c'est que s'il n'y a pas de progression, il n'y aura probablement pas de régularité.

On est régulier non pas parce qu'on répète la même chose chaque jour, R1, R1, R1, R1, ...

mais parce qu'on avance, R1, R2, R3, R4, ...

Chaque jour on fait quelque chose de sensiblement différent, on pousse les choses un peu plus loin que ce qu'on a fait hier.

On monte une nouvelle marche de l'escalier et non la même marche.

Et c'est précisément ça qui nous motive à continuer sans baisse de régime.

Quand on répète toujours la même chose, au bout d'un moment on commence à baisser notre régime d'activité, parce qu'on en a marre.

Cela dit, précision importante, ce principe vaut même pour beaucoup d’activités en apparence répétitives.

Pourquoi ? Parce que ces activités répétitives sont inscrites dans quelque chose de plus large.

Notamment l'identité.

Par exemple avec la musculation.

Le principe reste valable, déjà parce qu'on cherche à améliorer nos performances et notre physique.

Mais aussi parce qu'on cherche à nourrir et maintenir notre identité établie.

On en revient à l'accoutumance dont je vous parlais dans les précédents épisodes.

Si on arrête pendant plusieurs jours la musculation alors que ça fait des années qu'on en fait, il y a quelque chose qui va manquer en nous.

On va ressentir une dissonance. On ne se sentira pas "normal".

Comme si notre identité était en train de glisser sous nos pieds.

Et pour remonter le niveau à la normal, il suffira de reprendre la musculation.

Autrement dit on ne répète pas simplement la même chose d'une semaine à l'autre,

Ce n’est pas uniquement ça qui se passe.

Puisque si on ne fait rien, on va “descendre”. On va "reculer”.

Notre identité va glisser sous nos pieds.

Donc il faut plutôt voir ça comme d'avancer sur un tapis roulant.

Le tapis roulant étant ici l'identité.

Et encore une fois on peut reprendre l'image du tunnel.

Ici l'identité est une sorte de tunnel méga-large qui met en évidence certaines choses et qui en masquent d'autres.

Quand on arrête de faire ce que ce tunnel met en évidence alors qu'on est toujours dedans, eh bien on ressent un manque.

...

Bref, et donc ce qu'on ne vous dit pas c'est que, ce qui se passe chez les personnes qui sont productives c'est qu'elles "streamlinent" les signaux déclencheurs et les récompenses.

Souvent de manière transparente. C'est à dire sans s'en rendre compte elles-mêmes.

Elles ont tout un jeu de continuités, un ensemble de tunnels mentaux, qui s'articulent entre eux.

Pour ces personnes, la récompense d'une routine n'est pas une fin en soi, mais un tremplin pour démarrer une nouvelle routine.

La récompense de la routine R1 est le signal déclencheur qui démarre la routine R2, etc.

//Mais aussi la routine R1 est le signal déclencheur qui démarre la routine R2, etc.

Il y a une ligne aérodynamique, tout s'enchaîne fluidement en mode "domino day", chaque récompense entraîne un déclencheur, il n'y a pas d'arrêt.

Autrement dit les personnes qui sont productives elles enchaînent les petites victoires.

Elles rebondissent de petite victoire en petite victoire.

Ou d'intérêt en intérêt si vous préférez.

Ce qui a pour effet de pomper leur dynamique dopaminergique, ça maintient leurs circuits bien huilés,

et donc ça maintient leur activité.

Leur activité n'est pas suspendue dans du vide.

Ce qui est la fausse image que peuvent donner les enseignements sur les habitudes.

À entendre ces enseignements on croirait que les habitudes et les routines existent dans du vide.

Chaque jour est considéré comme une structure indépendante, séparée des autres.

Alors qu’en réalité tout est “projet” et continuité.

Et quand on essaie de mettre en place les choses sans continuité, ben ça ne marche pas. Ça ne tient pas.

Même une activité comme la musculation, dont les séances sont connectées par l’identité, la recherche d'amélioration de soi, de santé, etc.

La séance de muscu n'existe pas du tout dans du vide.

Ce qui se passe dans une journée est fortement conditionné par ce qui s'est passé ou ce qui va se passer dans les jours qui y sont connectés.

La continuité passée et la continuité future influence le présent.

// CUT

Progression, continuité, identité.

Continuité identitaire : musculation. L’habitude n’existe pas dans du vide.

Le problème de la plupart des théories sur les habitudes, c’est qu’elles ne considèrent pas la [[continuité]]. Chaque “jour” est considéré comme séparé des autres.

