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Encapsulation de la conscience

L'encapsulation de la conscience se résume dans l'idée que notre esprit/cerveau ne cherche pas l'expansion incontrôlée de sa conscience ; mais qu'à l'inverse, il cherche à contraindre notre conscience pour qu'elle soit la plus optimisée possible pour notre survie. Autrement dit, notre esprit/cerveau cherche simplement un paradigme existentiel permettant notre vie et non une représentation complète et objective du monde.

En gros pour faire simple, l'encapsulation de la conscience, ça renvoie à l'idée que le sens du réel que nous présente notre esprit (et qu'il développe continuellement), est optimisé pour que notre existence se déroule correctement et pour que l'on reste focalisé sur ce dont on doit rester focalisé.

Ce mécanisme d'encapsulation de la conscience est à la base de la perception existentielle.

Pour comprendre ce mécanisme, il faut se resituer dans les conditions historiques dans lesquelles notre cerveau a évolué.

Les organismes de nos ancêtres étaient largués dans un monde hypercomplexe et bourré d'inconnu. Et ce, avec des capacités cognitives et énergétiques relativement limitées. À partir de là, ils devaient trouver les moyens de vivre et se reproduire de manière relativement certaine.

Ainsi, le cerveau de nos ancêtres n'a pas évolué pour percevoir le monde objectivement et dans toute la complexité pré-existante qu'il pourrait avoir. Ce n'était pas du tout sa stratégie.

À l'inverse, il cherchait à réinventer le monde d'une manière aménagée pour que nos ancêtres puissent y vivre leur petite vie d'être humain. Il cherchait un paradigme existentiel. Il faisait du monde un contexte narratif : celui de leur existence.

Dit autrement, le cerveau de nos ancêtres ne cherchait pas un monde global à représenter et à arpenter dans toute sa richesse possible, il cherchait un "territoire" suffisant permettant d'assurer les besoins de la vie. Et une fois qu'il avait trouvé ce territoire, il "cartographiait" mentalement le monde de telle sorte à assurer et maintenir la "logistique" de l'existence au sein de ce territoire.

 

Ainsi, ce "monde" aménagé, cet environnement mental simplifié dans lequel la conscience de nos ancêtres était encapsulée n'était autre qu'un ensemble de croyances (autrement dit un paradigme existentiel), et non le "vrai" monde objectif.

Un ensemble de croyances visant à diriger, servir, rationaliser et défendre la "logistique" de l'existence territoriale à laquelle leurs cerveaux s'étaient accoutumés.

Pour ce qui est de notre cerveau à nous, eh bien, c'est grosso-modo le même que celui de nos ancêtres.

C'est-à-dire que nos croyances visent en fait à diriger, servir, rationaliser et défendre ce qu'on fait dans le monde avec notre vie. Elles sont intimement liées avec la "logistique" particulière de notre "territoire" de vie (et de manière plus générale tout ce qui se passe dans notre vie). Beaucoup plus qu'on ne l'imagine.

À noter qu'à notre époque, la notion de "territoire" de vie est à entendre dans le sens imagé : elle concerne les domaines connus, les zones de confort, etc. Tout ce pour quoi notre cerveau a déjà développé une "carte" que l'on utilise pour vivre (que cette carte soit objectivement bonne ou mauvaise). Dit autrement un "territoire" c'est l'ensemble des structures physiques et logiques d'un mode de vie suffisant pour permettre d'avancer d'un jour à l'autre

 

Certaines croyances que peuvent accueillir l'esprit humain ont un pouvoir "objectif" énorme, mais tant qu'on n'en a pas l'utilité au sein de notre "territoire" et de notre mode de vie, notre cerveau ne va pas chercher à les développer. Puisqu'elles ne nous serviront à rien. ("Ok mais qu'est-ce que je vais en faire dans ma vie moi ?").

Les caractéristiques du "territoire" et du mode de vie d'un individu conditionnent énormément les croyances de cet individu. Un enfant qui grandit dans un environnement particulier va trouver des moyens de subvenir à ses besoins (vivre, manger, se faire plaisir, etc) dans cet environnement. Il va se créer un territoire de vie et la logistique associée. Et à partir du moment où il a "trouvé" comment subvenir à ses besoins, peu importe si ces moyens sont objectivement bons ou mauvais, il va rationaliser la "justesse" de ses croyances et s'attacher à son paradigme de croyances pour correspondre à ce territoire et ce mode de vie et se développer sereinement sur cette base. Alors que s'il était né dans un environnement différent, à une époque différente, etc, il aurait développé des croyances complètement différentes.

