Le 14/01/2019

Mais à quel point on vit dans notre tête ? #061



Ne croyez pas qui si notre perception de la réalité extérieure est connectée au monde extérieur, elle est pour autant objective. À vrai dire on n'a même pas besoin du monde extérieur pour avoir une expérience d'une réalité extérieure !

Bonjour et bienvenue,

C'est Bertrand de la Fondation MAGister,

l'école des héros du monde réel.

Dans le dernier épisode,

je vous expliquais qu'on est sans cesse en train de projeter des représentations et des scénarisations pré-établies qu'on a à l'intérieur,

qui sont sélectionnées et ajustées par notre cerveau vis-à-vis de certains signaux présents que l'on capte à l'extérieur.

En gros on rêve en permanence, et on relie ce rêve avec certains signaux du monde extérieur pour ajuster à la fois le rêve interne et le monde externe.

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Mais cela dit, ne croyez pas qui si notre perception est connectée au monde extérieur,

on ait pour autant besoin du monde extérieur pour avoir une expérience d'une réalité.

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Certaines personnes ayant des problèmes neuropsychologiques n'ont plus une connexion parfaite entre le rêve interne et les afférences sensitives du monde extérieur ;

il y a des retours qui ne se font plus ;

et donc leur expérience interne n'est plus correctement ajustée vis-à-vis du monde extérieur.

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Ces personnes vivent dans leurs schémas et dans leurs représentations internes comme tout le monde,

sauf que les leurs ne s'ajustent plus vis-à-vis du monde externe quand c'est nécessaire.

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Mais pour autant ces personnes, elles n'ont pas du tout l'impression de délirer.

Et ça, c'est ce qui caractérise de manière générale ce qu'on appelle l'anosognosie.

L'incapacité de réaliser qu'il y a quelque chose qui cloche vraiment chez nous.

Ou plus littéralement l'incapacité de prendre conscience des limites de sa propre condition.

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Pour donner un exemple certaines personnes peuvent percevoir qu'elles bougent le bras et font des actions particulières avec.

Alors même qu'elles ont perdu l'usage de leur bras.

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Si on part du principe que percevoir c'est capter le monde extérieur,

c'est capter le présent,

c'est impossible de comprendre comment une personne qui n'est pas aveugle et qui peut réfléchir,

peut croire qu'elle bouge son bras alors que son bras ne peut pas bouger.

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À partir du moment où elle perd l'usage de son bras, elle devrait automatiquement voir et capter que son bras ne bouge pas quand elle essaie de le faire bouger.

Et c'est pour ça que beaucoup de scientifiques se cassent la tête à comprendre ce genre de troubles.

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Par contre si vous partez du principe que l'on ne perçoit pas le monde extérieur.

Mais que l'on perçoit des représentations et des scénarisations internes qui ont été construites dans le passé mais que notre cerveau projette dans le présent de manière adaptative à la situation extérieure.

Ben c'est logique que l'on puisse percevoir des fantômes du passé.

C'est à dire que c'est logique qu'une personne qui a passé toute sa vie à voir bouger son bras d'une manière particulière

juste après avoir eu l'intention de bouger son bras d'une manière particulière.

Donc une personne dont le cerveau a passé toute sa vie à construire plein de perceptions de son bras liées à des intentions.

Perçoit toujours ces constructions là dès qu'elle a l'intention de bouger son bras,

si la partie de son cerveau qui sonde le monde extérieur ne lui dit pas d'arrêter de percevoir ces représentations internes parce qu'elles sont en décalage avec les signaux externes.

C'est à dire qu'à partir du moment où la partie du cerveau qui traite les signaux externes du présent

n'informe plus la partie qui gère les représentations.

Eh bien ces représentations ne sont plus mises à jour quand il y a un changement ;

et donc on perçoit toujours ces représentations telles qu'elles étaient lors de la dernière mise à jour ;

comme si de rien n'était ;

comme si c'était un rêve.