Alors qu’en réalité tout est “projet” et continuité.

Même une activité comme la muscu (connecté par l’identité).

// CUT

Pour illustrer tout ça avec l'exemple de la lecture.

Tu commences un livre A. Routine livre A 1.

La progression durant cette routine est le signal déclencheur qui démarre la routine livre A 2. C'est à dire la suite de la lecture de l'histoire du livre A.

Qui elle même va déclencher la routine livre A 3, et ainsi de suite, jusqu'à ce que le livre soit terminé.

// schéma

Et là, maintenant que tu as suivi cette continuité fine et localisée jusqu'à son terme, eh bien tu vas pouvoir utiliser cette progression pour rebondir sur une continuité plus large.

Autrement dit tu es à la fin d'un tunnel fin, mais tu restes imbriqué dans un tunnel plus large.

C'est à dire que la fin de cette continuité va être le signal déclencheur pour trouver un nouveau livre similaire, et démarrer disons la routine livre B.

Avec Livre B1, Livre, B2, et ainsi de suite.

Quand tu es pris dans ce genre de boucles tu peux rebondir d'intérêt en intérêt pratiquement à l’infini.

Et bien sûr dans d'autres activités le rebondissement peut-être beaucoup moins linéaire que ce que j'ai décrit avec cet exemple.

C'est à dire que tu n'es pas obligé de terminer une continuité fine pour qu'elle te fasse rebondir sur une autre continuité fine.

Non un rebondissement peut arriver en plein milieu d'une continuité fine.

Typiquement quand je fais de la recherche et développement pour l'écriture de ce que je produis,

eh bien souvent je rebondis d'une continuité à une autre de manière distribuée dans le temps,

je crée des nouvelles continuités à partir de l'avancement d'autres continuités, etc.

Par exemple disons que je travaille sur un sujet, et durant ce travail je me rends compte qu'il y a un autre super sujet intéressant que j'ai envie de creuser ;

eh bien je vais bifurquer dessus et ça va être le début d'une autre continuité.

Dont l'avancement va sûrement va me faire bifurquer sur une nouvelle continuité, voire revenir sur une ancienne continuité déjà ouverte, et donc me permettre de faire des nouveaux liens.

//Suis une continuité fine et localisée.

//

// Perspective

//Si c'est la perspective future, alors c'est de la motivation.

...

Et donc on en revient à ce que je vous disais dans l'épisode 1 de cette mini-série.

Au fond n'importe quelle vidéo de développement personnel est une vidéo de motivation pour te faire rester dans les bons tunnels.

Regarder une vidéo de développement personnel ça aide à nourrir les bons circuits de motivation pour avancer,

ça aide à rester excité par et canalisé sur le développement de soi et sur les autres valeurs voisines.

Et c'est pour ça que même les pires contenus de développement personnel donnent des résultats et servent à quelque chose.

Le rôle premier des coachs ce n'est pas de donner des informations, c'est d'être là, et d'inspirer et nourrir les gens à poursuivre leur propre développement personnel et à ne pas être excité par autre chose.

C'est pour ça que la plupart des coachs rabâchent la même chose encore et encore.

Ils font leur job premier, c'est à dire être là.

Par leur présence, ils jouent un rôle de phare, un rôle de support.

Comme pour régulièrement rappeler l'orientation "hé ho".

Les projets sont comme des relations

Pour terminer cette vidéo et cette série, et pour rebondir sur ce que je disais toute à l'heure sur la continuité, je vais m'arrêter sur l'aspect relationnel des projets.

Qu'est-ce que j'entends par là ? Eh bien tout simplement que les relations qu'on a avec nos projets, elles fonctionnent de manière très similaire aux relations humaines. Notamment les relations de couple.

Déjà ce qui est assez évident comme parallèle, c'est la phase “lune de miel", la phase de passion et d'engouement naturels au début du milieu de la relation, lorsqu'elle commence à se mettre solidement en place.

Phase d'engouement "automatique" qui une fois passée laisse place à une phase plus "manuelle" de l'intérêt.

La relation a besoin d'être entretenue, les sensations d'être ravivées.

Autrement dit il faut faire plus d'efforts pour être excité.

Aussi pour qu'une relation marche sur la durée, il y a des épisodes où l'on doit prendre sur soi même si on n'a pas spécialement envie.

On doit faire des compromis.

Ça fait partie d'une relation à long terme.

