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Identité

L'identité est le construit de l'unité que l'on pense être, construit qui se façonne et se refaçonne au cours de notre existence.

Beaucoup de traits que l'on attribue à notre "personnalité" (introverti, extraverti, etc) sont en fait des traits de l'identité qu'on s'est façonné.

C'est à dire que l'on est pas condamné à rester avec ces traits là toute notre vie, si tant est qu'on lâche prise dessus et que l'on se comporte différemment.

Les traits de notre identité sont indissociables des activités que l'on pratique.

Une identité stable n'est ainsi ni plus ni moins que le reflet d'un mode de vie et d'habitudes stables.

Artistote disait "Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L'excellence n'est donc pas une action mais une habitude."

Je pense qu'il en est de même pour bien d'autres choses que l'excellence. Nous sommes littéralement un paquet d'habitudes qui sont si renforcées qu'elles sont pratiquement toujours actives et semblent ainsi faire partie d'une essence profonde à laquelle on ne peut rien faire. Alors que ce n'est pas vraiment le cas.

Il y a des tas de choses qui semblent faire partie de nous mais qui sont en fait des habitudes. Par exemple, une personne de "nature nerveuse" peut se forcer à ralentir et méditer, même si elle ne le fera pas spontanément, sans raison ni intention valable. Cela dit, si elle entre dans une démarche active, cette personne de "nature nerveuse"  commençera à devenir de "nature calme" si elle passe beaucoup de temps à méditer et change de mode de vie. Ce sera difficile certes, mais ce qui est marrant c'est que cela finira par devenir difficile pour elle ensuite de ne pas être calme. C'est à dire que si tu as des milliers de répétitions d'"être nerveux" au compteur, ce n'est pas en quelques répétitions d'"être calme" que ton identité va structurellement changer. Mais une fois accumulé des milliers de répétitions d'"être calme", ce n'est pas en quelques répétitions d'"être nerveux" que tu redeviendras structurellement nerveux. On ne peut pas annuler un changement comme ça. Pour changer, on ne peut pas éviter le chemin de (re)structuration. Ce qui est une bonne nouvelle si l'on ajuste consciemment notre structure, car notre bon déroulement sera délégué à nos habitudes (d'abord on forme les habitudes, ensuite elles nous forment).

Selon moi une personnalité, c'est grosso-modo un masque qui laisse apparaître certains traits que l'on a en nous, et qui cache tous les autres. En ce sens, faire évoluer sa personnalité revient davantage à retirer des morceaux du masque qui bloquent l'expression de certains traits plutôt qu'à rajouter des traits qui n'étaient pas là d'avance. Notre organisme est capable de générer tous les traits de personnalité humains possibles. C'est juste que l'on s'attache à certains traits et qu'on ne se permet pas de développer/pratiquer certains traits et/ou que l'on a n'a pas eu les bonnes circonstances pour les développer.

Selon cette vision, on est extraverti non pas par "essence", mais parce que durant notre vie, on a beaucoup pratiqué l'extraversion plutôt que l'introversion. N'importe quel introverti est capable à un moment de sa vie d'exprimer de l'extraversion quand il se sent très à l'aise.

En fait, durant le début de notre vie, les circonstances peuvent influencer très légèrement le développement et le non-développement de certains traits de personnalité. Et par effet domino, ces traits vont se renforcer progressivement. Ce qui fait qu'à un âge plus avancé, on sera bloqué à l'idée d'exprimer une autre configuration de traits de personnalité (par exemple, on s'empêchera d'être extraverti, on s'empêchera d'être trop positif car ça sortirait de notre personnage froid et sérieux). On se dira que ce n'est pas "nous", qu'on n'est pas comme ça.

Cela dit, en général, quand on avance dans la vie, on perd petit à petit les pétales de notre identité de jeunesse. Parfois alors que la mue est quasiment complète et que l'on est pratiquement devenu une autre personne, il subsiste quelques pétales d'antan, qui nous rappellent d'où on vient.