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La vérité c'est que l'anosognosie, l'incapacité de réaliser que quelque chose cloche vraiment dans notre sens du réel,

ce n'est pas un trouble si fou que ça quand on prend du recul.

Ça paraît fou parce que pour ce genre de choses, c'est différent du fonctionnement normal.

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Mais pour beaucoup d'autres choses, c'est très très proche du fonctionnement normal.

En fait le fait que notre conscience puisse être incapable de réaliser un trouble hyper flagrant,

et malgré tout continuer d'exister comme si de rien n'était,

ça nous en indique beaucoup sur comment notre conscience est faite pour fonctionner de manière générale.

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Certes un cerveau normal est équipé d'un système de retour objectif, d'un système de "feedback" pour se rendre compte qu'un bras ne fonctionne pas bien quand il ne fonctionne pas bien.

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Mais vous croyez qu'un cerveau normal est équipé d'un système de feedback objectif pour se rendre compte que lui-même ne fonctionne pas bien quand il ne fonctionne pas bien ?

Vous croyez que le cerveau normal il est équipé pour se rendre compte, pour réaliser quand il vit dans des représentations et des scénarisations complètement subjectives, limitantes et délirantes ?

Non.

Tout ce que l'on perçoit est coloré d'un sentiment,

le sentiment que c'est réel.

...

Par exemple, si tu ne médites pas régulièrement,

quand tu vas te retrouver dans un sale phase psychologique,

que ton esprit va dramatiser ta situation, que tu auras des pulsions de comportements toxiques, etc,

ça va être pratiquement impossible de prendre du recul sur le moment,

et de réaliser qu'il y a un problème avec cette réalité et qu'il ne faut pas se laisser avoir.

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Et même dans notre état normal,

on a des angles morts énormes dans notre rêve de la réalité.

Dont certains qui sont fait exprès.

Parce que l'on interprète et transforme les informations que l'on reçoit du monde pour que ça colle avec notre paradigme existentiel.

Ce qui est tout sauf du feedback objectif.

En fait, à l'inverse, notre sens du réel a une certaine forme de robustesse face aux données incohérentes.

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Bref, ce qui est vraiment fou ce n'est pas l'anosognosie, à savoir l'expérience humaine anormale de la réalité.

Non.

Ce qui vraiment est fou c'est qu'on n'arrive pas à voir à quel point toute l'expérience humaine normale de la réalité est complètement folle.

Parce qu'on y est tellement habitué et qu'on a rien pour la contraster.

Et parce que toutes nos perceptions sont colorées de ce sentiment d'être réelles.


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D'une certaine manière, on est tous anosogniques.

On vit tous dans notre tête.

On est immergé dans un rêve dont on est incapable de se réveiller.

On est tous inconscients de la robustesse de notre sens du réel face aux données incohérentes.

On est tous inconscients des angles morts et de la profonde subjectivité de notre condition.

On est tous inconscients de la machinerie qui nous anime et qui donne naissance à cette expérience subjective que l'on est.


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Mais vu qu'on est tous globalement au même niveau,

on est incapable de vraiment réaliser tout ça.

De réaliser à quel point notre conscience humaine se déplace dans une bulle perceptive très particulière.

On n'a rien pour le contraster.

...

Et le seul moyen de détecter un anosognosique, c'est d'être plus conscient que lui.

Et donc si la conscience humaine normale, c'est une forme d'anosognosie, une forme d'incapacité de réaliser plein de choses sur notre propre condition,

alors il n'y a rien ni personne pour nous faire remarquer le délire dans lequel on peut être.

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La clé pour ne pas se faire piéger dans une mauvaise réalité,

c'est donc de rester hyper-conscient de notre incapacité de nous en rendre compte.

...

Sur ce, je vous invite à vous abonner si ce n'est pas déjà fait,

à laisser un pouce bleu si vous avez apprécié cet épisode,

ça m'aide pour le référencement.

Quoi qu'il en soit je vous remercie de m'avoir écouté jusqu'au bout et je vous dis à très bientôt pour une nouvelle vidéo,

Ciao


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