De la même manière que les cycles de "romance" peuvent revenir après une pause.

Second parallèle : ce que tu ressens pour un projet, ce que tu te vois faire dans ce projet, ça va dépendre de ta proximité avec celui-ci.

Il y a la perspective du projet depuis l'intérieur du projet, et la perspective du projet à l'extérieur du projet. Et c'est assez traître à quel point ça peut être différent.

Tant qu'un projet est lointain tu ne peux pas vraiment le trouver attirant et inspirant.

C'est trop abstrait.

Tu le vois trop à travers le cerveau gauche, qui voit les choses de manière épurée, schématique et distante.

Alors que pour être amoureux d'un projet, il faut le voir à travers le cerveau droit, qui voit les choses de manière proche, riche, dynamique et romantique. 

Quand tu vois un projet à travers le cerveau gauche, tu vas inéluctablement le procrastiner parce que ça ne t'inspire rien de le voir comme ça, c'est "mort".

Alors que quand tu vois un projet à travers le cerveau droit, c'est impossible de procrastiner, ça te prend trop la tête, c'est "vivant".

Et c'est pareil avec les personnes.

Il y a la perspective de la personne quand tu es très proche d'elle, et la perspective de la personne quand tu es loin d'elle.

Et malgré l'inertie, c'est relativement dynamique.

Quand tu te rapproches de personnes pour lesquelles tu n'es pas attaché, tu finis par t'y attacher émotionnellement.

Et inversement quand tu t'éloignes de personnes pour lesquelles tu es attaché, tu finis par ne plus y penser et t’en détacher émotionnellement.

C'est d'ailleurs comme ça qu'on peut naturellement passer à autre chose après une rupture difficile.

Mais  bien sûr ça marche toujours dans les deux sens : quand tu te rapproches de ces personnes, que tu revis des moments avec elles, tu t'y ré-attaches progressivement, tu y repenses, elles te manquent, etc.

Il se passe la même chose avec les projets qui se potentialisent et se dépotentialisent au gré de notre engagement avec.

// God of War : durant le jeu excitation max, j'avais super envie de plus. Puis des mois après avoir décroché, ça me motive/m'inspire pas plus que ça.

// FF VII Remake : pareil

// Les filles juste après la danse

En fait il y a un phénomène de verrouillage de l’inspiration qui s'installe.

//Phénomène de lock-in.

À chaque moment de ta vie, c'est tel truc qui t'inspire parce que c'est ça dans quoi ton esprit s'est immergé récemment.

Immersion, inspiration.

Pour en revenir à la phase lune de miel dont je parlais toute à l'heure, elle ne démarre pas de manière instantanée.

Non, elle démarre quand on est déjà immergé, quand on est déjà au début du milieu, et non au début tout court.

Pour faire un autre parallèle, quand vous commencez une nouvelle série télé ou un livre, vous allez rarement être accro dès le premier épisode ou dès le premier chapitre.

Non vous allez être accro au début du milieu. C'est à dire vers l'épisode ou le chapitre 3 ou 4.

...

Quand on fait des projets les uns à la suite des autres, ce phénomène de verrouillage n'est pas très perceptible.

Mais il devient évident quand il y a compétition simultanée entre les projets.

On va naturellement délaisser une option pour se concentrer sur l'autre.

Autrement dit une option va perdre en intérêt.

Alors que s'il n'y avait qu'une seule option de disponible, eh bien peu importe l'option, elle capturerait notre intérêt.

Notre esprit se laisserait immerger, il allouerait tout son intérêt à cette option.

C'est un phénomène que vous pouvez aussi remarquer avec les séries télé d'ailleurs.

Les séries télé pour lesquelles les épisodes sont déjà disponibles.

C'est très très rare de regarder deux séries télé en même temps et d’être autant captivé par l'une que l'autre.

Non en général, il y en a une qui va prendre l'ascendant, et vous allez avoir envie de finir tous les épisodes de cette série avant de passer à l'autre.

Vous allez être en mode A, et dans ce mode A vous avez envie de A et non de B.

Et encore une fois c'est souvent la même chose avec les relations.

C'est rare d'être à fond sur deux personnes en même temps.

Et ça, ça met en avant l'importance cruciale de laisser de l'espace à un projet pour qu'il puisse capturer notre inspiration.

L'importance cruciale de contrôler les distractions pour ne pas qu'elles ponctionnent notre capacité d'inspiration.

...

Sur ce voilà qui clos cet épisode et cette série sur les habitudes et la régularité.


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