En ce sens, on peut voir notre paradigme existentiel comme un véhicule particulier nous permettant de diriger notre vie, et de prospérer avec notre mode de vie particulier, au sein de notre territoire de vie particulier.

Ce véhicule particulier n'est pas adapté pour "rouler" efficacement hors de notre territoire de vie (~ croyances limitantes). Et donc pour avancer dans la vie, faire évoluer son mode de vie et prospérer dans de nouveaux territoires, il faut nécessairement faire évoluer ce véhicule.

Ce qui n'est pas évident, car d'une part le développement de ce véhicule a coûté beaucoup de temps et d'énergie pour s'adapter à notre territoire de vie, et d'autre part car le mécanisme d'encapsulation de la conscience repose essentiellement sur la stratégie du moindre paradigme viable : à partir du moment ou le véhicule qu'est notre paradigme existentiel assure notre survie de manière relativement certaine, notre cerveau s'y attache émotionnellement, et il ne cherche pas à en changer ou à l'étendre. À l'inverse, il se ferme au changement et cherche à défendre le paradigme actuel, et éviter la dissonance et la remise en question des croyances (jusqu'à ce que ce ne soit plus possible).

C'est ainsi que l'on peut avoir une sorte de relation toxique avec notre paradigme existentiel, comme une prostituée qui est trop attachée à la sécurité offerte par son mac pour réaliser les vices de ce dernier, arrêter de lui pardonner ses défauts et s'en détacher définitivement.

Notre cerveau déteste la dissonance, l'inconfort et l'incertitude, surtout quand il peut l'éviter et que ce n'est pas nécessaire de s'y confronter.

Et c'est pourquoi l'évolution de notre véhicule mental s'apparente davantage à une révolution. Une révolution au sein de notre vie et de notre cerveau.

Typiquement, une personne "révolutionnera" son véhicule quand son mode de vie commencera à devenir vraiment précaire, c'est à dire quand la douleur de rester encapsulé deviendra insupportable et paraîtra clairement supérieure à celle supposée par le changement. Ou, quand un nouvel élément extérieur entrera dans son environnement, chamboulera sa petite logistique territoriale et ses émotions, et forcera l'évolution de son véhicule pour qu'il puisse gérer ces nouvelles contraintes.

Ainsi, l'encapsulation de la conscience est également un mécanisme de protection et de fermeture dans le sens où il contraint et augmente automatiquement notre vision de la réalité vis-à-vis de nos besoins. De telle sorte à stabiliser notre existence. Comprendre : maximiser notre survie et notre confort, et minimiser notre stress.

Hélas ce mécanisme, très adapté à des conditions de vies plus précaires, incertaines et primitives, peut avoir des conséquences très néfastes à l'époque moderne ; une époque où l'incertitude critique n'existe plus mais où en revanche la certitude dangereuse existe (voir matrice du cerveau par défaut).

À l'ère de l'internet et de l'accès global à l'information, il devient assez évident qu'il y a une grande partie du monde (notamment d'un point de vue "informations" justement) dont notre cerveau se "prive" de l'intérieur. On pourrait passer nos vies à lire, étudier, découvrir des nouveaux domaines... mais on ne le fait pas. On a comme un sentiment inconscient qui nous fait éviter et filtrer les amas d'informations inconnues, de sorte à nous empêcher de réaliser qu'il existe des choses au delà de notre capsule. Tellement de choses à voir que ça en fait peur de le réaliser.

La vérité c'est qu'il ne faut pas se fier au confort qu'apprécie notre organisme. Il faut être objectif pour ne pas se faire leurrer. On peut utiliser l'analogie de la posture pour comprendre ce propos : si votre corps s'habitue depuis l'enfance à une mauvaise posture, eh bien cette posture sera votre posture de confort. Même si elle vous créera des problèmes sur le long terme. La "bonne" posture à adopter, la posture correcte, sera très inconfortable pour vous. Elle vous semblera moins bonne pour vous que la posture que vous utilisez depuis toujours, elle sera comme une torture. Car votre corps n'est pas adapté à elle, il n'a pas développé l'équilibre pour, cela vous créera de la fatigue et de la douleur (les muscles se sont adaptés à une longueur et à une puissance ajustées pour le "mauvais" équilibre postural). Mais cela est transitoire et pourra finir par changer avec de la persévérance. Depuis le temps, votre corps a fusionné avec la mauvaise posture : il a ajusté chaque muscle, chaque sensation, etc à cette posture pour trouver un équilibre, et il s'agit de réajuster péniblement tout ça. Et vous éviterez ainsi les problèmes à long terme associé à la mauvaise posture.

Maîtrisez votre esprit, développez votre conscience, élevez votre existence !

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